Les élections municipales de 2026 vont concerner 34.875 communes. Ce vote sera marqué par le contexte politique national et ses résultats dans les principales villes seront examinés sur ce critère. Dans quels sens se feront les basculements de majorités municipales ? Y aura-t-il un raz-de-marée RN ? Comment évolueront les scores d’EELV ? LFI aura- t-il des succès ? Il ne faut pas oublier qu’une partie notable des électeurs votent pour des raisons indifférentes aux étiquettes politiques, d’autant plus que la ville est petite.
Métropoles versus reste de la France
Les 10 villes les plus peuplées de France sont gérées par la gauche, à l’exception de Toulouse et Nice (toutes deux gérées par un divers droite, ex LR). Pour les 10 suivantes, il y a égalité, avec 5 villes gérées par la droite (Angers, Toulon, Reims, Saint-Étienne et le Havre)
Pour autant, le Sénat, qui est avant tout le reflet des communes de France (avec un avantage pour les plus petites), est majoritairement à droite : LR y dispose de 133 sièges sur 348, la droite et le centre (y compris Renaissance) un total de 230 sièges.
Cette dualité se retrouve dans toutes les élections, avec le RN faible dans les métropoles alors qu’elles sont le cœur des suffrages EELV et LFI.
Élections de 2020 et Covid
Au niveau des métropoles, les élections de 2020 ont été marquées par plusieurs changements. A Marseille, la gauche prend une mairie jusque-là tenue par la droite. A Lyon, Grégory Doucet, EELV, succède à Gérard Collomb, LREM mais élu avec l’étiquette PS. A Montpellier, le PS reprend la mairie prise en 2014 par un PS dissident devenu ensuite apparenté LREM. A Strasbourg, EELV remplace le maire sortant, élu avec l’étiquette PS mais devenu LREM. Perpignan, 32e ville de France par la population, passe au RN.
Ailleurs, c’est plutôt la stabilité qui domine. Il faut dire que le premier tour a lieu le 15 mars 2020 alors qu’un confinement a déjà été annoncé pour le 17 mars, pour cause de Covid. Le second tour est reporté au 28 juin. Il est marqué par une forte abstention, supérieure de 20 points à celle du second tour de 2014.Cette situation est généralement considérée comme ayant été favorable aux sortants.
Depuis toujours, cette stabilité est suffisamment générale pour qu’il faille beaucoup de temps à un nouveau parti pour s’implanter. Les succès d’EELV en 2020 sont les premiers importants (Montreuil excepté) pour un courant qui avait pourtant réuni 10,59% des exprimés aux européennes de 1989 !
A ce jour, le RN (120 députés) et LFI (72 députés) sont encore peu représentés dans les municipalités. Et demain ?
Un raz de marée pour le RN ?
Aux européennes de 2024, la liste menée par J. Bardella pour le RN a obtenu 31,37% des suffrages exprimés, soit 8% de plus que les 23,34% obtenus en 2019. Ce score a été confirmé lors des législatives qui ont suivi (29,26% au premier tour et 32,05% au second) avec un gain de plus de 10% au premier tour par rapport à 2022.
Dans les grandes métropoles, le RN est très loin de son score national. Le quotidien Maire Info a publié le graphique suivant :

Le faible score moyen obtenu dans les villes de plus de 100.000 habitants (20%) n’exclut pas quelques scores élevés : 30,14% à Marseille, 32,28% à Nice. Mais c’est dans des villes plus petites, que le RN peut espérer de nombreux gains. D’autant plus qu’avec 120 députés, il dispose maintenant de moyens financiers et humains très largement supérieurs à ceux qu’il avait en 2020, avec seulement 8 députés élus en 2017. Et qu’il peut espérer rallier les suffrages de ceux qui ont voté Marion Maréchal (5,47%) ou François Asselineau (1,02%).
Citons quelques villes moyennes où le score RN a été très élevé aux européennes de 2024 : Liévin (54,61%), Fos-sur-Mer (53,81 %), Calais (50,73%), Denain (50,10%), Adge (49,31%), Lens (47,14%), Menton (45,13%), Vitrolles (43,84%) …On retrouve les points forts du RN, visibles sur la carte en tête d’article.
Il y a en France environ 1090 communes de 9000 habitants et plus. En 2020, le RN avait déposé 302 listes dans ces villes(voir carte). Il y en aura certainement plus en 2026.
Stratégie solo pour LFI
Cette année, LFI menace de se présenter seul dans beaucoup de villes, pour gagner des sièges aux dépens du reste de la gauche. Il y aura une liste LFI à Paris, à Marseille, à Lyon, à Toulouse, à Nice, à Nantes, à Montpellier, à Strasbourg, à Bordeaux et à Lille, soit dans chacune des 10 villes les plus peuplées de France, dont 8 sont gérées par la gauche. Il s’agit bien d’une stratégie nationale, qui prend délibérément le risque de faire gagner la droite dans certaines villes.
Hauts de Seine
Dans le 92, des alliances droite/centre se sont nouées aux sénatoriales et surtout aux législatives. Elles vont se renouveler aux municipales avec des conséquences à Antony et Sceaux, deux villes dans lesquelles LREM avait présenté une liste autonome en 2020.
Quel impact de l’étiquette politique ?
Les remarques précédentes s’appuient sur les résultats d’élections particulièrement partisanes : aux européennes, chaque parti présente sa liste généralement dirigée par une personne relativement peu connue.
Aux municipales, le sortant bénéficie d’un avantage évident (les magazines municipaux l’ont montré abondamment pendant 6 ans). Mais la personnalité des têtes de liste compte également beaucoup. Ainsi, à Lyon un sondage donne 47% des suffrages à la liste de la droite et du centre dirigée par J-M. Aulas, balayant le maire sortant (24%). Certes il ne s’agit que d’un sondage à 5 mois du scrutin, avec un nombre de sondés limité. Mais on voit le poids de celui qui fut président du club de foot de la ville pendant 36 ans !
Autre exemple un peu différent, l’élection municipale de Villeneuve-Saint-Georges début 2025. Au premier tour, la liste menée par Louis Boyard, député de la ville rassemble 24,89% des exprimés. Au second tour, après désistement de l’autre liste de gauche, la liste LR l’emporte, la liste Louis Boyard ne recueillant que 38,75% des voix. Ces pourcentages sont à comparer à ceux obtenus dans la ville par le député en 2024 aux législatives, avec l’étiquette NUPES : 55,90% au premier tour et 61,16% au second. La différence entre les deux scrutins est considérable.
Pour conclure, il faut rappeler cette définition classique des mots croisés pour le mot urne : en 4 lettres, boîte à surprise.
A lire sur la Gazette : Règles pour les élections municipales de 2026

