Jean-Marc Jancovici dans un cours à l‘Ecole des Mines en 2019 présente la perspective 100% d’énergie en renouvelable avec le sens de l’ironie qu’on lui connaît. Il commence par une explication sur l’énergie qu’il définit comme « une grandeur qui caractérise le changement d’état d’un système ». En la rapportant à une mesure physique, il renvoie au jugement des vérités scientifiques qu’il estime plus fiables que les considérations sur les raisons cachées et les sinistres complots de forces obscures. On le suit sans hésiter.
Si donc l’énergie traduit des changements, son histoire est en quelque sorte celle des conversions qu’on peut en faire. Des convertisseurs, il y en a pas mal. Le premier d’entre eux, vu de notre fenêtre humaine, c’est nous. Le nous préhistorique qui transforme les rayons du soleil, les plantes et les bêtes qu’il mange en force de travail ou simplement en force de survie. Animal parmi d’autres, le renouvelable est dans sa nature.
Ensuite, il domestique et s’entoure de bœufs ou de bourrins qui tirent l’araire, de chevaux qui le transportent. Il va plus loin, réduit en esclavage, impose des hiérarchies qui font que certains triment bien plus que d’autres, mais il reste dans le renouvelable complet. De CO2, il n’en est que du bois ou des pets de vache ; ça reste très responsable. Et puis le bois comme les vaches, ce sont des renouvelables. Je m’éloigne passablement de la lettre de Jancovici, mais pas de son esprit.
Le vent et l’eau font tourner des moulins, deux tiers de la population travaillent aux champs (là, je crois qu’il lésine, je mettrais bien les neuf dixièmes), l’espérance de vie est entre 30 et 40 ans, dixit, le monde compte un petit milliard d’humains[1].
Mais depuis deux siècles, continue-t-il, nous vivons dans un univers de machines ; de machines alimentées par des énergies fossiles ; la quantité croissante d’énergie vient de l’utilisation croissante des machines. S’habiller, se laver les dents, téléphoner, se soigner, manger même en mobilisent une quantité énorme. (Et que dire des vacances en bord de mer ou en montagne, des apéritifs surtout si on inclut les cacahuètes, ndlr). Mais revenons à nos moutons : réduire l’usage des machines, c’est dénigrer l’hôpital moderne, la moisson mécanique qui mit fin aux disettes, le cinématographe devenu 7e art, les satellites d’observation de la terre, les vélos, les moufles quand il fait froid… On en passe.
Résumons en deux mots une idée de Jancovici : l’énergie renouvelable c’est possible, ça a existé, il suffit de revenir de deux trois siècles en arrière.
[1] J’ai regardé pour me faire une idée. Le monde compte 7,7 milliards d’individus de nos jours et une prévision donne 9,7 en 2050.