Samedi après-midi, la ville de Sceaux rendait hommage à Chantal Brault qui disparut soudainement le 11 août. Premier adjoint au maire depuis 2001, elle était élue depuis 1995. Elle avait reçu les insignes de chevalier de la Légion d’honneur en 2006.
Double hommage, à la fois chrétien puisque telle était sa foi ; politique puisque tel était son engagement. Deux facettes intimement mêlées de Chantal Brault que la journée de samedi traduisit avec une messe en l’église Saint-Jean-Baptiste suivie d’une réception dans la grande salle de la mairie. C’est en cortège que l’assistance rejoignit la mairie déjà remplie à son arrivée.
Hommages imbriqués donc, même si de natures bien différentes. Les cérémonies montrèrent combien Chantal Brault fut multiple. La République porta son drapeau dans l’église Saint-Jean Baptiste où députée, sénateur, élus scéens, maires, Philippe Laurent bien entendu, et bien d’autres personnalités qu’on nous excusera de ne pas citer toutes, assistèrent à la messe qui fut célébrée en sa mémoire.
Les témoignages l’ont dit et redit, Chantal Brault vécut un engagement unique, chrétien et politique. Chrétien parce qu’assumé dans le partage et le souci du prochain. Chrétien dans l’engagement continu dans sa paroisse, Saint-Jean-Baptiste, dont elle suivit passionnément la restauration. Politique, parce que pleinement investie dans la cité, convaincue des nécessités « d’agir, de décider, de convaincre ». Politique parce que sa longue expérience d’élue fut animée du besoin de construire et de mener des projets, de les défendre et de descendre dans l’arène agressive où s’expriment par principe les oppositions.
Itinéraire familial aussi. La fonction d’élue est chronophage. Mais, dans l’église bondée, sa fille Véronique (s’exprimant aussi au nom de sa sœur Isabelle), un de ses petits-fils exprimaient que sa fonction ne s’exerça pas au détriment de celle de mère ou de grand-mère. Ils évoquèrent de menus détails, infimes détails qui racontent comment la mémoire conserve la présence, détails qui exprimaient combien sa vie publique ne fut jamais conduite au détriment des siens : son désir de transmettre son goût pour la musique, la peinture, son temps passé à jouer aux dés ou à nager avec ses petits-enfants, le souvenir impérissable que laissent son poulet à la crème et son gratin dauphinois. Les enfants se forment dans les assiettes. Souvenirs épars et restitués devant l’assemblée réunie dans l’église qui accompagnaient la messe de la dimension charnelle, celles des hommes, sans laquelle la « chair » divine serait bien abstraite.
Parcours familial encore. L’épouse de Jean-Philippe Brault, militaire, née Chantal Judes, en suit la carrière, elle-même fille de militaire et qui naquit de ce fait en Allemagne. Cette lignée la conduira à suivre les cours de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) et à présider l’association des auditeurs.
Dans la vaste salle Erwin Guldner de la mairie, Philippe Laurent reprend la parole pour adresser « un adieu et un merci » et remettre la médaille de la ville de Sceaux à ses filles. « J’aurais préféré la remettre à elle », dira-t-il d’une voix teintée d’une forte émotion, émotion partagée par les filles. Dans son éloge, Jean-Didier Berger au nom du territoire Vallée Sud où elle siégeait, rappellera la loyauté d’une femme engagée dans la politique en un moment où dominaient encore les hommes.
La présence de tant et tant d’élus de la ville mais aussi de villes voisines, de tant de gens qui l’ont connue et qui sont encore surpris qu’elle ait disparu en pleine capacité, en pleine activité, cette présence donc manifestait une sorte de reconnaissance et de gratitude républicaines envers celle dont ils retiennent qu’elle s’est donnée sans compter.
Et la journée exprima à sa manière l’alchimie de la vie de Chantal Brault où se mêlent la présence du Christ, l’Europe, la démocratie, un attachement profond au sort de la jeunesse, avec une Bretagne au cœur de ses racines et sa ville de cœur en elle comme un sceau.
Sceaux Mag de septembre consacre un dossier spécial à Chantal Brault
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