Une exposition « Irène et Frédéric Joliot-Curie, entre Science et Société » en l’honneur de ces deux prix Nobel se tient à l’Hôtel de Ville de Sceaux depuis le 17 septembre et jusqu’au 15 octobre ( heures d’ouverture de la mairie).
Elle est à l’initiative d’une scéenne Jocelyne Blais qui a travaillé au Laboratoire Curie. Celle-ci a réagi l’an dernier à une liste des personnalités enterrées au cimetière de Sceaux, liste qui omettait curieusement I. et F. Joliot Curie. Après discussion avec Hélène Langevin , leur fille (petite fille de Pierre et Marie Curie) et Mr Allardi adjoint au maire chargé de la culture, s’est imposée l’idée de réaliser une exposition pour mieux faire connaître la vie et l’œuvre de ce couple de scientifiques.
La conception des panneaux réalisés pour cette exposition a été réalisée grâce à une étroite collaboration entre Hélène Langevin, Jocelyne Blais et Natalie Pigeard-Micault, historienne, directrice adjointe du Musée Curie (Elle travaille sur l’histoire des femmes en sciences et en médecine et a publié des ouvrages sur Marie Curie.). La réalisation est soutenue financièrement par l’Association Curie et Joliot-Curie (ACJC)
Un couple de scientifiques exceptionnel
Quand on regarde les photos des congrès Solvay, ces congrès qui réunirent le gratin des physiciens ou des chimistes du monde entier, on est surpris de l’écrasante présence masculine. Marie Curie est la seule femme présente en 1911 et dans tous les congrès suivants . Le Conseil Solvay de1933 voit un changement : trois femmes sont présentes ! Marie Curie est toujours là. Il y a aussi Lise Meitner, née en 1878, souvent citée comme l’un des cas les plus flagrants de scientifiques injustement ignorés par le comité attribuant le prix Nobel. La jeune Irène, (née en 1897) et son mari Frédéric Joliot, sont présents et communiquent leurs premiers résultats, au milieu d’autres physiciens dont l’histoire a retenu le nom : Schrödinger, Heisenberg, Pauli, Bohr, Rutherford… .
Irène et Frédéric travaillent ensemble au laboratoire Curie depuis 1924. En 1933, ils mettent en évidence la formation d’isotopes radioactifs du phosphore et de l’azote, ce qui leur vaudra le prix Nobel de chimie en 1935 pour la découverte de la radioactivité artificielle.
Le couple Joliot Curie est engagé dans les combats de leur temps : soutien du mouvement antifasciste espagnol, droits de la femme .. . En 1936 Irène entre dans le gouvernement du Front populaire de Léon Blum, comme sous-secrétaire d’État à la recherche scientifique, une manière pour Irène d’affirmer les droits de la femme !
En 1939, Irène Joliot étudie les isotopes radioactifs formés dans l’Uranium. A partir de ses résultats Otto Hahn et Fritz Strassmann apportent la preuve de la fission de l’uranium par bombardement de neutrons. Puis Frédéric Joliot et ses collaborateurs montrent la possibilité de la réaction en chaîne lors de la fission nucléaire. Il dépose cette année-là trois brevets sur l’utilisation de la réaction en chaîne. Deux d’entre eux serviront de base après la guerre à la conception des réacteurs nucléaires.
La défaite française de 1940 bouleverse la vie de la famille Joliot-Curie. Fréderic entre dans la Résistance, adhère au Parti Communiste Français. Les deux époux ont un engagement politique marqué à gauche. En 1944, Frédéric participe à l’insurrection de Paris (on le voit dans le film « Paris brûle-t-il ? »).
A la Libération Frédéric Joliot-Curie devient directeur du CNRS et en 1945 il est nommé Haut- Commissaire à L’Énergie Atomique (CEA) crée par le Général De Gaule. Irène y est commissaire. Frédéric Joliot supervise la construction, à Fontenay-aux Roses de la pile Zoé premier réacteur nucléaire français qui est mise en marche en 1948 –
Frédéric Joliot est très actif dans les mouvements pacifistes. Il devient Président du Conseil Mondial pour la Paix. EN 1950, il est l’un des premiers signataires de l’ Appel de Stockholm pour l’interdiction de l’arme atomique. Il est alors révoqué de son poste au CEA. Irène quitte également le CEA
Irène devient directrice du Laboratoire Curie de l’institut du Radium en 1945. Elle reprend la chaire de physique générale et radioactivité précédemment occupée par sa mère. Pendant 10 ans, elle prépare la création de ce qui deviendra futur Institut de physique nucléaire d’Orsay et la mise en place d’un synchrocyclotron. Elle décède en 1956 et le projet sera repris par Frédéric Joliot qui décède à son tour en 1958.
Tous les deux auront l’honneur de funérailles nationales et seront inhumés au cimetière de Sceaux. Leur héritage est considérable dans le développement de notre monde moderne.
Pour en savoir plus, le plus simple est d’aller voir l’exposition, et d’aller écouter, le 10 octobre, la conférence que donnera Hélène Langevin à 20h30 à l’Hôtel de Ville.
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