Quelle référence ?
L’analyse des résultats pose une question immédiate : sur quelle comparaison l’appuyer ? Avec la présidentielle de 2022 ou les législatives de 2017 ? Nous avons choisi de la mener essentiellement avec le résultat du 10 avril 2022, parce que c’est le plus récent. Nous avons aussi choisi de la faire sur les pourcentages : le taux d’abstention du 12 juin est tel que raisonner en voix ne pourrait que montrer des pertes à peu près partout. Mais ce choix conduit à une première alerte : les comparaisons ont des limites, pouvant conduire à imaginer des transferts entre forces politiques quand on a simplement des taux de participation différents.
L’évolution des sondages pour la présidentielle montre que les trois premiers de ce scrutin ont bénéficié, à des volumes divers, d’un effet « vote utile » : Emmanuel Macron au détriment de Valérie Pécresse et peut être un peu d’Anne Hidalgo, Marine Le Pen au détriment d’Éric Zemmour et probablement aussi de Valérie Pécresse, Jean-Luc Mélenchon au détriment d’Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Fabien Roussel. L’une des questions du premier tour des législatives était de savoir si les électeurs concernés allaient revenir à leur étiquette préférée ou continuer le vote utile. Sur la 13e, une autre question portait sur le score obtenu par le maire de Sceaux, qui avait soutenu Valérie Pécresse en avril, mais n’avait pas cette fois le soutien de LR.
Participation
Voici l’évolution des taux de participation : l’écart se creuse entre les villes. La présence du maire de Sceaux parmi les candidats explique probablement une réduction de la participation légèrement plus faible à Sceaux qu’à Bourg-la-Reine et surtout Châtenay-Malabry.
Évolution pour les candidats ayant obtenu moins de 10 %
On trouve ci-dessous une comparaison pour les principaux candidats aux législatives, avec le candidat de leur camp à la présidentielle. Le score du candidat de NUPES a été comparé d’une part au score de Mélenchon, d’autre part au score de l’ensemble des candidats de gauche ayant participé à l’accord NUPES. Le score du candidat du PRG le 12 juin est rappelé pour mémoire. Philippe Laurent ne fait pas partie de la liste, on y reviendra plus loin.
Le candidat RN perd 2,48points par rapport au score de 8,33% de Marine le Pen. Le candidat Reconquête perd 1,72 point par rapport au score de 6,9% d’Éric Zemmour. Nicolas Dupont Aignan avait recueilli de son côté 1,34 % des suffrages, qui n’ont pas profité aux deux candidats d’extrême droite. Il est probable qu’une partie de ces pertes corresponde à une abstention plus importante que dans d’autres camps et qu’une autre partie soit allée vers d’autres candidats.
Numa Isnard recueille 4,88 % des exprimés contre 8,54 % pour Valérie Pécresse, dont une partie des voix est très probablement partie chez son concurrent UDI.
Évolution pour les deux candidats qualifiés
Maud Bregeon, avec 32,84 % des voix, perd 4,32 points par rapport au score d’Emmanuel Macron (37,16%)
Brice Gaillard, avec 27,91%, perd 8,33 points par rapport aux scores cumulés d’Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel, soit 36,24 %. On peut imaginer qu’une partie des 11,36% recueillis le 10 avril par Hidalgo, Jadot et Roussel se sont portés sur le candidat radical de gauche Julien Gautrelet qui réunit 3,92 % des exprimés.
Sur le papier, Brice Gaillard pouvait espérer talonner la candidate Ensemble, le total obtenu par les quatre candidats de gauche étant à moins de 1 point de celui de Macron, voire la dépasser si une partie des électeurs du Président de la République se reportait sur Philippe Laurent. En pratique, Maud Bregeon dépasse Brice Gaillard de 4,93 points.
Le score de Philippe Laurent
Le score de Philippe Laurent était le plus difficile à prévoir. Il bénéficiait a priori de son enracinement local et du soutien appuyé de deux autres maires de la circonscription. Il pouvait espérer recevoir les votes de tous ceux qui avaient voté utile le 10 avril (pour l’un ou l’autre des 3 candidats arrivés en tête) sans vraiment adhérer au candidat choisi, et pouvaient penser voter cette fois aussi pour un candidat susceptible de gagner ; le tout dans une circonscription qui a toujours élu un député de droite jusqu’à 2017.
L’idéal pour lui aurait de recevoir le soutien de LR, mais ce parti a présenté son propre candidat. On notera cependant que l’ absence d’un candidat LR n’aurait pas suffi à qualifier le maire de Sceaux : le cumul des voix de Philippe Laurent et Numa Isnard (10704) est inférieur au seuil de 12,5 % des inscrits (11256).
On peut noter que Philippe Laurent est le candidat dont le score varie le plus selon les villes : 16,55 % des exprimés à Antony, 17,2% à Bourg-la-Reine, 10,36% à Châtenay-Malabry et 22,77% à Sceaux (où il obtient la deuxième place à 1 voix près).
Nous proposons donc d’examiner la manière dont les autres candidats ont évolué par rapport à leurs référents de la présidentielle dans la ville de Sceaux dont Philippe Laurent est le maire d’une part, et dans la ville de Châtenay-Malabry, seule ville dont le maire ne le soutenait pas. Dans le tableau ci-dessous, les valeurs correspondent aux pertes des candidats aux législatives par rapport aux voix de leur camp en avril et sont en pourcentage des suffrages exprimés.
Les différences entre communes sont nettes pour Maud Bregeon et pour Numa Isnard alors que les scores des autres candidats ne sont pas significativement affectés : le gain local pour Philippe Laurent sur ces deux candidats correspond à environ 10 % des suffrages. Il faut aussi noter que la candidature Philippe Laurent a pu contribuer à la participation dans 3 des 4 villes de la circonscription (voir plus haut).
Que conclure au regard des questions posées au début de cet article ?
Au niveau national, les candidats LR ont fait beaucoup mieux que leur candidate à la présidentielle, qui avait été victime du vote utile. En partie parce que leurs électeurs se sont nettement moins abstenus que ceux du RN ou de la gauche. Dans la 13e circonscription, le vote utile de ce courant a manifestement bénéficié au maire de Sceaux. Mais l’effet de l’implantation locale de celui-ci n’a semble-t-il pas dépassé 10 % des exprimés dans la ville de Sceaux et n’a pas empêché la candidate « Ensemble » d’arriver largement en tête dans une circonscription qui avait donné un de ses meilleurs résultats à Emmanuel Macron.
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[…] Maurice Zytnicki dans Analyse des résultats du 12 juin dans la 13e circonscription du 92 […]
Pour le maire de Sceaux, le projet « place de Gaulle » contesté par beaucoup a joué en sa défaveur.
Les mouvements sur les bureaux non concernés par la place du général de Gaulle et l’analyse sur la globalité de la circonscription semblent indiquer que le résultat du maire obéît à une logique bien plus fondamentale que le centre-ville scéen. Le deuxième tour nous apprendra sans doute des choses. Nous comptons bien y revenir. Merci en tout cas pour votre commentaire qui porte à la réflexion.