Au rythme actuel, le nombre de morts dus à la Covid dans le monde atteindra le million vers le 28 septembre. Quelques éléments sur la pandémie.
Bonne nouvelle : on soigne mieux
Si on n’a toujours pas trouvé de médicament actif contre la Covid 19, on a progressé sur deux points :
- On sait mieux ventiler les malades hospitalisés (donc on met moins de malades en soins intensifs),
- On a réduit la mortalité en réanimation avec les corticoïdes (pour faire face à l’orage de cytokines, les corticoïdes sont toujours contre-indiqués en début de maladie).
- Au total, on voit passer des chiffres évoquant une mortalité hospitalière baissée de 30 à 50 %
Mauvaise nouvelle : le virus circule de plus en plus
Pendant deux mois après la fin du confinement, le nombre de personnes nouvellement atteintes chaque semaine n’a cessé de baisser. Cela a permis une baisse continue du nombre de personnes hospitalisées ou en soins intensifs. Le point le plus bas (en moyenne mobile sur 7 jours) est de
- 4.512 personnes hospitalisées le 29/08 (contre 31.696 le 17/04, et 5.800 le 15/09)
- 344 personnes en soins intensifs le 14/08 (contre 7.040 le 16/04 et 820 le 18/09)
Depuis la mi-juillet, le taux de reproduction (le nombre de personnes infectées par un porteur du virus est repassé au-dessus de 1 pour approcher progressivement de 1,4/1,5. Depuis un bon mois le nombre de nouveaux cas double à peu près toutes les deux semaines.
Les jeunes d’abord
L’augmentation du nombre de cas a d’abord touché les jeunes adultes, dont une partie semble avoir adopté des comportements insouciants pendant l’été.
Les seniors ont été plus prudents : ils savent que 90 % des décès touchent des plus de 65 ans. Mais, sans surprise, si le virus circule beaucoup, ils sont touchés eux aussi. Leur part dans les nouveaux cas augmente depuis le début du mois. On voit sur le graphique ci-dessous que :
- La proportion de moins de 60 ans (jusqu’au bleu pâle compris), qui était un peu supérieure à 50 % à la sortie du confinement (mi mai), se met ensuite à grossir, jusqu’à atteindre près de 90 % fin août. Or, la mortalité pour ces tranches d’ages, sans être nulle, est très faible.
- La proportion des plus de 60 ans, pour qui le virus est plus dangereux, diminue évidemment dans le même temps. Malgré l’augmentation du nombre total de cas à partir de mi juillet, cette faible proportion des personnes les plus vulnérables a fait qu’il n’y a guère eu de hausse d’hospitalisations ou de mortalité jusque fin aôut
- Depuis début septembre, le nombre de cas continue à augmenter rapidement et la proportion de plus de 60 ans augmente. Il ne faut donc pas s’étonner de voir les hôpitaux se remplir de nouveaux et la mortalité augmenter.
Inconscience ?
Régulièrement les réseaux sociaux témoignent de personnes positives à la Covid qui continuent à se promener tranquillement dehors. Une petite fille de 6 ans a ainsi été envoyée à l’école et a contaminé toute sa classe, enfants comme adultes. Un médecin de Sceaux a ainsi découvert dans sa salle d’attente une personne n’ayant pas rendez-vous mais qui venait d’apprendre le résultat positif de son test.
Deuxième vague ?
La situation d’aujourd’hui est assez différente de celle de début mars. Aujourd’hui, le nombre de cas identifiés double à peu près en deux semaines. Entre le 1er et le 15 mars, ils ont été multipliés par 41…
Par ailleurs, on teste plus. D’après une infectiologue, il fallait en mars/avril multiplier par 25 le nombre de cas positif pour avoir le nombre réel de porteur du virus et il faudrait aujourd’hui le multiplier par 3. Si on suit ce raisonnement, on est aujourd’hui à la situation que le pays connaissait le 7 ou le 8 mars, quelques jours avant la décision sur le confinement général…
Immunité collective ?
Aujourd’hui, le virus est présent partout dans le monde, sauf en Chine et dans quelques iles qui ont pu le maitriser (parce que les arrivées ne se font que dans quelques ports ou aéroports). En attente d’un remède ou d’un vaccin, le seul objectif des gouvernements semble de limiter sa circulation, en particulier pour éviter la saturation des systèmes de santé (qui conduirait à une nette augmentation du taux de mortalité chez les malades).
En 15 jours, on est passé de 9% des lits de réanimation occupés par des malades COVID à 16%.
On continue d’évoquer un taux d’au moins 60 à 70 % de personnes immunisées pour que le virus voit sa circulation baisser naturellement. On en est très loin. A la fin du confinement, le nombre de personnes ayant développé des anticorps était estimé à 5 % de la population. Depuis, environ un 1,5 % de la population a été infectée.
Pour le dire plus brutalement, il aurait fallu au moins 300 000 décès pour atteindre l’immunité collective (à condition que le système de santé ait permis de soigner correctement tous les malades).
En guise de conclusion
La meilleure manière d’éviter de contacter le virus ? Limiter le nombre de personnes avec qui on est en contact. Faire le nécessaire (gestes barrières, masque) pour que ces contacts ne soient pas une occasion de transmission.
Et bien sûr, isolement strict pour ceux qui sont porteurs (ou le sont peut-être).
Pas très rigolo, tout cela. Mais il ne semble pas qu’être hospitalisé à cause de la Covid soit une partie de plaisir.