Beaucoup soutiennent qu’il faut rééquilibrer l’espace public en faveur des mobilités actives. Les échéances climatiques l’imposent. Mais, comme il n’existe pas de recette magique, tout dépend des lieux. Les lieux, en l’occurrence, sont les chaussées, les trottoirs, les pistes en tous genres. On s’est demandé comment le Code de la route les définit. Citations.
Aménagements partagés
Ledit Code étant particulièrement copieux, on se concentre ici sur des notions souvent évoquées, mais dont la définition peut échapper : zones de rencontre, trottoir partagé, voie verte ou d’aire piétonne. Citons quelques extraits de l’article R110-2.
- Aire piétonne : section ou ensemble de sections de voies en agglomération, hors routes à grande circulation, constituant une zone affectée à la circulation des piétons de façon temporaire ou permanente. Dans cette zone, sous réserve des dispositions des articles R. 412-43-1 et R. 431-9, seuls les véhicules nécessaires à la desserte interne de la zone sont autorisés à circuler à l’allure du pas et les piétons sont prioritaires sur ceux-ci. Les entrées et sorties de cette zone sont annoncées par une signalisation.
- Bande cyclable : voie exclusivement réservée aux cycles à deux ou trois roues, aux cyclomobiles légers et aux engins de déplacement personnel motorisés sur une chaussée à plusieurs voies.
- Chaussée : partie (s) de la route normalement utilisée (s) pour la circulation des véhicules.
- Piste cyclable : chaussée exclusivement réservée aux cycles à deux ou trois roues, aux cyclomobiles légers et aux engins de déplacement personnel motorisés.
- Voie de circulation : subdivision de la chaussée ayant une largeur suffisante pour permettre la circulation d’une file de véhicules.
- Voie verte : route exclusivement réservée à la circulation des véhicules non motorisés à l’exception des engins de déplacement personnel motorisés, des cyclomobiles légers, des piétons et des cavaliers. Par dérogation, les véhicules motorisés mentionnés à l’article R. 411-3-2 peuvent également être autorisés à y circuler dans les conditions prévues au même article.
- Zone de rencontre : section ou ensemble de sections de voies en agglomération constituant une zone affectée à la circulation de tous les usagers. Dans cette zone, les piétons sont autorisés à circuler sur la chaussée sans y stationner et bénéficient de la priorité sur les véhicules. La vitesse des véhicules y est limitée à 20 km/ h. Toutes les chaussées sont à double sens pour les cyclistes, les conducteurs de cyclomobiles légers et les conducteurs d’engins de déplacement personnel motorisés, sauf dispositions différentes prises par l’autorité investie du pouvoir de police…
- Zone 30 : section ou ensemble de sections de voies constituant une zone affectée à la circulation de tous les usagers. Dans cette zone, la vitesse des véhicules est limitée à 30km/h. Toutes les chaussées sont à double sens pour les cyclistes, les conducteurs de cyclomobiles légers et les conducteurs d’engins de déplacement personnel motorisés, sauf dispositions différentes prises par l’autorité investie du pouvoir de police…
Cohabitation entre cyclistes et piétons
Les problèmes de cohabitation entre les cyclistes et les piétons proviennent le plus souvent de la contiguïté. Car les modifications soudaines de trajectoire deviennent une raison de friction. Les piétons ne s’attendent pas à être frôlés. Pour eux, les zigzags soudains peuvent être dus à des poubelles, la signalisation, les terrasses, le stationnement des vélos, les arbres, les flaques… Pour les vélos, les changements brusques peuvent être dus aux angles droits et aux ressauts et anomalies de la chaussée. C’est pourquoi la séparation entre les trottoirs et les pistes cyclables est indispensable. Il existe plusieurs méthodes : les bandes techniques, la végétalisation, le mobilier urbain, les bordures chanfreinées.
Un autre problème de cohabitation est lié aux intersections qui sont souvent peu claires. Mieux matérialiser les traversées piétonnes sur les pistes cyclables serait un progrès.
D’autre part, des rues à sens unique pour les voitures permettent aux vélos de rouler à double-sens. Quand il traverse, le piéton ne s’attend pas à voir un vélo surgir en sens contraire des voitures, d’autant que les feux rouges sont peu respectés par les vélos.
Les voies cyclables sont indiquées par deux signalisations qui ne sont pas toujours comprises : le panneau carré pour une piste non obligatoire ; le panneau rond pour une piste obligatoire.
Pour mieux isoler les flux, on peut jouer sur les niveaux des pistes cyclables. Elles peuvent être au niveau de la chaussée, à un niveau intermédiaire entre le trottoir et la chaussée ou alors au niveau du trottoir (ce qui est controversé). Plus les niveaux de déplacement des cyclistes et des piétons se rapprochent, plus augmente le potentiel de conflits. Et sur les trottoirs, l’espace occupé par les vélos est pris sur les piétons.
La largeur des pistes cyclables est un paramètre important. Selon le CEREMA[1], la largeur standard pour les vélos est de 1m40 hors tout obstacle, attendu que s’il y a des arrêts de bus ou des sorties d’école, cela change la donne. Aux arrêts de bus, la surélévation des pistes cyclables peut rendre plus lisible l’intersection avec les passages piétons.
S’il y a plus de 1500 vélos par jour, le CEREMA recommande des largeurs de 2m50 pour qu’ils puissent se doubler et pour que les vélos cargos puissent passer.
En France, le trottoir n’est pas un aménagement partagé
Cela étant dit, il n’y a pas que les problèmes de largeurs. Elles peuvent être certes insuffisantes, mais la présence importante des cyclistes sur les trottoirs n’en découle pas forcément. Il y a une certaine méconnaissance du Code en la matière. C’est pourquoi on en rappelle ici l’article R 412.
I. – Lorsqu’une chaussée est bordée d’emplacements réservés aux piétons ou normalement praticables par eux, tels que trottoirs ou accotements, les piétons sont tenus de les utiliser, à l’exclusion de la chaussée. Ces dispositions ne s’appliquent pas aux aires piétonnes, ni aux zones de rencontre, ni aux voies vertes.
I bis. – Les enfants de moins de huit ans qui conduisent un cycle peuvent utiliser les trottoirs ou accotements, sauf dispositions contraires prises par l’autorité investie du pouvoir de police, à la condition de conserver l’allure du pas et de ne pas occasionner de gêne aux piétons.
II. – Sont assimilés aux piétons :
1° Les personnes qui conduisent une voiture d’enfant, de malade ou d’infirme, ou tout autre véhicule de petite dimension sans moteur ;
2° Les personnes qui conduisent à la main un engin de déplacement personnel motorisé, un cycle ou un cyclomoteur ;
3° Les infirmes qui se déplacent dans une chaise roulante mue par eux-mêmes ou circulant à l’allure du pas.
III. – La circulation de tous véhicules à deux roues conduits à la main est tolérée sur la chaussée. Dans ce cas, les conducteurs sont tenus d’observer les règles imposées aux piétons.
Retenons donc qu’un trottoir, en France, n’est pas un lieu partagé, qu’il est réservé aux piétons et que sont considérés comme piétons, les ceuces qui marchent à pied ! ou qui conduisent des voitures d’enfants ou d’infirmes, les petits sur un cycle, et en tout état de cause, tout le monde est censé aller au pas !
La rue apaisée demande encore à être partagée par des mœurs communes. Selon que les muscles (adducteurs ou jambiers) entraînent une mécanique ou seulement les pieds, la perception de la vitesse du pas n’est pas la même. Pour les cyclistes, le pas est lourdaud, il les ralentit ; pour les piétons, c’est par définition leur vitesse naturelle. Sans surévaluer le nombre de piétons victimes de chocs avec des vélos, le sentiment d’inconfort voire de menace pour les piétons existe. Les trottoirs, les traversées de chaussée, les arrêts de bus qui cachent les vélos, sont autant de lieux d’interaction qui sont encore bien mal organisés. Il est beaucoup dit dans l’article 415- 11 du Code de la route. Autant le faire savoir.
[1] « Le centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement ou Cerema est un établissement public à caractère administratif placé sous la tutelle conjointe du ministre de la transition écologique et solidaire, et du ministre de la cohésion des territoires. » Wikipedia
Le principal problème est maintenant l’inconscience des cyclistes et piétons qui engendre des imprudences. Beaucoup de cyclistes roulent en regardant non devant ou autour d’eux mais leur téléphone sur lequel ils sont souvent en train de pianoter mails et sms!
Idem aussi pour les piétons qui traversent en regardant leur téléphone et non la circulation autour d’eux.
Enfin tant pis pour ceux des piétons qui voient mal, entendent mal, etc. On se sent tout le temps en danger.