L’école d’ingénieurs, établie à Sceaux pendant plus de soixante-cinq ans, fête cette année son centenaire. L’accent est mis sur ce qui a fait sa spécificité dès sa création : la place des filles dans les métiers et l’ouverture permanente aux nouvelles technologies.
Déroulement des célébrations
Au cœur des célébrations : le manifeste pour une ingénierie inclusive, à la fois une exposition et un appel à l’action collective. On y trouve des témoignages d’anciennes élèves, et aussi de femmes travaillant dans des secteurs variés tels que l’aéronautique, l’informatique, ou encore la santé. Elles retracent leur parcours professionnel et partagent leur passion pour l’ingénierie, mais aussi les défis pour exprimer leur identité féminine dans des milieux scientifiques, souvent très masculins. Dix témoignages sont notamment disponibles sur le podcast « A voix haute : pour une ingénierie inclusive » créé par l’EPF. On reparlera de cette question dans un article distinct, en expliquant notamment le Parity lab créé pour atteindre la parité hommes femmes dans les promos de l’EPF.
Les jeunes actuellement en formation à l’école (à Cachan, Troyes, Montpellier ou Saint Nazaire) ont réalisé 4 projets. On pourra découvrir ici la remarquable exposition L’EPF et les femmes, lutter contre les préjugés, bâtir l’avenir créée par l’association étudiante Egaliphi. Autres projets : des capsules temporelles enfouies sur chaque campus, pour y être trouvés par les étudiants de 2025, le jeu du Centenaire, des ateliers de découverte du métier d’ingénieur-e avec des élèves de CM1 d’une école de Cachan.
Enfin, 5 tables rondes sont organisées pour explorer l’ingénierie de demain. Deux auront prochainement lieu à Cachan (pour s’inscrire, rendez-vous sur la page d’accueil du site de l’EPF)
- 25 septembre à 18h30 à Paris-Cachan / Femmes ingénieures : un enjeu clé pour la profession et la société.
- 2 octobre à 18h30 à Paris-Cachan / Sport de haut niveau : l’IA et la biomécanique au service de la performance et de la santé
Des journées d’étude sont prévues les 2 et 3 octobre et sont organisées par la cellule d’innovation pédagogique et numérique de l’école . En novembre un nouveau campus de l’école sera inauguré à Saint-Nazaire.
Une soirée « centenaire » a déjà eu lieu en juin.
Un peu d’histoire
C’est en 1925 que Marie-Louise Paris, jeune ingénieure de l’École de mécanique et d’électricité de Paris, fonde l’institut électromécanique féminin. L’institut est hébergé par le CNAM. En 1933, une section aéronautique est créée par Marie-Louise Paris, passionnée d’aviation (elle prend des cours de pilotage). L’école prend alors le nom d’École polytechnique féminine.
En 1945, l’école doit quitter le CNAM. Après avoir occupé différents lieux, elle s’installe pour longtemps à Sceaux en 1956. Elle garde une place particulière dans le monde de la formation d’ingénieur : 45 % de femmes ayant obtenu un diplôme d’ingénieur en 1964 étaient issues de l’EPF. Très vite, de nouveaux bâtiments sont construits et de nouveaux cours lancés. L’EPF est alors la seule institution à offrir un cours d’électronique impulsionnelle et un autre sur les systèmes asservis, préfiguration de l’ouverture à l’informatique naissante.
Après la mort de la fondatrice en 1969, Maurice Berthaume, son collaborateur depuis 1938, prend sa succession jusqu’en 1976. Mais c’est avec Colette Kreder, ancienne élève et directrice de 1980 à 1994, qu’un virage stratégique est pris avec l’ouverture internationale, permettant aux élèves d’aller se former en partie à l’étranger. En 1991, Colette Kreder crée la Fondation EPF qui est reconnue d’utilité publique, ce qui consacre son rôle d’école engagée pour l’intérêt général et l’égalité des chances dans le milieu professionnel. En 1994, alors que toutes les écoles d’ingénieurs accueillent des filles, l’EPF s’ouvre aux garçons. Des partenariats sont construits pour permettre aux jeunes qui le souhaitent de se lancer dans la recherche.
L’année 2010 ouvre une ère d’expansion avec l’ouverture du campus de Troyes, puis en 2012 celui de Montpellier, avant celui de Saint-Nazaire cette année. En 2022, c’est à Dakar que s’ouvre une nouvelle école. C’est aussi en 2022 que l’école quitte Sceaux pour s’installer quelques kilomètres plus loin, dans les anciens bâtiments de l’ENS Cachan, rénovés pour l’occasion.
L’avenir s’inscrit aujourd’hui dans la volonté d’avoir 50% de filles parmi les étudiants à partir de 2028 et dans le développement de l’innovation, pédagogique ou technique. Dès maintenant l’EPF organise sa recherche autour de six domaines : l’efficience énergétique, l’utilisation de la 3D, les bâtiments basse consommation, la chimie environnementale, les structures intelligentes, l’ingénierie appliquée à la santé. On reconnait ici sa volonté d’adaptation aux nouveaux besoins sociétaux, technologiques et environnementaux.
A suivre.