CHATENAY-MALABRY On est infatigable à LaVallée. Depuis que le quartier a vu naître, il y a quelques mois à peine, une association (ADHEL dans le civil), les animations se suivent, s’organisent avec énergie et ne se ressemblent pas. Le 12 décembre, c’est une sorte de Noël qui festoie dans le réfectoire de l’école Brossolette.
Une sorte de Noël parce que les organisateurs ont conçu un mélange (un cocktail) de prétextes pour être ensemble, s’amuser et se découvrir. Des guirlandes, des étoiles sont accrochées aux murs et au plafond de la grande salle. Aux décorations déjà installées par les enseignants, la brigade ADHEL en a accroché d’autres au-dessus du buffet.
Quelques parents coiffés d’un bonnet rouge, hommes ou femmes, démontrent que le « genre » du Père Noël est passé à l’état indéterminé, disons, quantique.
Un concours de dessins mobilise des enfants autour de tables rassemblées en un long alignement. Ils ont quelque chose entre 4 et 8 ou 9 ans ; ils s’appliquent.
Sur un côté, un long buffet présente les victuailles dans l’ordre de la consommation française. Bouchées d’apéro, salades, tartes salées, fromages et gâteaux. C’est la tradition, l’identité, la force du rituel, confectionnés par des riveraines, des riverains et des riverainettes. J’ai cru entendre qu’une petite fille avait mis la main à la pâte. Mais information à « checker » auprès des agences de presse. En revanche, les pains d’épices, goûtus à souhait, ont été certainement (certificats à l’appui) offerts par Mathilde Fréville, dont le laboratoire pâtissier vient d’ouvrir brillamment à LaVallée.
Au début, la danse
L’ingrédient principal du cocktail est, ce soir -là, la danse. En fait, le madison, ce rescapé des 60’s redevenu super tendance. ADHEL en a fait le smiley de la soirée. Une spécialiste de la matière prend en main les opérations. Elle montre les règles de bases. Trois pas à droite, puis trois pas à gauche, on recule de trois pas, pied pointé, posé, pointé, posé encore, et là quart de tour sur la droite et on recommence. Les enfants, devant tous ces adultes aux pas coordonnés, se retournent sur leur chaise.
Le groupe MG donne à la soirée le live nécessaire au partage vrai de la chaleur humaine. Ils sont cinq. Carine, au micro et néanmoins du quartier, en fut à l’initiative il y a 3 ans. Marine est au clavier, Eric à la guitare rythmique, Patrick à la basse, Olivier à la batterie. Avec Karim à l’ambiance, on retrouve bientôt une chorégraphie très organisée. Elle avait déjà fait ses preuves lors du repas en blanc de juin dernier. Aux pulsations envoyées par MG répond un ballet joyeux avec les bras levés qui bougent, les corps qui tournent, les jambes qui se baladent.
Le concours de dessins
On tape dans ses mains, ça met de la chair. Ils sont une centaine, ça syncope. Du coup, les enfants quittent leurs tables et leurs dessins et viennent cavaler un peu partout. Pourquoi resteraient-ils assis tandis que les parents se balancent ? La piste de danse est pleine et les enfants trouvent à s’y insérer en profitant des petits espaces.
Carine engage Grenade de Clara Luciani. « Suis-moi dans la ville blafarde » est d’un sens grave mais la musique met une légèreté qui justifie que quelques-uns commencent à manger. Ambiance café-concert. D’autres continuent de danser. Elle enchaîne sur Starmania « Quand on arrive en ville, panique sur les trottoirs… » mais le timbre de Carine n’est pas effrayant (celui de Balavoine ne l’était pas non plus). Elle rependra son souffle avant de passer à Blinding lights de The Weeknd, le tube des tubes sous la scansion appuyée de l’énergique batteur.
De nouveaux Adhéliens arrivent avec des saladiers et des pains. Le buffet ne provoque pas de blocage, genre rideau défensif des goulafres. Rien de tout ça. Explications possibles : le hasard, l’obligeance, et « Myriam [qui] rend un service impeccable » proclame Jean-Michel en attrapant une part de tarte à la tomate.
Plus tard, ce sera la remise des prix pour le concours de dessins d’enfants. Ils étaient nombreux à dessiner en début de soirée. Et s’il y aura des prix, tous les enfants auront quelque chose. Pour ADHEL, « on n’est pas là pour la compétition, mais pour être ensemble. » L’esprit de quartier en construction.


