Comme cela a été signalé ici-même, le JDD a publié un classement des villes où il fait bon vivre, dans lequel la ville de Sceaux fait partie des 500 villes où il fait bon vivre, mais à une relativement médiocre 28e place dans les Hauts de Seine.
On attend des commentaires du maire sur un classement qui ne peut lui être indifférent : il y a 19 ans, en février 2002, alors qu’il était maire depuis moins d’un an, il avait consacré son éditorial dans Sceaux Magazine à un classement du même type, publié par l’Express. Réalisé exclusivement dans les Hauts de Seine, il plaçait Sceaux en tête dans le département. Sceaux Magazine y avait consacré plus d’une page, en plus de l’éditorial.
Présentant le classement de tête, Sceaux, Bourg la Reine et Sèvres, le journaliste prenait soin de préciser « Aucune ville n’est première partout. Aucune ne monopolise les bonnets d’âne. Plus que le classement général, c’est sa composition qui est instructive. Sceaux l’emporte : c’est, entre autres, grâce à la qualité de son environnement, de ses commerces, de ses logements, de son offre de soins, et à sa sécurité. Mais la ville compte néanmoins de réelles faiblesses. On n’y trouve aucune grande surface non alimentaire, la taxe sur les ordures ménagères y est élevée, les effectifs de ses classes primaires y sont plus importants qu’ailleurs. »
Forts de ces explications, revenons au classement publié par le JDD et sa méthodologie.
Tout est dans la méthodologie
Le classement a été réalisé par « l’association Villes et villages où il fait bon vivre », créée en 2017 et présidée par un communiquant. D’après Wikipédia, ce dernier est un ancien élève du lycée Lakanal, mais il s’agit de celui de Colombes ! Le site de l’association affiche la méthodologie adoptée qu’il qualifie d’« innovante et reconnue ». Celle-ci repose sur deux éléments : des catégories et une série de critères pour chacune de celles-ci.
Les catégories sont au nombre de 8 : qualité de vie, sécurité, transports, commerce et services, santé, éducation, sports et loisirs, santé. Le site les présente comme « définies par le biais de sondage Opinion Way ». En réalité, si on en croit la présentation du sondage lui-même, celui n’a servi qu’à définir la pondération entre catégories, celles-ci ayant été choisies au préalable.
D’après la note méthodologique, les critères résultent de valeurs officielles, fournies par l’Insee ou des organismes officiels équivalent. Les 31 critères utilisés pour la sécurité sont départementaux. La note met en avant que ce choix permet de ne pas utiliser de critères déclaratifs. Mais il oblige à utiliser les indicateurs existants, à chercher uniquement sous le lampadaire parce que c’est éclairé.
Prenons un exemple. L’existence d’un lycée est un des critères pour la sous-catégorie « second degré » pour la catégorie éducation. La qualité du dit lycée n’entre absolument pas en ligne de compte.
De manière générale, l’évaluation repose beaucoup sur l’existence d’équipements divers, du bureau de poste à la maternité, en passant par la boulangerie, la maison de retraite, le bowling et la station essence. On ne sera pas surpris dans ces conditions de ne guère trouver de villages ou de petites villes dans les premiers. Le classement est aussi prévu selon la taille des villes pour contourner cette difficulté.
Dit autrement, le bien vivre est pensé en termes purement quantitatifs, « en avoir ou pas ». Ou, comme dit le proverbe, l’argent ne fait pas le bonheur (même s’il y contribue !).
Observatoire du bien-être
Le CEPREMAP, association présidée par l’économiste Daniel Cohen, a mis en place un Observatoire du bien-être, qui publie une note tous les trois mois. L’Observatoire analyse des données sur l’ensemble de la France et non ville par ville. On peut lire dans la dernier note les critères choisis pour son tableau de bord : grandes dimensions (satisfaction de vie, bonheur, santé, niveau de vie…), perception de l’avenir (vie personnelle future, prochaine génération), proches et environnement, travail et temps de vie.
Si les catégories choisies par cette observatoire renvoient certainement plus à la satisfaction dans la vie (le bonheur?) que celles choisies pour le classement des villes, on comprend qu’il est beaucoup plus difficile de les mesurer : l’Observatoire passe par du déclaratif recueilli par sondage et ne peut évidemment pas le faire au niveau de chaque commune !
L’avantage du système adopté par le CEPREMAP, est qu’il permet les comparaisons internationales. D’où le tableau ci-dessous :
On observera qu’une fois de plus les pays scandinaves se classent en tête.
Opinion personnelle
Scéen depuis quelques années seulement, je me félicite tous les jours d’être venu habiter ici. Pour des raisons qui ont certainement plus à voir avec ce qui est classé par le CEPREMAP que par ce qui est observé par le classement des villes où il fait bon vivre. Et si des habitants d’autres villes sont également heureux d’y vivre, tant mieux : mon bonheur n’a pas besoin d’une comparaison avec celui de mes voisins !
Merci à la Gazette pour cette analyse intéressante et surtout les liens qui permettent d’affiner la compréhension de ces choses. Mais quel boulot !
Plus que le classement c’est peut-être sur l’évolution des ressentit qu’il faut s’attarder.
Les graphiques publiés par le CEPREMAP me laissent songeur. Mon opinion personnelle serait-elle si loin de celle de mes semblables ?