Samedi 30 novembre, la foule se serrait pour acquérir à bon prix un ou plusieurs des ouvrages dont la bibliothèque se défaisait au bénéfice du téléthon. Une des nombreuses activités des bibliothécaires consiste en effet à maintenir l’actualité du fonds. Donc à acquérir des ouvrages et à sortir ceux qui ne sont plus lus.
Équilibrer les entrées et les sorties
La veille, Jean-Philippe Allardi adjoint au maire en charge de la culture et Sébastien Cantero, directeur de la Bibliothèque expliquaient à la Gazette les objectifs, l’organisation et le fonctionnement de la Bibliothèque. On apprit ainsi ce que les professionnels appellent le « désherbage ». Les réserves et les étagères n’étant pas extensibles à l’infini, il est nécessaire de sortir des documents pour faire de la place à ceux que l’on veut acquérir.
A ce sujet, le rapport d’activités des services en 2023, présenté au conseil municipal le 28 mars 2024, notait :
« S’agissant du maintien de la stabilité des collections en 2023, 7.314 documents ont été acquis contre 6.395 éliminés (en particulier les revues). L’objectif d’équilibrer les entrées et les sorties n’a pas été atteint cette année. Le désherbage 2024 devra en tenir compte pour y parvenir.
La braderie organisée en décembre 2023 a permis également de vendre, au profit d’associations, plus de 1.093 documents. » L’édition 2024 de la braderie a permis de récolter 1608 euros.
Le nombre d’entrées/sorties est à comparer à la collection : 30.000 documents adultes, 34.000 documents jeunesse. La durée moyenne de conservation dépend du type de documents (voir la remarque ci-dessus sur les revues). Les documents jeunesse se démodent plus vite que les documents adultes
Multiples médiations
La bibliothèque, c’est aussi des animations. Dans son programme pour le dernier quadrimestre de 2024, on pouvait lire une liste de rendez-vous réguliers : l’heure du conte (le mercredi à 15 h pour les 4-8 ans), les bébés bouquineurs (un samedi à 10h 30 par mois), le labo des petits penseurs (ateliers philo) pour les 6-9 ans. La liste est longue …
A ces rendez-vous réguliers s’ajoutent d’autres animations. Par exemple, en décembre, la projection d’un concert filmé (le 6), un spectacle petite enfance (le 7), un jeu autour de l’art (le 10), un concert de musique africaine (le 14). On pourrait ajouter la décoration du sapin de Noël (le 4), la réalisation d’un carnet de lecture (le 10), l’atelier créatif de Noël (le 11)…
En plus des animations locales, la Bibliothèque relaie des animations nationales, comme le printemps des poètes qui a lieu tous les ans. Au total, il y a 4 actions publiques par semaine !
On le comprend : la bibliothèque organise ses propositions selon les âges, en particulier pour les plus jeunes. Ils sont très présents à la bibliothèque puisque 58 % des ouvrages empruntés sont des documents « jeunesse ».
Adolescents
Les adolescents ou jeunes adultes sont beaucoup moins souvent inscrits …ce qui ne veut pas dire qu’ils soient absents ! Mais la plus faible participation à partir de 15 ans environ est un phénomène qu’on retrouve partout, à la MJC, au CSCB ou leurs équivalents dans les villes voisines. Pour Sébastien Cantero, ce n’est pas une raison pour baisser les bras :
« La tranche 15 à 25 ans est la catégorie la plus difficile à atteindre et à fidéliser par l’inscription et paradoxalement une catégorie active en termes de fréquentation. La Bibliothèque a complètement modifié ses horaires à la réouverture en septembre 2019 avec des extensions horaires (ouverture de 13h à 19h et le dimanche matin). Nous touchons ainsi davantage les jeunes (lycéens, étudiants) pour du travail sur place et les jeunes actifs. Certains d’entre eux peuvent entreprendre plus facilement l’inscription qui de plus est gratuite.
Les animations aussi ont évolué. Nous avons pour cette tranche d’âge un prix littéraire du premier roman. Cette action touche des classes avec comme objectif une fréquentation et une utilisation de la bibliothèque des lycéens concernés. Pour les plus âgés de cette tranche, nous abordons des sujets très sociétaux dans nos conférences : égalité femme/homme, la désobéissance par exemple. Nous remarquons la présence de nombreux jeunes intéressés par ces sujets. Toujours cet objectif d’attirer jusqu’à l’inscription…
Autre point : la collection. Le fonds BD Manga est repensé, un fonds « Inégalités de genres » a vu le jour, un nombre important d’ouvrages dits « young adulte » est désormais proposé. Très récemment la section adulte a entrepris un travail sur le fonds formation / autoformation / révisions (préparation concours, orientation, révisions BAC…)… »
Que font les bibliothécaires ?
Toutes ces animations, il faut bien sûr les réaliser et auparavant les préparer, ce qui n’est pas un mince travail.
La gestion du fonds représente une autre partie de la fonction. Acquérir des œuvres nécessite des connaissances professionnelles et de se renseigner sur les nouveautés (ce qui implique partages avec librairies et bibliothèques, et visite de salons comme celui de Montreuil pour les livres et la presse jeunesse) … et de choisir. De même, le désherbage demande d’analyser les prêts de l’ensemble du fonds pour identifier ceux qui ne sont plus demandés. Il y a aussi le cahier qui permet à tout lecteur de faire des suggestions.
Il faut accueillir divers visiteurs (crèches, écoles, seniors…), le plus souvent en dehors des heures d’ouverture de la bibliothèque. Chaque classe des écoles primaires de Sceaux est invitée à venir au moins une fois par an, en choisissant parmi les activités proposées par les équipes jeunesse, cinéma ou musique et ou dans le cadre de l’éducation artistique et culturelle (EAC) en cours de développement sur la ville.
Les bibliothécaires participent de manière active à l’écosystème culturel : les écoles, bien sûr, les collèges et lycées, leurs CDI et les enseignants en lettres, les bibliothèques de l’IUT et de Jean Monnet… Il faut aussi inclure la bibliothèque du CSCB (relancée en 2023), la MJC, le conservatoire de Sceaux-Bourg-la-Reine, le théâtre des Gémeaux, le cinéma Le Trianon. La municipalité encourage cette coopération en organisant diverses rencontres.
Et bien sûr, il y a l’accueil, la présence à l’entrée et sur chaque plateau pour ranger les documents et surtout répondre aux diverses demandes du public. Un moyen important pour bien comprendre les attentes et les éventuelles difficultés. Cette présence, pendant laquelle se font l’accueil et le rangement, se fait par créneau de 2 heures, à raison d’un par jour (deux le samedi).
La bibliothèque compte 12 bibliothécaires à temps plein et 4 vacataires à temps partiel (les samedis et dimanches).
Fonds documentaires particuliers
Léon Ancely, un « militant social » décédé à Sceaux en 1971, a légué à la bibliothèque la riche collection (15.000 volumes) qu’il avait progressivement constituée. Elle comprend le fonds Florian (des ouvrages en langue d’oc, un fonds sur la Commune de Paris et un autre sur la franc-maçonnerie le Fonds Voltaire. Ces ouvrages sont consultables sur rendez-vous, selon une procédure précise.
Fréquentation
La bibliothèque suit classiquement le nombre d’inscrits actifs (c’est-à-dire ayant au moins emprunté un document dans l’année. En 2023, il y en a eu 3697, un chiffre très légèrement supérieur à celui de 2022. Et supérieur à celui de 2016 (à 3355). Entretemps, le bâtiment a été rénové (pendant les travaux de rénovation la Bibliothèque n’était ouverte que 3h/jour du mardi au vendredi et le samedi 8h avec un fort et long impact sur la fréquentation). Puis il y a eu le covid : ce dernier a surtout freiné la remontée après la rénovation. Il semble qu’on soit à un niveau normal depuis maintenant 2 ans.
Le nombre d’emprunts est de 175.137, soit très proche des records de 2012 et 2013 (177.000). Cela fait presque 50 ouvrages en moyenne par inscrit actif et par an. La moitié des emprunts sont des livres, un quart des BD, le reste se répartissant entre revues (9%), DVD (9%), CD musique (6%).
La consultation de la presse en ligne ne fait que croître. Depuis le premier janvier, il est possible d’avoir 100 connexions simultanées à partir de la ressource Europress disponible sur le portail de la Bibliothèque. Ainsi 12 984 documents ont été consultés numériquement.
Mais la vitalité de la bibliothèque ne tient pas qu’aux emprunts. Les responsables ont mis en place un instrument pour évaluer la fréquentation libre (tous ceux qui viennent pour travailler, pour consulter la presse ou des ouvrages, se détendre, ou assister à un événement…). Un compteur positionné à l’entrée de la bibliothèque depuis 2020 enregistre ces passages.
Comme on le voit, une hausse continue, particulièrement importante en 2023. On ne peut que souhaiter que cela persiste !