Le Collectif citoyen Sceaux en commun a rassemblé une vingtaine de Scéens qui ont passé la soirée du jeudi 19 octobre à l’Ancienne mairie pour débattre de la politique municipale à mi-mandat. Autour de 4 tables thématiques – Urbanisme, Transition, Politiques publiques, Démocratie locale – ces échanges ont été une nouvelle étape d’une démarche initiée par cette association scéenne pour penser en commun l’avenir de Sceaux, et encourager la participation des Scéennes et Scéens à la vie publique et associative locale.
LGdS accueille le compte-rendu de cette soirée avec les principales réflexions que les différents thèmes ont suscitées. Voici les synthèses faites par les animateurs des tables thématiques, Sylvie Patte, Barbara Wülfken, Bernard Deljarrie et Liliane Wietzerbin.
La rénovation du centre-ville peut-elle se faire sans densifier l’habitat ?
Autour de nous, les villes se développent et répondent aux besoins de logements des franciliens. La population de l’Ile-de-France s’est accrue de 30% depuis 1968 alors que celle de Sceaux a stagné. Sceaux ne peut plus jouer seule une partition égoïste, au risque de s’affaiblir ; il est normal qu’elle participe à l’effort collectif. Par ailleurs, d’un point de vue écologique, la densification évite l’étalement urbain, permet des économies d’échelles budgétaires et énergétiques. Mais l’urbanisation doit être réfléchie et maîtrisée. La subite multiplication des projets immobiliers à Sceaux laisse à penser que la ville est engagée dans un rattrapage non contrôlé. Une évolution rapide, sans concertation, sans projet, ni stratégie. La ville doit réfléchir aux solutions permettant de mieux contrôler le devenir du foncier à bâtir.
Le projet de la place Charles de Gaulle est d’un autre ordre. En plein centre-ville, il était urgent de requalifier cet espace, traversé par une circulation très dense, fait de parkings, d’habitations vétustes et de bâtiments publics sans affectation. Le projet retenu est de nature à dynamiser le centre-ville et les commerces par le prolongement de la rue Houdan et la création d’un nouveau quartier. Il offre aussi des logements sociaux indispensables à Sceaux. Cependant, la conception date de plusieurs années, l’architecture est banale, sans prise en compte des impératifs environnementaux. Fallait-il aussi prévoir deux niveaux de parking dont le coût prohibitif a conduit à une densification de l’opération et à un empiètement important sur la voie publique, au ras des trottoirs, sans espace vert, sans la possibilité de pistes cyclables… Ce projet nous apparaît ainsi imparfait et les propositions d’amélioration doivent être entendues. Mais au global, les Scéens ont plus à gagner à une rénovation rapide du centre-ville qu’à l’abandon ou au blocage d’un projet, qui serait synonyme d’immobilisme durant de nombreuses années.
Comment baisser les impôts locaux sans diminuer la qualité des services publics et dans quels domaines des économies budgétaires seraient-elles envisageables ?
Nous ne sommes pas certains qu’appeler à la baisse des impôts soit une politique municipale appropriée. Les recettes de la ville, qui stagneront forcément dans les prochaines années, doivent en revanche être mieux employées pour retrouver des marges de manœuvre. Le budget de la ville reste figé dans une logique de hausse qui a atteint sa limite pour les Scéens. D’autres choix sont nécessaires : faire mieux en ne dépensant pas plus. C’est possible dans bien des cas. Par exemple, la proposition – non retenue – d’économiser une part significative du budget annuel en électricité avec l’extinction de l’éclairage public une partie de la nuit ou la limitation des investissements dans un système démesuré de caméras de surveillance, auraient permis de substantielles économies.
Les dépenses d’investissements, financées en grande partie par une dette dont le coût est de plus en plus lourd, peuvent aussi être reconsidérées. Depuis plusieurs années, les investissements se concentrent sur la restauration de l’église et l’enfouissement des réseaux électriques… d’autres priorités ne sont-elles pas aussi urgentes ? Adapter la ville à la transition écologique ou investir dans le social, l’éducation, les soins à domicile, les équipements pour personnes âgées, dans un centre de santé communal…
Quelles actions la ville devrait-elle conduire pour s’adapter à la transition écologique ?
A Sceaux, le discours sur la transition environnementale est omniprésent. Les initiatives en tout genre sont nombreuses et beaucoup de mesures qui s’imposent sont appliquées. La ville n’est pas inactive mais elle reste dans le plaidoyer. Mais concrètement, la ville s’adapte-t-elle aux défis écologiques ? Privilégie-t-elle l’habitat durable ? Maîtrise- t-elle le cycle de l’eau ? Cherche-t-elle à répondre à ses propres besoins énergétiques ? Limite-t-elle l’usage de la voiture ? Cherche-t-elle à gérer son foncier pour de nouvelles formes d’usage du bâti ? Au-delà des éloges sur l’économie circulaire, recherche-t-elle une moindre utilisation des ressources et une réduction de l’impact des activités sur l’environnement ? Assure-t-elle une gestion optimale des déchets ? Réduit-elle les îlots de chaleur en végétalisant ? Évite-t-elle la multiplication des climatisations ? Se prépare-t-elle à d’éventuelles crises, chaleurs extrêmes, pics de pollution, tempêtes… ? Toutes ses questions montrent qu’il y a encore beaucoup à faire. Mais il faut du courage pour proposer un modèle urbain différent. C’est ce qui manque lorsque l’on privilégie la satisfaction à court terme de l’électeur.
Les habitants peuvent-ils réellement être associés et participer à la décision publique ?
Les opérations « Parlons ensemble » du Centre-ville, des Blagis… ou le fonctionnement du Budget participatif montrent toutes les limites de la concertation à Sceaux. Faire croire aux Scéens qu’ils peuvent changer les choses alors que les choix sont déjà faits, éloigne les citoyens de l’action locale, notamment les jeunes et les catégories populaires, et cela exacerbe le débat public local. Le sentiment partagé à Sceaux est que les concertations échouent faute d’avoir exercé la moindre influence sur les processus de décision. Et pourtant, dans une ville « à la croisée des talents », l’expertise des Scéens est grande et leur désir de participation une véritable richesse. Mais la démocratie participative ne s’improvise pas, ni ne supporte l’unique recours à des agences de communication. Il faut se donner les moyens de réussir, inclure tous les publics, former les participants, travailler en amont des projets, bien définir les objectifs, assurer la transparence, et surtout garantir que la parole citoyenne sera prise en compte ; les exemples de bon fonctionnement sont nombreux. Ce qu’il faudrait à Sceaux, c’est que la démocratie participative soit portée par une réelle volonté.
D’accord avec vous sur certaines de vos remarques mais si vagues qu’on ne peut qu’être d’accord. Cependant vous vous élevez contre les dépenses lourdes certes pour l’enfouissement des réseaux électriques. Votre rue n’´est probablement plus encombrée de ces poteaux dangereux. . L’avenue Depreux, une des dernières à Sceaux va enfin avoir droit à cette amélioration. Les trottoirs pleins de creux et bosses vont donc enfin être refaits. L’éclairage va y être amélioré. Appelez vous la sécurité de tous un luxe?