Bernard Deljarrie, au nom du collectif citoyen Sceaux en commun, accueillait vendredi 21 juin les candidats de Nouveau Front Populaire (NFP) dans la XIIIe circonscription des Hauts-de-Seine. Brice Gaillard, du parti socialiste, a pour suppléante Justine Larnac, de LFI. Etaient également présents Chloé Ridel, députée européenne socialiste, et Pierre Ozoulias, sénateur communiste des Hauts-de-Seine et vice-président au Sénat.
Devant une soixantaine de participants réunis dans la grande salle de l’ancienne mairie, Brice Gaillard commence par dénoncer une « décision brutale » d’E. Macron. S’il admet que donner la parole au peuple est toujours un bien, il en accuse la méthode. Puis, il évoque une France où les citoyens souffrent, où la détresse a gagné le pays tout entier, où dira-t-il plus tard, 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, où un tiers des Français s’est déjà privé d’un repas pour des raisons financières.
Dans ce contexte extrêmement sombre, les « enjeux de cette élection sont simples. Il y a 3 choix: L’extrême droite, le camp présidentiel, la gauche. » Voter pour l’extrême droite, c’est se condamner à l’inaction sociale et écologique. C’est taper sur les plus faibles. « C’est un projet mortifère et contraire à nos valeurs. » Le camp présidentiel, c’est 7 ans d’échec, c’est la destruction des corps intermédiaires, c’est le mépris des gens, c’est un budget truqué, c’est un échec environnemental, c’est une impuissance économique, c’est un échec social.
« Le NFP défend un programme de bon sens. Il est sérieux. » De 2017 à 2027, 587 milliards d’euros de recettes fiscales ont été détruits. L’ISF répond à un besoin de justice. 14 tranches d’impôt sur le revenu vont être instituées. « Il faut taxer les super profits, taxer les entreprises qui versent des dividendes aux actionnaires au détriment des salariés. »
Camp présidentiel honni
Pour Pierre Ozoulias, la droite s’est unie dans les Hauts-de-Seine. Les Républicains se sont alliés à l’UDI, au Modem, à Horizons et à Renaissance. Maud Bregeon, la candidate de cette alliance, « rassemble toutes les forces de droite. » Le Rassemblement national surfe en haut, car la droite a banalisé ses idées.
Pire, pour Brice Gaillard, elle est sur les bases du rassemblement national sur les plateaux télé. Selon Justine Larnac, c’est encore plus grave. Elle évoque une femme noire qui a subi des insultes de ses voisins et « cette ambiance raciste et fasciste montre que l’extrême droite est décomplexée. » Le camp présidentiel est le marchepied de l’extrême droite.
Chloé Ridel, députée européenne, voit en Maud Bregeon une représentante de toute la faillite morale du régime. « Sa rhétorique est celle de l’extrême droite. Ses positions sont gravissimes. » Et gravissime est la situation du pays. « L’union de la gauche est la seule alternative. »
Avec l’extrême droite au pouvoir, prédit-elle, le ministre de la Culture privatisera Radio France et France Télévisions ; le ministre de l’Intérieur lâchera sa police, il n’y aura plus d’indépendance des médias, le ministre de l’Éducation nationale triera les enfants en fonction de leur nationalité, le ministre des Affaires étrangères pactisera avec Poutine.
Tandis que « le NFP veut rétablir la justice fiscale. » Taxer les riches, augmenter le SMIC, indexer les salaires sur l’inflation, financer les services publics. L’Espagne est citée en exemple. On y a augmenté de 50% le SMIC et selon elle la situation sociale y est bonne.
En réponse à une question de la salle, Brice Gaillard reprend des éléments de programme : augmentation du pouvoir d’achat, augmentation de 10% des salaires des fonctionnaires, abrogation des mesures sur les retraites et sur l’assurance-chômage qui stigmatisent les chômeurs. En ce qui concerne la transition écologique, il trouve la prime Rénov insuffisante : « Le dispositif ne marche pas parce qu’il ne s’adresse qu’aux copropriétaires. Il faut l’ouvrir à tous les Français, locataires ou propriétaires. » Pour les 30% de reste à charge, il défend le principe d’une avance par prêt à taux 0%.
VIe République
Brice Gaillard appelle de ses vœux une VIe République. La démocratie est bafouée et la crise politique vient de Français désespérés par les politiques. C’est tout le fonctionnement institutionnel qu’il appelle à revoir.
Justine Larnac fait écho : « La VIe république est indispensable. […] La Ve République est dangereuse. » Elle réclame l’abrogation du 49-3 (qui permet d’adopter un projet de loi sauf si une motion de censure contre le gouvernement est votée, NDLR)[1]. Elle veut également l’abrogation de l’article 16 qui donne dans certains cas les pleins pouvoirs au président de la République.[2]
Violences étatiques
Brice Gaillard condamne les violences policières. Mais le NFP augmentera les effectifs des forces de l’ordre. Il dénonce ensuite les discriminations. La déclaration « transphobe » de M. Macron est présentée comme inacceptable. (Le Président avait qualifié d’ubuesque, la proposition du NFP d’autoriser le changement d’état civil libre et gratuit devant un officier d’état civil. En particulier, de changer de genre sur simple demande en mairie, NDLR).
Sur l’immigration, Justine Larnac dénonce les propos « immondes » du gouvernement. Elle connaît des gens qui sont devenus OQTF, car leur titre de séjour n’a pas été renouvelé. « Les OQTF sont traités comme des délinquants alors qu’ils n’en sont pas. »
Unité de la gauche
A la question d’une participante sur l’entente avec LFI, Pierre Ozoulias présente la gauche comme unie. De LFI aux radicaux de gauche, elle partage un projet de société. Brice Gaillard confirme : l’union est une richesse. Tous les partis ont un accord programmatique. « Entre Justine, LFI, et moi, socialiste, ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous sépare. L’échange d’idées nous unit. » Justine Larnac poursuit : « En 2023, la Nupes nous rassemblait déjà. Brice, Pierre et moi étions sur la même ligne ».
Pierre Ozoulias défend l’idée que nous sommes devant un point de bascule vers le fascisme qui se cache et donne l’impression d’être raisonnable. En même temps il combat le néolibéralisme qui détruit la société. C’est aujourd’hui « le combat de la lumière contre les ténèbres. »
Une participante s’insurge contre le blocage pratiqué par LFI à l’Assemblée nationale, lors des débats sur la retraite. Elle demande de le déjuger.
Pierre Ozoulias dit qu’au Sénat, ça ne s’est pas passé comme ça. Un débat a pu être mené sereinement. Pour Justine Larnac, « l‘obstruction » (elle se moque du mot) a seulement consisté en dépôt d’amendements (LFI en avait déposé 13.000 NDLR). Si Brice Gaillard estime le dépôt massif « sous-optimal », Justine Larnac considère que la véritable obstruction venait du gouvernement avec le 49-3. « Si vous ne voulez pas d’obstruction, poursuit-elle, ne votez pas Renaissance. » Elle préfère des députés engagés qui déposent des amendements.
La réunion, à plusieurs reprises, présentera le NFP comme diffamé, caricaturé, stigmatisé. Était-ce par réaction que les mots « immonde » ou « fasciste » étaient plusieurs fois repris ? Ces mots résument en tout cas le regard des orateurs sur le camp présidentiel et le RN dont ils parlaient avec un même dégoût.
Questionnaire
Pour compléter ces notes, voici le questionnaire que nous avons soumis à Brice Gaillard et auquel il a accepté de répondre par écrit. Ce qui explique la différence de ton avec l’oral.
Pouvez-vous présenter en quelques lignes votre binôme de candidats?
Âgé de 38 ans, un enfant, originaire du sud-ouest, je suis diplômé de Sciences Po Bordeaux, titulaire d’un doctorat sur l’action publique des collectivités territoriales, je me suis engagé au Parti socialiste à 17 ans, en réaction à la menace que représentait l’extrême-droite lors de l’élection présidentielle de 2002. Je suis Premier secrétaire du parti socialiste des Hauts-de-Seine depuis 2020.
Conseiller législatif du groupe socialiste au Sénat, suivant les questions de fiscalité, je suis également secrétaire national du PS chargé du budget, de la planification écologique et des nouveaux indicateurs de richesse. Je suis également auteur d’un essai à la Fondation Jean Jaurès intitulé Repenser la fiscalité – Manifeste pour une imposition plus simple et plus équitable.
Habitant Châtenay-Malabry, dans le quartier de Malabry, candidat aux élections législatives en 2022, je suis engagé dans la vie locale au sein du Collectif Citoyen Chatenaisien. Attaché aux valeurs de respect des droits humains, de fraternité, de solidarité, l’engagement est, pour moi, d’abord d’être au service de nos concitoyens pour améliorer leur qualité de vie.
Ma suppléante, Justine Larnac, est élève avocate dans les domaines du droit pénal et du droit pénitentiaire, militante politique à LFI, mais également militante syndicale au SAF – Syndicat des avocats de France. Elle est engagée dans de nombreuses associations locales dont Antony Terre Citoyenne, le Collectif Antony Palestine Solidarité et dans des associations promouvant les droits de l’homme et la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Elle était déjà suppléante à mes côtés en 2022. Elle a toujours vécu à Antony et a fait toute sa scolarité sur la circonscription.
Ensemble, nous voulons incarner l’union de la gauche et des écologistes sur notre circonscription et porter une candidature de rassemblement sur des valeurs et des propositions concrètes.
Comment comprenez-vous la situation politique dans laquelle nous nous trouvons ?
Après avoir contribué méthodiquement à la division du pays par sa politique antisociale, le Président de la République a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale. Permettre à nos compatriotes d’exprimer leur choix pour l’avenir de la France est louable ; le faire dans un contexte délétère qui accentue la déstabilisation politique de la France au profit de l’extrême droite est dangereux.
Ces élections législatives partielles peuvent voir la droite extrême arriver au pouvoir parce que le Président de la République a échoué à contenir sa progression. Il a échoué parce qu’il a déçu les Françaises et les Français que ce soit sur le plan économique, social, écologique ou plus globalement sur sa capacité à réconcilier le pays.
Qu’est-ce qui vous a amené à vous présenter aux législatives du 30 juin et du 7 juillet dans cette circonscription ?
Ce sont en premier lieu les souffrances d’un grand nombre d’habitantes et d’habitants de la circonscription face à un quotidien qui se dégrade significativement sans que le camp présidentiel ne parvienne ou ne veuille apporter des solutions.
Face à cela, un nouveau front populaire s’est constitué, rassemblant toutes les forces de gauche humanistes, écologiques, syndicales, associatives et citoyennes. Un espoir s’est levé. Cet espoir, nous voulons l’incarner dans notre territoire des Hauts-de-Seine pour être à la hauteur des attentes et des besoins de nos concitoyens. Nous pensons que la candidate sortante n’a pas su répondre à cette demande. D’ailleurs, elle-même tente de faire oublier son bilan en gommant Emmanuel Macron de ses documents de campagne…
Pour notre part, nous refusons de nous résigner. Nous refusons que l’exclusion et le populisme prennent le pouvoir dans notre pays. Nous voulons combattre la brutalisation de la vie publique, lutter de toutes nos forces contre les discriminations, le racisme et l’antisémitisme. Nous voulons restaurer la capacité à agir d’un Etat qui doit redevenir notre bien commun le plus précieux en s’appuyant sur des services publics de proximité. Nous voulons engager demain un tournant écologique et social ambitieux dans l’intérêt de tous. Nous voulons restaurer l’égalité réelle entre les chances, mise à mal depuis près de sept ans. La lutte contre la violence sociale et pour améliorer le pouvoir d’achat est notre priorité.
Quels sont les principaux points que vous voulez défendre dans votre campagne ?
Pour répondre aux préoccupations des Français, réveiller l’espoir et construire l’alternative, nous prenons 10 engagements pour les deux prochaines années.
D’abord, nous abrogerons trois réformes injustes : celles des retraites, de l’assurance-chômage et celle sur l’immigration. Nous redonnerons aussi du pouvoir de vivre aux Français via la revalorisation des minima sociaux, du SMIC et des salaires, le gel des tarifs énergétiques, l’instauration d’une allocation d’autonomie pour les jeunes, l’encadrement des prix des loyers.
Nous mettrons évidemment en place les mesures fiscales pour une réelle justice sociale : taxation des superprofits et taxation des plus riches. Nous ferons de l’accélération de la bifurcation écologique une priorité. Soyons clairs : il ne s’agit pas tant de taxer les plus aisés de manière punitive que de rétablir l’équité de notre système fiscal qui a été largement remise en cause par Emmanuel Macron. L’impôt doit être équitablement réparti entre tous !
Nous redonnerons aussi les moyens à un service public accessible et de qualité, pour l’école en recrutant des enseignants en nombre suffisant, dignement valorisés, et en ayant moins d’enfants par classe ; pour nos universités ; pour l’hôpital public et en combattant les déserts médicaux. Nous lutterons pour l’égalité entre les femmes et les hommes et avancerons de manière résolue sur l’égalité salariale. Nous lutterons pleinement et sans aucune ambiguïté contre l’antisémitisme, tous les racismes et toutes les formes de discriminations.
Nous réaffirmerons notre soutien aux progrès de la construction européenne, à la réindustrialisation du continent, à l’Europe de la défense, à l’Union européenne comme espace pertinent pour sortir de nos dépendances en matière alimentaire, médicale, industrielle, énergétique, militaire. Nous défendrons notre soutien inconditionnel à l’Ukraine face à l’agression de Poutine, et le respect total des frontières. Enfin, nous mobiliserons notre diplomatie pour obtenir le cessez-le-feu à Gaza, la libération des otages du Hamas, et la reconnaissance d’un État palestinien, préalable à une solution durable à deux Etats.
[1] Pour des précisions sur l’usage du 49-3, on peut se reporter à : https://fr.statista.com/infographie/5327/utilisation-article-49-3-gouvernement-premier-ministre-et-nombre-motions-de-censure/
[2] Pour des détails voir : https://www.village-justice.com/articles/questions-autour-article-constitution,50116.html
[…] Le NFP en meeting à Sceaux […]
Je suis venu moi aussi à cette réunion pour écouter Brice Gaillard, candidat du nouveau Front populaire.
Les propos des différentes personnes qui sont intervenues, quelle que soit leur étiquette politique, étaient lucides sur la situation actuelle et clairs sur l’objectif commun et partagé, s’opposer à l’extrême droite et proposer une alternative à la politique libérale mise en œuvre par la majorité présidentielle.
Les échanges avec la salle furent vivants et démontrent la richesse et la pluralité de la gauche unie sous la bannière du nouveau front populaire !
Énormément de monde pour un meeting local qui s’est tenu en même temps que la fête de la musique et qu’un match de l’équipe de France. Beaucoup de gens qui assistaient à un meeting pour la première fois, certains sont intervenus.
Les scéens semblent conscients de la gravité du moment, attachés à l’égalité des droits et farouchement opposés à ce que le pays sombre dans la xénophobie par la faute de politiciens sans scrupules.
Monsieur Ajzenberg, Monsieur « Stéphane »,
Je vous remercie pour vos commentaires qui me semblent néanmoins devoir être précisés et replacés dans un contexte pour ne pas être en contradiction avec les propos que j’ai tenu et qui ont été tenu durant cette réunion.
Je me bats en effet pur un débat public serein et factuel et il me semble regrettable que ces commentaires puissent induire lourdement en erreur les citoyennes et citoyens de la circonscription.
En effet, nous avons condamné avec fermeté les propos et la position de la députée sortante en particulier lors de l’examen de la loi Asile et immigration, tout comme nous contestons les réformes mises en oeuvre par le gouvernement ces sept dernières années.
Et oui, je considère qu’il est immonde de faire un lien entre immigration et délinquance comme cela a été fait par la députée sortante. Et contrairement à ce que vous estimez, je suis convaincu que la c’est davantage la banalisation de la réthorique du RN et l’appropriation dans le débat public de ses thématiques (par exemple la préférence nationale votée par la députée sortante) qui sert de marchepied à l’extrême-droite.
Il me semble que l’outrance et la violence ne sont pas dans cette logique de mon côté et il me semble disproportionné et biaisé de qualifier un désaccord politique, fut-il fondamental comme c’est le cas en l’espèce, d’outrancier comme vous le faites.
Enfin, contrairement au camp présidentiel, nous sommes clairs de notre côté : il n’y a pas de signe « égal » entre le Front Populaire et le RN tout comme il n’y a pas de signe « égal » entre Renaissance et le RN.
Mon ennemi, c’est l’extrême-droite, mon adversaire, c’est la droite ultralibérale au pouvoir. Quand la députée sortante et ses équipes passent la campagne à me qualifier de candidat de l’extrême-gauche, là encore je ne pense pas que l’outrance soit de mon côté.
Je reste évidemment à votre disposition pour toute précision avec grand plaisir
Bien cordialement
J’ai écouté Brice Gaillard. J’ai été stupéfait de la violence des mots désignant Maud Bregeon, Renaissance et Macron.
Le mot immonde prononcé par Gaillard montre que l’esprit front Populaire est d’avoir des ennemis et non des adversaires.
C’est le ton utilisé par LFI qui gagne tous ses satellites.
Plus les propos sont violents et outranciers, plus le RN monte.
C’est un véritable marché pied pour l’accès au pouvoir du RN. 🙃
M. Azjenberg, je confirme. J’étais venu écouter B. Gaillard, vu que j’ai voté Gluksmann. Lui, et surtout sa suppléante m’ont bluffé. Ils sont vraiment dans la haine de Macron. Presque plus que du RN.