Un virus peut en cacher un autre. Depuis le début de l’année, la bronchiolite se propage de plus en plus. Elle a depuis un mois dépassé les niveaux observés les années précédentes à la même époque.
La bronchiolite est une maladie virale des voies respiratoires supérieures et inférieures qui touche principalement les enfants avant l’âge de 2 ans. Jusqu’en 2020, chaque hiver, près de 30% des enfants de moins de 2 ans sont affectés, soit environ 480 000 cas par an. De 2 à 3% des nourrissons de moins de 1 an seraient hospitalisés pour une bronchiolite plus sévère chaque année. Les décès imputables à la bronchiolite aiguë sont extrêmement rares.
Les maladies hivernales
Santé Publique France (SPF) range dans la catégorie des maladies hivernales, outre la bronchiolite, la grippe et les gastro-entérites.
Depuis qu’on ne se serre plus les mains, qu’on les lave plus fréquemment, qu’on ne s’embrasse plus, qu’on porte des masques, ces maladies hivernales ont vu leur fréquence chuter. Le site de SPF n’évoque cette année que très parcimonieusement le cas des gastro-entérites. Un bulletin hebdomadaire du 5 mars pour la région Bourgogne Franche-Comté, donnait le graphique ci-contre qui montre une incidence nettement plus faible que les années précédentes à la même époque.
Le cas de la grippe est beaucoup plus frappant. Cette maladie est particulièrement surveillée, car elle est la cause de milliers de morts tous les ans. Or, à ce jour, elle semble avoir quasiment disparu du paysage. On compte seulement 24 cas signalés par les services hospitaliers pour tout l’hiver, soit environ 1000 fois moins que les années précédentes !
L’un des résultats de ce recul de la grippe, c’est que la surmortalité totale constatée en France entre le 1er janvier 2021 et le 15 mars 2021 est nettement inférieure au nombre de décès Covid : ceux-ci dépassent les 25 000, alors que la surmortalité totale n’atteint pas 15 000 par rapport à 2020 et 8 000 par rapport à 2019. La différence provient essentiellement de la quasi-disparition des décès liés à la grippe.
Le cas de la bronchiolite
Lors des derniers mois de l’année 2020, la bronchiolite semblait un intermédiaire entre les gastros et la grippe : après un démarrage semblable à celui des années précédentes, l’incidence s’est mise à baisser pour se situer à un niveau au moins dix fois plus faible qu’à l’ordinaire en décembre. Puis en janvier, quand d’habitude l’incidence se met à baisser (la plupart des nourrissons étant alors immunisés), celle-ci s’est mise en croître petit à petit. La courbe, croissante, a fini par croiser en février les courbes des années précédentes.
On se retrouve en avril avec une circulation infectieuse qui est devenue assez importante alors que de nombreux nourrissons n’ont toujours pas rencontré le virus et sont donc susceptibles d’être infectés. Impossible à ce jour, au seul vu des courbes, de savoir si l’épidémie s’arrêtera avec la venue des beaux jours ou si, comme d’habitude, elle infectera environ 60 % des nourrissons…
Que peuvent faire les proches ? Le plus important, conserver ce qui a fait reculer les maladies hivernales cette année : les gestes barrières !
Sur Twitter, un interne en urgences pédiatriques avertit : Recrudescence des cas de bronchiolite aux urgences pédiatriques. Relâchement des gestes barrières ? Les patients avouent se réunir entre amis et en famille malgré les mesures de confinement et de couvre-feu : « La police ne contrôle personne on peut aller et venir sans problème »