La municipalité organise depuis le début du mois des rencontres sur les Blagis qui reprennent le principe de « Parlons ensemble du centre-ville » qui avait été mené il y a quelques années. Des prises de parole d’habitants sont animées et consignées en s’appuyant sur le regard extérieur et professionnel d’une agence spécialisée dans les démarches participatives. Elles sont suivies par les élus qui formuleront à l’issue des débats, des synthèses et des interactions avec les habitants des propositions.
Des différences séparent pourtant les deux « Parlons ensemble ». La première est évidente. La Covid est passée par là et les grandes réunions à la mairie ont été remplacées par des zooms segmentés en groupe de 20 personnes pour que chacun ait une chance de s’exprimer. La communication n’est pas idéale, mais elle présente un avantage. Alors que dans la grande salle de la mairie, seuls quelques ténors prenaient la parole parmi les dizaines, voire les centaines de participants, le zoom permet de la distribuer. Si on ne peut guère échanger, du moins chacun passe à son tour.
Une différence plus fondamentale tient aux attendus de chacune des initiatives. Pour le centre-ville, il s’est agi rapidement de parler d’un projet précis, du réaménagement de la place du Général. Ont été exprimés des soutiens et des oppositions selon la manière de privilégier les bénéfices ou les menaces des constructions proposées.
Pour les Blagis, c’est d’une certaine manière le contraire. Pas de projet a priori, mais des projets à identifier. On a plutôt à faire à une sorte de sondage en grand où les questions fermées sont remplacées par des interventions ouvertes. Il dessine, au fil des rencontres, des manières de voir le quartier, des attentes, des déceptions, mais aussi des attachements, des relations à la ville.
Il se dit beaucoup de choses. On ne s’étonnera pas que soient évoqués les incivilités, la régression du centre commercial, l’entretien des hlm, et une école de grande qualité, des espaces verts en nombre et des solidarités entre voisins. Donc des positions parfois convergentes, parfois divergentes, ce qui n’est en rien une spécialité des Blagis. Au centre-ville, c’était pareil.
On ne va pas détailler ce qui se dit, les comptes-rendus, les synthèses le rapporteront fort bien au terme des débats. Relevons qu’on est frappé par la grande variété des personnes interrogées, impliquées, présentes. Les Blagis, comme tous les quartiers, ne sont pas uniformes ; il y a des pavillons, des maisons, des immeubles, une diversité de conditions sociales, d’âges, d’habitudes de consommation, de besoins culturels. La réussite de cette initiative est de montrer le kaléidoscope de sentiments et de ressentiments. Il faudra être attentifs à ses résultats. Très attentifs. Car revient souvent le pressentiment que le quartier peut basculer, « aller dans la mauvaise direction ». Si rien n’est joué, son avenir semble à beaucoup incertain.
Une autre réussite de l’initiative est de présenter des individualités qui ont envie de faire quelque chose, qui ont envie de faire vivre le quartier. Il y a de l’énergie, des idées, des critiques positives, des préconisations. Il appartiendra à la municipalité de les saisir, les démêler, les prioriser, leur donner forme. Et nous verrons ce qu’elle en fera. Mais il appartiendra aussi aux habitants, plusieurs d’entre eux l’ont souligné, de donner leur propre suite, d’apporter leur propre dynamisme, de créer le collectif sans lequel rien n’est possible. L’esprit de quartier ne se décrète pas. Mais on sent que des forces existent et voudraient le susciter.
A suivre. Il reste encore des sessions. Passionnant.
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