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Les convictions de Simone Pennec

Difficile de ne pas connaître Simone Pennec quand on est des Bas-Coudrais. Elle y habite depuis presque cinquante ans, elle est présidente de l’association des locataires depuis 15 ans. C’est un gros investissement en temps et surtout en énergie, mais elle en a. Elle est au courant des mille et un problèmes qui surviennent dans les 695 logements que compte la résidence, elle s’entretient régulièrement avec Hauts-de-Seine Habitat, le bailleur. Elle aime son quartier, voudrait le défendre et nous verrons de quoi. Le maire la trouve un peu rigide, dit-elle en riant.

Une tonalité un peu trop négative, lors des Parlons ensemble, suite aux multiples plaintes, complaintes et doléances tous azimuts. Animée par une conviction énergique, elle aurait voulu insuffler du positif à l’égard de toutes les installations existantes qui font du quartier un lieu loin d’être abandonné.

Les Bas-Coudrais, c’est une population d’environ 2000 personnes. L’association en rassemble un bon tiers des habitants, d’anciens locataires pour la plupart. Les nouveaux s’impliquent moins. Parmi les raisons, il y a sans doute l’activité professionnelle, ce quotidien après lequel on court et qui dans le peu de loisirs laissés, on préfère la farniente à l’action collective. Simone Pennec ajoute le turn-over. Les gens restent moins.

Le covid a été pour l’association un moment de grand vide. Les gens se sont repliés sur leur intérieur. Logique. Tout portait à s’isoler. Le nouveau défi de Simone est de faire redémarrer l’activité et de toucher les nouveaux arrivants.

Venons-en à ce qui fâche et qui fait le récurrent de l’association. Elle demande à ne pas les surestimer, mais à ne pas les cacher non plus. Le bruit d’abord. Avec des résidents sans-gêne trouvant normal de faire du tapage jusqu’à pas d’heure. Pas forcément méchants (pas tous, mais le ton monte très vite), juste indifférents au sommeil des autres. Au travail des autres. Impossible de les convaincre. Ils s’en foutent, ils ne risquent rien (du moins pour l’instant), les locataires subissent.

N’allez pas croire, insiste-t-elle, qu’il ne s’agisse que de jeunes. L’égoïsme dépasse les générations et pourrir la vie des voisins est un méchant plaisir qui ne se réduit pas aux hurlements de moteurs les soirs de rodéo. Le problème est régulièrement remonté à la direction nationale de Hauts-de-Seine Habitat. Sans succès. Les espoirs vont maintenant vers la nouvelle direction locale qui est plus à l’écoute.

Les incivilités font qu’on ne se sent pas chez soi ; ce n’est pas plus compliqué. Elles sont assez nombreuses et ne se résument pas au bruit. Des déchets sont abandonnés un peu n’importe où. Des crottes de chien ne sont pas ramassées, des halls sont dégradés. Il y a le manque d’entretien des bâtiments. Ils datent des années 50, il est normal qu’ils s’abîment ; il est moins normal qu’ils soient laissés à l’abandon. Il y a la came, mais qui suit l’actualité sait que c’est partout, en France et ailleurs. Les Blagis ne sont pas une originalité. Ça traîne le soir, ça traîne la nuit. Les dealers sont dans le parc, mais ils sont aussi à la Ménagerie.

Passons aux choses sérieuses

Et puis, LE sujet : le parc. Dire qu’il lui tient à cœur, c’est peu. Elle est par nature animée, mais là elle s’anime encore plus. Je ne suis pas sûr de tout partager. Voici ce qu’elle dit : l’ouverture de la résidence est un handicap. « Nous avons un très beau parc, dont nous, locataires, payons l’entretien, tout le monde y vient, les dégradations sont permanentes. C’est insupportable. Les gens pensent que c’est un parc public. Mais c’est faux ! ajoute-t-elle. C’est nous qui entretenons le parc ? Qui veut prendre la place ? Qui veut payer les 112.000 euros par an. Y a-t-il des candidats, prêts à tout reprendre ? Non, et c’est pourquoi l’amicale voudrait fermer la résidence. »

Comme je vois sur un plan affiché que cela englobe tout un territoire allant de la rue Léon Blum à la rue Alain Fournier dans le sens de la longueur et, dans le sens de la largeur, de l’avenue Jean Perrin à la rue des Aulnes, quelle n’est pas ma surprise.

— Simone, c’est énorme ! m’étonnai-je. Vous ne voulez pas privatiser une surface pareille !
— Pourquoi pas, de très nombreuses résidences qui sont clôturées. Privatiser les accès, ça se fait partout.
— Vous voulez construire un mur ?
— Pas un mur, des barrières. Une clôture.
— Pourquoi le bailleur ne ferme-t-il pas ?
— Il ne veut pas se séparer du parc. A vérifier. Mais je serais bien surprise qu’il le veuille. C’est un capital important. Et puis, sur le fond, je le répète, les locataires veulent le garder privé.

Mais la taille de l’espace me semble si disproportionnée, que je persiste. C’est comme si on fermait le centre-ville ! Je lui cite l’exemple du quartier du Luth, à Gennevilliers, qui a fait l’objet récemment d’un article dans Le Parisien. Parti d’un contexte sécuritaire dégradé, de gros problèmes de voisinage, le quartier est parvenu à changer la donne du tout au tout. Le bailleur, la municipalité s’y sont mis, les immeubles ont été fermés individuellement, les associations se sont mobilisées, les locataires se sont solidarisés. Il y a eu « résidentialisation » et rénovation des bâtiments ; transformation des halls d’entrée »[1]. Ils ont fermé par bâtiment, arrangé des périmètres de verdure autour.

Elle n’a pas creusé cette hypothèse, qui ne lui a jamais été proposée. Pas d’hostilité de principe ; mais elle affirme aussitôt : on ne peut pas fermer une partie de la résidence et pas une autre. C’est tout le monde ou personne.

Faire quartier

Elle prend quelque distance avec mon exemple. Les Blagis ne sont pas une zone sensible ! Trop de gens parlent trop souvent des choses qui ne vont pas et de ce qu’ils désirent. On voudra un terrain de foot, alors qu’il y en a un pas loin, un studio de musique alors qu’il y en un au centre. Il se passe des choses au centre, allons-y. On ne va pas doubler les fêtes de la Saint-Jean de la Ménagerie ! Les gens voudraient tout à côté d’eux. Mais nous sommes un quartier de Sceaux ; pourquoi chercher à faire un autre Sceaux ? Je me suis toujours sentie pleinement scéenne.

Les choses positives : Le centre commercial va être refait. L’école est excellente. Le CSCB, propose une quantité de choses, la Rotonde est animée par des gens très sympas ; une quantité d’équipements sont tout près. L’association des résidents organise des Galettes des Rois, des fêtes de rue, des fêtes de la résidence tout entière. 150 personnes.

J’évoque un sentiment d’abandon qui se diffuse et s’autoentretient. C’est vrai, reconnaît-elle, mais il faut que les gens se bougent, qu’ils n’attendent pas tout de la municipalité. Les Blagis ont été considérés autrefois comme une excroissance de Sceaux avec les gens riches en haut, les ouvriers en bas. Ce sont de vieilles idées qu’il ne sert à rien de perpétuer et surtout d’entretenir le sentiment que les Blagis ne sont pas de Sceaux. C’est un quartier de Sceaux, pleinement de Sceaux.

Bien des choses à son agenda

On sent que le débat pourrait se poursuivre des heures encore. Elle a fort à faire. Elle travaillait le jour de notre entretien à l’organisation de l’assemblée générale du 2 octobre qui rattrape celle qui n’avait pas pu se tenir en 2020. Pendant le mois qui vient, elle prépare une marche historique en hommage à la Commune des Blagis. Il y a l’assemblée générale « normale » de 2021 qui se tiendra le 29 janvier à 14h au CSCB (avec galette en vue). Elle tient permanence tous les mardis de 17h à 19h au 32 avenue Jean Perrin. Vous ne pouvez pas vous tromper, l’interphone affiche en premier le nom de l’association.

Est-ce une illusion d’optique ? Elle est infatigable.


[1] Voir un document de l’OPH de Gennevilliers

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