La situation sanitaire de notre pays est très tendue, avec une circulation du virus du Covid à un niveau élevé, a déclaré le ministre de la Santé, Olivier Veran, dans sa conférence de presse du 11 mars. Il n’a pourtant annoncé aucune nouvelle mesure restrictive.
Une Ile-de-France particulièrement touchée
Le ministre a insisté sur le fait que la situation est très diverse géographiquement, avec un rapport de 11 entre l’incidence dans le département le plus affecté (les Alpes-Maritimes) et celle dans celui qui l’est le moins (les Pyrénées-Atlantiques).
La situation la plus inquiétante est cependant aujourd’hui celle de l’ensemble de la région Ile-de-France. Il faut noter que sur les cinq dernières semaines, le taux d’incidence France entière a augmenté de 3% alors qu’elle a cru de 60 % environ en Ile-de-France. Il y a un mois, l’agglomération parisienne était la quatrième la plus infectée, assez loin derrière celles de Nice, Marseille et Metz. Depuis, la pression a nettement baissé dans ces trois agglomérations quand elle a fortement augmenté en Ile-de-France.
On peut se demander si les taux d’incidence, globalement stables sur notre pays, reflètent bien la réalité. Olivier Véran a souligné que les courbes d’hospitalisation et d’incidence n’étaient plus parallèles et a fait l’hypothèse que la cause en était le variant anglais, qu’on sait plus contagieux, et qu’on découvrirait également plus dangereux. Une autre explication serait que les Français se testent moins en cas de soupçon Covid.
Action ou inaction ?
La conséquence logique serait de prendre des mesures de type confinement en Ile-de-France. C’est le point de vue de la plupart des infectiologues, qui le préconisent d’ailleurs depuis plus d’un mois. Le gouvernement est manifestement très réticent devant cette mesure et on peut se demander pourquoi.
Une première explication serait qu’il ne veut pas se désavouer alors qu’Emmanuel Macron a refusé un troisième confinement en février et que le gouvernement n’a pas décidé d’agir en Ile-de-France la semaine dernière. On notera cependant qu’il a toujours pris soin de laisser la porte ouverte pour de nouvelles mesures.
Un article de la Croix du 1er mars, intitulé « pourquoi l’ile-de-France n’est pas confinée ?» donne un éclairage particulier. Selon une députée LREM dont les propos sont rapportés par le quotidien, un confinement le week-end ne serait tout simplement pas respecté, car l’acceptabilité se réduit : le couvre-feu est plus appliqué à 20 heures qu’à 18 heures ».
Cette explication rejoint assez bien certaines observations sur la faible part des personnes infectées comme des cas contacts qui respectent la demande d’isolement, mettant largement à mal le programme tracer/tester/isoler. Elle rejoint aussi l’idée évoquée plus haut d’une moindre propension à se faire tester.
Les positionnements politiques sont également révélateurs : jusqu’en février, il y avait deux types de critique du gouvernement. D’une part, celle qui pointait les mauvaises applications (sur les traitements, les masques, les tests, la vaccination…) et celle qui trouvait les mesures trop sévères (de manière générale ou pour telle ou telle catégorie). La décision de Macron de ne pas confiner en février ouvrait une place à un discours plus rigoureux, s’appuyant sur celui des scientifiques. Or, aucun responsable politique ne s’est glissé dans la brèche. Et manifestement, ni Anne Hidalgo ni Valérie Pécresse n’ont réclamé un confinement.
Les résultats du dernier sondage IPSOS sur la popularité de l’exécutif montrent en mars, par rapport à janvier, une progression de 6 points pour Macron, de 4 points pour Castex et de 6 points pour Véran. Comment ne pas l’interpréter comme une approbation du refus gouvernemental de confiner ? Du moins, la politique n’est pas désapprouvée. Il faut faire l’hypothèse que les partisans de mesures plus contraignantes sont aujourd’hui très minoritaires. En ayant en mémoire que l’opinion publique est fluctuante par nature.
Dans le détail, on note (avec prudence, au regard des incertitudes plus fortes pour les sous échantillons) que la popularité du président augmente de 11% chez les 35/59 ans mais stagne chez les plus de 60 ans, qu’elle recule de 2% en Ile-de-France quand elle progresse de 7% ailleurs.
En simplifiant, on peut supposer que les plus de 70 ans se protègent en attendant d’être vaccinés, que les 50/70 ans se préoccupent de la vaccination de leurs parents en attendant de se préoccuper de la leur et que les moins de 50 ans voudraient surtout un retour à une vie normale !