45 élèves de terminale du lycée Marie-Curie sont partis en Pologne entre le 12 et le 16 février. Accompagnés de 4 professeurs, ils ont visité Cracovie. La journée passée à Auschwitz et Birkenau les a beaucoup marqués.
Impressions de lycéens
Alix, Léa, Martin et Nina ont été de ce voyage qui les a manifestement bouleversés. Un voyage que des enseignants de la Cité scolaire organisent tous les ans depuis 2015.
Léa : on est rentré le jeudi soir et le vendredi on est retourné au lycée. C’était bizarre. Et difficile d’en parler avec les autres élèves, ceux qui n’y étaient pas. Mais ils voyaient bien que nous n’étions pas bien.
Martin : c’est dans ma mémoire maintenant, dans mes yeux. Mais c’est difficile de raconter maintenant, de témoigner.
Nina : on m’a demandé si « c’était bien ». Je ne pourrais pas dire que c’était bien. C’est à la fois un voyage scolaire avec tout ce que cela veut dire de vie collective, mais en même temps pas la même chose. Pas des vacances en tous les cas.
Alix : le vendredi, je n’arrivais pas à revenir dans le train de vie habituel du lycée. C’était difficile, outre le fait que les autres ne comprenaient pas
Émotions
Alix : c’était un voyage intense en émotions. On nous parle de la Shoah depuis la troisième, mais c’est différent de le voir. Cela inscrit cette perception en nous. On met des images réelles sur des faits, des photos à la place des chiffres. Lui avait mon âge. Et celle-là, elle ressemble à ma mère. Celui-ci me fait penser à mon grand-père.
Léa : quand on marche dans le camp, cela fait bizarre de penser que l’on suit les pas des déportés.
Martin : les camps, c’est une ambiance très froide. Dans le ghetto de Cracovie, il y a eu des morts par balles. On le visualise difficilement, car les lieux sont de nouveau habités, mais on le comprend mieux après la visite des camps.
Nina : c’est difficile de trouver les mots pour raconter. A mes parents et mes proches, j’ai commencé par raconter les autres visites (à Cracovie). Les camps sont venus plus tard.
Un voyage préparé
En septembre, les enseignants qui organisent chaque année ce voyage à Cracovie proposent une réunion d’information à tous les élèves de terminale qui le souhaitent. 75 élèves y assistent. Il n’y a que 45 places. Des critères de choix sont donc définis. Le voyage est réservé aux élèves de trois spécialités : Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques (HGGSP, spécialité suivie par les quatre lycéens qui témoignent), Arts plastiques et Humanités, littérature et philosophie (HLP, spécialité également suivie par Nina).
Les lycéens s’engagent à assister aux séances de préparation et à la séance d’après voyage. Ils s’engagent aussi à rattraper, pendant les vacances scolaires qui suivront, le contenu des cours qu’ils ne pourront pas suivre pendant qu’ils seront à Cracovie.
Trois réunions ont lieu avant le départ. Une sur l’histoire de la Shoah, une sur sa représentation dans l’art (films, peintures, etc.) et une autour du livre de Hannah Arendt « Eichmann à Jérusalem » qui évoque « la banalité du mal ».
Beaucoup sont aussi venus écouter le témoignage d’une ancienne déportée, Evelyn Askolovitch, lors d’une réunion ouverte à tous les élèves de la Cité scolaire.
Quatre professeurs accompagnent le groupe : un en histoire, un en arts plastiques et deux en philosophie. Si c’est une première pour l’une des professeures de philosophie, les trois autres enseignants ont déjà fait le voyage plusieurs fois.
Les modalités sur place sont celles des précédents voyages : peu de risque de mauvaise surprise.
La journée à Auschwitz
La visite des camps a lieu le troisième jour du voyage. Le matin, visite du camp d’Auschwitz. Le portail avec l’inscription « Arbeit macht frei ». Les bâtiments contenant une exposition des objets ou des photos. Les affaires des déportés : valises, lunettes, vêtements… Des photos de personnes avant leur déportation. Un four crématoire reconstitué. Beaucoup d’émotions. Beaucoup de choses à voir.
Les 45 élèves ont été séparés en deux groupes. Deux professeurs accompagnent chaque groupe : l’un est disponible si un lycéen » craque ». La visite se fait en silence, chacun ayant son audioguide. Impossible de s’attarder : il y a un autre groupe devant, un autre derrière.
L’après-midi, c’est Birkenau, à trois kilomètres de là. La déambulation est plus libre. Les bâtiments sont vides. Le camp est immense, impossible d’aller au bout. Il y a les ruines des chambres à gaz et des fours crématoires détruits par les nazis début 1945 et, à plusieurs endroits, des stèles qui rappellent que là se trouvent des cendres humaines enfouies dans le sol.
Le soir tout le monde se réunit à l’hôtel pour débriefer. Chacun peut exprimer son ressenti. Un moment indispensable.
Visite de Cracovie
Le premier jour est consacré au voyage, à l’installation à l’hôtel, à la découverte du restaurant près de celui-ci. Un restaurant fréquenté tous les soirs ensuite et qui semble faire partie des bons souvenirs du voyage.
Le deuxième jour est consacré à des visites sur place : la partie ancienne de la ville, différents quartiers, le château royal et la cathédrale sur la colline du Wawel, le quartier universitaire et l’université Jagellonne qui date du XIVe siècle et où étudia Copernic.
Le quatrième jour est l’occasion de découvrir l’emplacement de l’ancien quartier juif, du ghetto. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, les juifs représentaient près du quart de la population de Cracovie. Il ne reste que quelques rares vestiges, un bout du cimetière juif et plusieurs synagogues. La visite comprend aussi celle du musée de la ville pendant la guerre, installé dans les anciennes usines Schindler.
Le dernier jour est consacré à la visite d’une mine de sel « très profonde, très grande » de Wieliczka, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, et au retour en France.
Le voyage est bien sûr aussi l’occasion d’un rapprochement entre élèves, mais aussi avec les professeurs. « On a discuté avec eux pendant le voyage. C’était rassurant de les avoir avec nous le jour de la visite des camps. »
Pourquoi ?
Comment a-t-on pu arriver à planifier et réaliser méthodiquement le massacre de toute une population, hommes, femmes et enfants? Pourquoi?
Léa : pourquoi ? C’est une question obsédante. Mais je ne comprends pas.
Martin : cela n’a aucun sens. Chaque acteur se réfugiait derrière l’obéissance à l’ordre d’un supérieur.
Nina : des gens ordinaires, mais une pauvreté de la réflexion.
Alix : les camps font partie du patrimoine mondial « négatif » de l’humanité. Faut-il un pôle négatif dans le patrimoine mondial ? C’est le sujet que je prépare pour le grand oral du bac. J’étais convaincue que oui ; je le suis encore plus après ce voyage.
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