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Le Covid long enfin reconnu ?

On connaît de manière précise le nombre de décès attribués au Covid en France (près de 120 000 selon le bilan de début novembre 2021). On ne connaît pas le nombre de personnes qui ont eu (et parfois ont encore) ce qu’on appelle un Covid long, mais il se compte certainement en centaines de milliers et dépasse peut-être le million. Des personnes désemparées, et qui ont l’impression que la médecine les ignore. La réalité est que la médecine a eu besoin de temps pour comprendre et trouver des solutions.

Un peu d’histoire

Lors de la première vague, en mars/avril 2020, la priorité du corps médical était de sauver le maximum des personnes hospitalisées, ce qui demandait déjà de comprendre ce qui se passait, d’essayer des traitements et de conserver uniquement ceux qui se révélaient efficaces.

Mais assez rapidement, on a découvert que les symptômes de certains ne disparaissaient pas, ou même qu’ils semblaient reprendre. Et on a commencé à parler de Covid long.

L’hôpital Cochin, à Paris, a été un des premiers à réagir en France, avec une infectiologue, Dominique Salmon, qui a ouvert une consultation sur le sujet dès mai 2020. D’autres ont également étudié cette situation, en France, en Europe ou aux U.S.A.

D’un autre côté, des milliers de personnes constatent que leurs symptômes persistent sans trouver de réponse satisfaisante dans le système de santé. Certaines d’entre elles finissent par se constituer en association pour faire entendre leur voix et attirer l’attention des pouvoirs publics. Elles seront finalement entendues puisqu’en décembre de la même année, à la demande du ministère de la Santé, la Haute Autorité de la Santé (H.A.S.) réunit des groupes d’experts (dont Dominique Salmon) pour faire le point sur ce qu’on sait de la situation.

Le 12 février 2021, la H.A.S. publie un document intitulé « Symptômes prolongés suite à une Covid-19 de l’adulte – Diagnostic et prise en charge ». On y trouve une description détaillée de la maladie et des soins possibles.

Le mercredi 17 février, les députés adoptent, à l’unanimité, une proposition de résolution de la majorité LRM, « visant à reconnaître et prendre en charge les complications à long terme d’un Covid-19 ».

Début juin, Vidal publie sur son site un état des lieux du Covid long.

Le 7 octobre, le gouvernement publie un document suivi le 20 octobre d’une vidéo de 41 minutes, d’abord destinée aux médecins généralistes. Le 11 novembre donc trois semaines plus tard, cette vidéo avait été vue 140.000 fois, ce qui montre à quel point elle répond à un besoin.

Fin octobre, l’ARS Ile-de-France peut publier une information précise sur le parcours de soin pour les Covid long comprenant une description de sa mise en place dans la région, y compris les établissements capables de mettre en œuvre ce parcours.

On en sait beaucoup plus qu’il y a dix-huit mois, et la médecine propose des solutions. Ce qui ne signifie pas que ces solutions fonctionnent pour tous les patients ni que la maladie est parfaitement connue : il y a encore des recherches en cours pour mieux la comprendre.

Qu’est-ce que le Covid long ?

La caractéristique essentielle de ce qu’on appelle couramment Covid long est la persistance des symptômes dans le temps. La définition de ce qu’on estime être une persistance est arbitraire : on parle de Covid long quand les symptômes persistent plus de 4 semaines.

Deux autres points importants : il s’agit bien d’une suite de Covid et il ne s’agit pas d’une autre maladie !

Comme le Covid, le Covid long est polymorphe : les symptômes varient selon les malades et ils peuvent être fluctuants. La page Ameli sur le sujet en liste pas moins d’une douzaine, la fatigue étant le symptôme le plus fréquent.

Le profil des personnes touchées est assez radicalement différent de celui des décédés. Ces derniers sont généralement (très) âgés et/ou avec comorbidités, avec plus d’hommes que de femmes. Les victimes du Covid long ont généralement entre 25 et 60 ans (moyenne 45 ans), sans comorbidité (mais souvent avec un terrain atopique[1]) et femmes à 80%.

Les tests PCR ne donnent pas de résultats : le virus semble avoir disparu. Pourtant, il est possible (probable ?) qu’il soit encore présent dans l’organisme (voir plus d’informations à ce sujet dans la vidéo). Le fait est que l’on constate que plus de 50 % (la moitié !) des personnes concernées voient leurs symptômes réduits après vaccination !   

Quel parcours de soin ?

Le premier stade consiste à vérifier que les symptômes observés ne correspondent pas à une autre maladie que le Covid. On imagine bien que beaucoup de patients doivent avoir l’impression qu’on refuse de voir qu’ils ont un Covid long. Les médecins intervenant sur le sujet semblent pourtant convaincus que cette vérification est indispensable. Avec un argument solide : il s’agit de ne pas passer à côté d’une affection potentiellement beaucoup plus grave qu’un Covid long.

Les autorités responsables (ministère, H.A.S., ARS…) cherchent depuis février à outiller les médecins traitants pour qu’ils puissent définir les meilleurs parcours en fonction en particulier des symptômes cliniques de leurs patients.

La vidéo met en avant quatre gammes d’actions :

  • Traitement par médicaments : ceux-ci vont permettre de réduire les symptômes.
  • Adaptation personnelle : connaître ses limites permet de ne faire que 10 minutes d’efforts consécutifs si on n’en supporte pas 15. Avec l’espoir que l’on pourra repousser progressivement cette limite, mais avec l’idée que vouloir la repousser top vite est contre-productif.
  • Rééducation : le Dr Nicolas Barizien, chef du service de médecine physique et l’un des intervenants de la vidéo, vient de publier un livre sur le sujet :  Covid long, comment s’en sortir ?. La rééducation est adaptée à certains problèmes comme celui de l’hyperventilation ou de la perte de l’odorat. Le médecin avance que plus on attend plus c’est compliqué et que 20% des patients sortent très améliorés très vite, 60 % dans les 8 semaines (et donc 20 % sans amélioration évidente).
  • Traitement psychologique : cette action est une réponse à un problème de stress rencontré par certains patients, à la suite de décès Covid dans la famille ou aux problèmes d’hyperventilation.

Quelques chiffres pour conclure

On évalue à plus de 10 % de Covid long en population générale (prévalence 30 % à deux mois et 10 à 15 % à 6 mois). Plus de 7 millions de Français ont été testés Covid (mais on a peu testé pendant la première vague).

On compte jusqu’à 80 % de Covid long chez les patients hospitalisés (au 6/10 2021, sur la base de 420.000 sorties d’hôpital depuis le début de l’épidémie). Parmi eux, 29% de ceux qui avaient initialement une activité professionnelle n’ont pas pu reprendre leurs fonctions.

Faute de statistiques exactes, on peut simplement estimer qu’entre 1 et 3 millions de personnes ont souffert d’un Covid long et que plusieurs centaines de milliers d’entre elles en souffrent encore actuellement.


[1] Atopique : Prédisposition héréditaire à développer des manifestations d’hypersensibilité (Larousse).

  1. Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 14 novembre 2021

    L’étude citée par le Monde confirme l’importance pour les médecins de vérifier qu’on est bien face à un Covid long. C’est d’autant plus difficile que les symptômes sont très variables : j’imagine que la perte de l’odorat ou du goût est typique du Covid, et qu’a contrario un état de fatigue généralisé peut recouvrir bien d’autres choses !
    Difficulté d’autant plus grande que les manifestations de Covid long peuvent être d’une gravité très variable

  2. Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 13 novembre 2021

    Gérard Bardier écrit : « Deux autres points importants : il s’agit bien d’une suite de Covid et il ne s’agit pas d’une autre maladie. »
    Et puis voilà que Le Monde publie le 11 novembre sous la plume de Stéphane Foucart et Pascale Santi (https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/11/les-manifestations-du-covid-long-ne-sont-pas-forcement-liees-a-l-infection-par-le-sars-cov-2_6101765_3244.html) l’info suivante :
    « Une étude menée sur la plus grande cohorte épidémiologique française suggère que d’un point de vue statistique, le fait d’être convaincu d’avoir eu le Covid-19 est davantage associé à des symptômes de type « Covid long » que d’avoir effectivement contracté la maladie. »
    Une fois de plus cette maladie questionne sérieusement nos connaissances.

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