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Quel avenir pour les véhicules légers intermédiaires?

Le hasard avait fait passer en deux minutes trois AMI avenue du Général Leclerc à Bourg-la-Reine. Cette voiture improbable, concoctée par des ingénieurs de Citroën soucieux d’optimisation, reste une substance rare. Quand on la regarde, on comprend pourquoi. Mais comme l’avenue est à fort trafic, le hasard n’en était qu’un demi. Cela ne m’en rappela pas moins la lecture d’articles sur ces véhicules légers intermédiaires, autrement nommés VELI. Ces pots de yaourt sur roues ont des soutiens qui avancent des arguments articulés.

Car l’AMI n’est pas seule sur le créneau. Elle est concurrencée par des véhicules tout aussi conçus pour les déplacements urbains et comme une alternative écologique aux voitures traditionnelles. Et le positionnement a de nombreux supporters. Ce n’est pas un hasard si on a la Renault Twizy 45 ou l’inégalable Microlino (on entre par devant !). Il y en a sûrement d’autres.

En fait la catégorie des VELI est large. Entre le vélo classique et la voiture, on trouve les vélos à assistance électrique, vélos motorisés, vélos spéciaux, tricycles, vélos cargo, quadricycles, handbikes, vélomobiles, vélo-voitures, microvoitures, tricycles protégés, voiturettes et mini-voitures. C’est dans cette diversité que sont placés les espoirs de décroissance de la voiture.

Mais pour en revenir à notre petit cube prénommé AMI par Citron et à ses semblables, retenons qu’ils sont homologués comme quadricycles. Les vitesses sont en général limitées à 45km/h, on peut les conduire sans permis dès 14 ans (il existe des variantes à 90km/h avec permis, mais par grand vent, il faudrait vérifier qu’on ne décolle pas). Ces véhicules des plus « légers » (comprendre très fragile et d’un intérieur ultra dépouillé) ont une autonomie annoncée de 70km ou plus, mais selon les commentaires, on peut la diviser par deux.

L’inconvénient du bénéfice

Les promoteurs de ces sortes de transformers des années 80 entendent diminuer voire combattre les nuisances directes des voitures (pollution, bruit, insécurité routière), mais aussi indirectes (urbanisme dégradant le cadre de vie, relations de voisinage diminuées). Ils dénoncent l’augmentation de 25 % du prix des voitures en 10 ans, du fait de suréquipements, de l’usage généralisé de semi-conducteurs et de matériaux critiques.

Les voitures classiques sont lourdes et larges pour des raisons de sécurité, habitabilité, confort, design et de normes. Les VELI réduisent le poids en limitant la vitesse et les accessoires. Mais du coup, on ne partira pas en vacances, on n’ira pas embrasser la grand-mère qui habite à 300km à bord de cet escargot de la route sans place pour les valises. Ce transport strictement urbain sous-entend donc une autre voiture ou le recours à d’autres modes de transport comme le train. On entre alors dans les arcanes de « l’intermodal » dont on sait combien il nécessite des infrastructures, des éléments humains, techniques pour se développer. Les correspondances, ce n’est déjà pas évident avec le train, alors s’il faut changer de « vecteur ».  

Changer d’imaginaire

Un autre point. Pour que les bienfaits de ces transports sobres emportent le cœur des foules, il faudrait sérieusement « déconstruire l’Imaginaire » selon l’élégante expression en vigueur dans la presse, sacrément retravailler la publicité automobile. Finis la lascivité, l’éloge du confort et de l’espace, le rêve des grandes trajectoires, l’infinie subtilité des carrosseries. Il faudrait « vendre » le simple, le dépouillé, l’effort et la marche à pied. Pas gagné.

Conscients de cet obstacle, les partisans des VELI considèrent qu’il vaut mieux cibler les nouveaux usagers, ceux qui n’ont pas encore pris leurs aises dans les habitacles dernier cri. Ils imaginent aussi des dispositifs pour booster le marché : aides à l’achat, bonus écologique, malus pour les voitures. Mieux : des infrastructures ad hoc avec des voies réservées aux VELI, une amélioration des réseaux cyclables, une offre de stationnement étoffée, et bien sûr (est-ce l’idée de la mairie de Paris avec les 50km/h sur le périph) modérer la vitesse.

L’ami avec lequel je prenais un déca au café des Deux gares, celui qui fait l’angle avec la rue René Roeckel, n’y croit pas une minute. Il connaît le coin par cœur. Ce n’est pas demain qu’il verra défiler des vélos avec ou sans moteur, des vélos cargo, voiturettes et « des caisses à savon » sur le D920, l’avenue de la Division Leclerc à Châtenay ou la D63 qui longe Sceaux et traverse Fontenay. Ce n’est pas qu’il ait un avis tranché. Il n’a rien contre « les pots de yaourt et les biclous » par principe. Il préfère attendre et voir venir.  

  1. François François 12 octobre 2024

    Pas sûr que l’avis du pillier du café des 2 gares soit plu pertinent que celui du café du commerce.

    Pas besoin d’attendre pour voir venir le fort développement des « biclous » un peu partout en France.

    Comme disaient les Danois il y a plusieurs années :

    C’est extrêmement simple, si vous construisez des routes, vous aurez des voitures. Si vous construisez des pistes cyclables, vous aurez des vélos.

    On commence à construire des pistes cyclables, heureusement.

    Même sur la nationale 20.

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