Demain, jeudi 6 juin, à Fontenay-aux-Roses, le général Allard (2S) donne une conférence originale sur le Débarquement. Au-delà des combats qui furent menés en Normandie, il présentera l’ensemble du contexte de l’opération Overlord, en l’éclairant de tactique et de stratégie militaires. En l’éclairant aussi de son énorme complexité d’organisation. La conférence, loin des lieux communs, mettra l’accent sur les sidérantes dimensions de la logistique, dont on dit qu’elle est la force des armées. Ce sera à 20h à Rosa Bonheur, au 20 avenue Jean-Moulin.
Au même endroit, jusqu’au 15 juin, une exposition raconte des itinéraires de Françaises et de Français qui s’engagèrent dans le combat pour la libération du pays.
Une incroyable organisation
Le général Allard est un homme qui aime restituer les complexités de la chose militaire. Avec le Débarquement en Normandie, il est sur son terrain. Ce sont quelque 150.000 hommes qui débarquent le 6 juin. Ils seront un million à la fin du mois. Les forces américaines, anglaises et canadiennes disposent le 6 d’un millier d’avions, de cinq mille navires et de vingt mille véhicules.
Suivent très vite les constructions de ports artificiels avec tous les blocs amenés par bateaux. L’opération Pluto de pipeline sous la mer est chargée d’alimenter la multitude d’engins en carburant. Ce qui signifie concevoir des tuyaux résistant aux profondeurs de la Manche et à la distance entre l’Angleterre et la Normandie, aux distances ensuite parcourues par les troupes qui se dirigeront vers l’Est.
Le Débarquement est l’aboutissement d’une cohorte d’organisations et de planifications, de formations et de fabrications. Les industries sont alors tout entières mobilisées. Le général Allard aime insister sur l’incroyable complexité de l’opération Overlord, la plus importante opération amphibie de l’Histoire. Car elle embrasse une construction d’opérations toutes plus délicates les unes que les autres. Dans son langage, Overlord est une architecture. Les opérations Fortitude (pour leurrer l’ennemi) ou Bolero (pour l’industrie d’armement), qui en sont des briques, il se fera un plaisir, ou plutôt un devoir de les évoquer avec bien d’autres. Des briques d’un projet militaire dont l’idée germe en 1942 et dont la planification s’élabore en 1943. Ce sont des mois de travail.
C’est pourquoi la mise en contexte est nécessaire. Sa conférence commencera en situant les fronts en 1941-1942 : le Pacifique après Pearl Harbor ; l’Afrique que les Anglais défendent ; l’est quand l’alliance entre l’Union soviétique et l’Allemagne nazie est rompue ; le front aérien entre le Royaume-Uni et l’Allemagne ; le front maritime et sous-marin dans l’Atlantique.
Un saint-cyrien féru d’histoire
Comment, dans ce contexte, s’est imposée aux Alliés l’idée de porter la guerre sur le sol européen, voilà ce que la conférence vous propose de découvrir. Quant à la conception et à la planification de ces opérations immenses, elles seront mises en lumière par un homme du sérail. Jean-Claude Allard fut sous-chef d’État-major « Opérations » de l’EM/KFOR au Kosovo. Il a participé aux planifications des participations françaises à l’Opération Enduring Freedom (Pamir) et aux opérations dans l’océan Indien et dans la Corne de l’Afrique.
Avec son expérience d’ancien commandant d’escadrille d’hélicoptères de combat, d’officier opérations de la division aéromobile, les déplacements des forces, les résistances ennemies, la prise de Caen prennent une réalité incroyable. C’est le goût pour l’histoire géminé par le passage à Saint-Cyr. Vous verrez.
Rappeler l’Appel
Mais il y a aussi une exposition ! Elle est composée de dix-neuf panneaux disposés tout autour de la grande salle et d’un film documentaire qui se regarde à part. Elle montre ce que furent les engagements des Compagnons de la Libération, dont l’Ordre fut institué par le général de Gaulle en 1940 peu après son appel.
Despina Bekiari, maire adjointe en charge du devoir de mémoire et des associations patriotiques, inaugurait lundi 3 l’exposition en compagnie du général Allard, cette fois-ci au titre de président du Souvenir français de Châtenay-Malabry.
Car l’exposition préparée par le musée de l’Ordre de la Libération est présentée par deux comités locaux : celui de la Société des membres de la Légion d’honneur qui œuvre à la « solidarité intergénérationnelle ». Celui du Souvenir français qui entretient la mémoire de celles et ceux qui sont tombés pour la France.
L’exposition a un sens pour Despina Bekiari et c’est la raison pour laquelle la municipalité l’a soutenue. Il faut parler histoire, il faut parler valeurs aux jeunes générations. Pour elle, en ces temps compliqués qui voient revenir la guerre en Europe, le lien est à réinventer avec les jeunes. Une jonction entre l’esprit du passé et celui du présent est à rétablir. Le patriotisme des combats de la Seconde Guerre mondiale, l’esprit de la Défense doivent se réincarner. Les écoles sont invitées à l’exposition. Mais tout un chacun peut y trouver de quoi espérer.
Pour l’élue, il y a une mémoire à transmettre, à faire vivre, à expliquer, à défendre. L’exposition révèle des personnes qui se sont engagées, qui ont combattu, voire qui sont mortes pour que la France vive libre. Elle donne à lire des vies simples et exemplaires. Se souvenir d’elles est une valeur en soi. L’exposition est jusqu’au 15 juin.