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Géothermie avec l’Union Associative Fontenaisienne

Jeudi 13 novembre, Michel Faye et son association expliquaient salle Sainte-Barbe leur point de vue sur le projet de géothermie commun à Fontenay-aux-Roses, Sceaux et Bourg-la-Reine. Une soixantaine de Fontenaisiens étaient venus entendre pourquoi le projet était « une fausse bonne idée » selon l’intervenant.

Michel Faye

Le principal intervenant, Michel Faye, est un vieux routier de la politique. Tête de liste aux municipales en 2008, il est élu avec 10,14% des voix. En 2014, il obtient 12,19% au premier tour, puis fusionne avec la liste de Laurent Vastel au deuxième tour. Il devient adjoint à l’urbanisme de 2014 à 2017. A nouveau candidat en 2020, il est 2e de la liste menée par Suzanne Bourdet qui obtient 7,50% au premier tour et est éliminée du second. Il présente de nouveau une liste pour 2026.

Pour démontrer que le projet est une fausse bonne idée, il va utiliser plusieurs procédés.

Remplacer les caractéristiques du projet par celles du projet voisin

Un projet de géothermie utilise plusieurs sources de géothermie en plus de celles de l’eau géothermale, en général le gaz et l’électricité. A Fontenay, il est prévu 65% de géothermie, 24% de gaz et 11% d’électricité. Michel Faye a décidé (sans l’expliquer au public) de remplacer ces valeurs par celles qu’il dit observer à Bagneux sous le prétexte que, selon lui, les gélules sont semblables (ou la même, au gré des messages)[1].

Il semble ignorer qu’avec la même source, on peut choisir différents scénarios. Plus on veut alimenter de logements, plus il faut un complément important à l’énergie géothermale. Les porteurs du projet (Sipperec, Fontenay-aux-Roses, Sceaux et Bourg-la-Reine) ont choisi parmi plusieurs autres un scénario qui donne une part de 65% à l’eau géothermale. On peut le lire à la fin d’un article de la Gazette de décembre 2023.

Présenter un avis sans dire que celui-ci a obtenu une réponse

La MRAE (Mission Régionale d’Autorité Environnementale) est obligatoirement consultée pour ce type de projet. Elle a rendu son « avis délibéré sur le projet de gîte géothermique à Fontenay-aux-Roses » le 14 février 2024, il y a donc 21 mois. Michel Faye en retient quelques demandes de précisions et conclut : « Bref, une étude approfondie, répondant aux recommandations de l’Autorité environnementale (MRAE) devrait être réalisée avant tout lancement de ce chantier ».

Comme cela a été précisé par Jean-Luc Nicaise (de GéoSud92) dans son intervention en fin de réunion, GéoSud92 a répondu aux demandes de la MRAE depuis longtemps. Michel Faye peut avoir des objections à cette réponse, mais présenter l’avis de la MRAE, sans préciser sa date ni le fait qu’il y a eu une réponse depuis est de la désinformation.

Partager des « étonnements »

Sans doute pour multiplier les arguments (c’est la méthode du « mille-feuille argumentatif »), Michel Faye fait semblant de s’interroger sur certains points de l’organisation du projet[2] ou sur deux discours différents à propos du gaz naturel[3]. Dans les trois cas, il n’y a de problème que dans l’imagination fertile de Michel Faye. Lequel utilise une méthode chérie des complotistes : je n’affirme pas, je me contente de poser des questions.

Ignorer délibérément une partie du message de l’ADEME

Michel Faye présente ensuite un document très récent, puisqu’il date du 5 novembre 2025. Signé par le PDG de l’ADEME, celui-ci annonce que la subvention attendue ne pourra pas être versée fin 2025 comme demandé. C’est le seul aspect de la lettre que l’orateur va commenter. En ignorant ce qui est écrit avant[4], le fait que le CA de l’ADEME a validé l’attribution d’une aide importante. Il l’a fait en fonction du dossier présenté. Ce qui signifie qu’il a considéré que la réponse à l’avis de la MRAE était satisfaisante et que les conditions d’attribution (sur la part de géothermie par exemple) sont remplies. Dit autrement, tout ce qui a été dit par Michel Faye précédemment est réfuté par l’ADEME.

Il est important maintenant d’examiner l’autre point de la lettre de l’ADEME et ses conséquences.

Subvention et conditions contractuelles

Celle-ci précise en effet qu’une signature de la convention d’aide ne peut être apportée avant la fin 2025, au regard des tensions budgétaires sur le Fond Chaleur. Le signataire de la note, Sylvain Waserman, PDG de l’ADEME, s’engage à ce que la contractualisation de ce projet à hauteur de ce montant intervienne de manière prioritaire début 2026 si le budget du Fond Chaleur le permet. »

Que conclure ? Qu’il y a un risque, dont il est difficile d’estimer la probabilité, mais très important pour le projet, que l’aide ne soit pas accordée ou qu’elle le soit à minima. Cette aide représentant plus de 30% du coût estimé du projet, si elle n’est pas accordée, il sera difficile de poursuivre le projet. Si elle l’est à minima, une estimation de la faisabilité du projet devient indispensable, en fonction du montant accordé.

Ce report de contractualisation de la subvention explique aussi un point noté par Michel Faye : les propositions de contrat n’ont toujours pas été envoyées aux résidences. C’est aussi un risque pour le projet : si la décision de subvention tarde trop, il faudra reporter le forage. Or les plateformes de forage n’existent qu’en nombre limité en France et il y a un planning pour leur location. Passer son tour sur ce planning risque d’induire un retard important pour les travaux.

Abonnement et consommation

Selon Michel Faye, la facture des futurs utilisateurs comprendrait une part largement majoritaire d’abonnement, la part liée à la consommation étant faible. Une caractéristique à l’inverse de ce qui se fait actuellement pour le gaz (abonnement faible et consommation élevée).

Or les valeurs exactes ne seront connues qu’avec les propositions de contrat. Ce renversement de proportion entre abonnement et consommation est en effet tout à fait prévu par les porteurs du projet. Ceux-là le présentent comme un avantage : les futures factures ne risquent pas d’exploser avec les fluctuations du prix du gaz ou de l’électricité, comme elles l’ont fait récemment.

Michel Faye le voit comme un inconvénient, convaincu qu’il est que le prix du gaz va baisser.

Chacun pourra voir s’il le considère comme un avantage ou un inconvénient.

Site du Panorama

Sur ce sujet, Michel Faye a laissé la parole à un riverain qui a insisté sur le fait qu’il s’agit d’un Espace Naturel Associé et s’est interrogé sur les conséquences de la future installation sur la faune présente et sur le confort des riverains. Jean-Luc Nicaise (de GéoSud92) est alors intervenu pour expliquer le choix du site. Malheureusement, cela s’est terminé par un dialogue entre Michel Faye et Jean-Luc Nicaise incompréhensible par plus de la moitié de la salle éloignée de ces deux personnes.

Entretemps, Michel Faye avait abordé la question du bruit lors de la construction puis en fonctionnement. Pour ce qui est de la construction, on peut lire dans le document présenté Lors des forages qui ont eu lieu en 2015 sur le site de Bagneux, il a fallu loger à l’hôtel des riverains pour qu’ils puissent dormir. Cette convention ne le prévoit pas. On peut lire un peu plus loin : Aucune mention sur les nuisances sonores ni aucun élément de protection contre le bruit, ni en phase de construction, ni en phase d’exploitation

Michel Faye sait certainement que le forage de Bagneux s’est fait avec des groupes électrogènes alors que la plateforme de forage de Fontenay sera alimentée directement par le réseau électrique, une solution beaucoup moins bruyante. S’il ne connait pas les protections prévues contre le bruit (capotages et mur de paille) il peut aller voir à moins de 4 km celles actuellement en place sur le forage de Châtenay-Malabry : il y aura les mêmes protections à Fontenay.

Que retenir ?

Il y a certainement des remarques ou critiques à faire sur le projet géothermique, à confronter aux avantages espérés. Le projet aurait pu être dimensionné différemment. On peut préférer ne pas s’inscrire pour une durée longue dans un tel projet.

On ne peut donc que regretter que la présentation de Michel Faye sur le projet ait multiplié à ce point les désinformations, au point de discréditer tous ses arguments, même ceux qui sont peut-être sensés.

A lie sur la Gazette :

Géothermie demain à Fontenay, Sceaux et Bourg-la-Reine ?

Géothermie depuis Fontenay-aux-Roses : le projet avance

Nouvelle étape pour la géothermie à Fontenay, Sceaux et Bourg-la-Reine

Géothermie : 3 communes, 3 débats

Réunion d’information sur la géothermie à Fontenay-aux-Roses

Réunion géothermie à Châtenay-Malabry

Les coulisses de la géothermie sur le site de forage à Châtenay-Malabry


[1] Message de Michel Faye à la Gazette lui demandant les sources de ses données, différentes de celles affichées par les porteurs du projet de Fontenay : « Pour le réseau de chaleur de Bagneux, mitoyen de celui de Fontenay et situé légèrement plus à l’Est de celui de Fontenay, et qui utilise la même gélule d’eau du Dogger que celui projeté à Fontenay, les 35% d’énergie non renouvelable sont fournis par le gaz : page 6 du règlement de service de Bageops qui a la délégation de service public pour le réseau de Bagneux (c’est l’équivalent de GéoSud92). Pour le réseau de chaleur de Fontenay on aurait pour 24% gaz et 11% électricité d’après l’étude d’impact citée par le rapport MRAE de février 2024 page 11. Les deux réseaux de chaleur de Bagneux et de Fontenay ayant leur gélule d’eau chaude commune, en attendant mieux, nous avons donné les proportions du réseau de chaleur effectivement en activité. » En page 9 du document présenté en séance, il était en effet affirmé : « La gélule géothermique de Bagneux et celle de Fontenay, gélules mitoyennes, ont les mêmes caractéristiques. Le réseau de chaleur prévu à Fontenay a des caractéristiques similaires à celui existant de Bagneux. »

[2] ) Premier exemple : Michel Faye constate que les trois villes qui portent les projets ont participé à la création de la SPL GeoSud92. Puis que le département a créé une société SEM92 énergie sur l’ensemble du 92. Et il s’interroge « Pourquoi 2 sociétés publiques sur le même territoire pour des objectifs similaires? ». Peut-être parce que justement, ce n’est pas le même territoire et que Geosud92 n’a pas été créée pour un territoire, mais pour gérer un projet sur ce territoire…SEM92 a aussi des objectifs plus étendus (solaire). Notons par ailleurs que la question serait à poser au département puisque sa création est postérieure à celle de GéoSud92.

Deuxième exemple : Michel Faye observe, pour s’en étonner, que les représentants de SIPPEREC au sein de Géosud92 n’appartiennent à aucune des municipalités concernées par le projet. Celles-ci ayant des représentants dans Géosud92, c’est le contraire qui serait une anomalie. Un élu de Fontenay par exemple désigné par SIPPEREC représenterait-il SIPPEREC ou Fontenay ? Il est évident qu’il serait en conflit de loyauté.

[3] Dernier exemple, peut-être le plus manipulateur. Michel Faye feint de s’étonner du fait que Laurent Vastel se réjouisse d’une faible part du gaz dans le projet géothermique alors qu’Ile de France Mobilités se vante d’en utiliser dans ses bus. A une remarque venue du public, l’orateur reconnait qu’il sait très bien que l’avantage pour les bus est de remplacer un combustible (fuel) émettant des polluants (NO², particules fines…) par un gaz qui n’en produit pas. L’avantage pour le projet géothermie est de remplacer une énergie qui produit des gaz à effets de serre par une énergie qui n’en produit pas. Tout cela, Michel Faye le sait parfaitement. II s’agit de deux actions différentes dont le seul point commun est que le gaz naturel est concerné. Cela n’implique pas qu’il y ait l’incohérence que Michel Faye essaie de sous-entendre.

[4] Je tiens tout d’abord à saluer l’ambition de ce projet, qui permettra d’injecter près de 64 GWh d’énergie renouvelable (ENR) dans le futur réseau de chaleur, et d’éviter les émissions de plus de 16.000 tonnes de CO² par an. Je peux vous confirmer tout l’intérêt que l’ADEME porte à votre projet… Le conseil d’administration, réuni le 16 octobre, a validé l’attribution d’une aide pour un montant maximum de 25.598.400 €.

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