Dans un premier article, nous avons vu les options proposées par le Conseil scientifique et le choix faits par le gouvernement à ce propos. Le présent article va se concentrer sur le VOC, nom officiel de ce qui a jusque-là été surnommé le variant anglais. Le Conseil s’attarde en effet sur ce qu’il considère comme une menace grave.
Le VOC
La note rappelle qu’individuellement, le variant anglais VOC 202012/01 n’est pas plus dangereux (il n’y a pas plus de formes graves) mais qu’il est de 1,4 à 1,7 fois plus contagieux. La conséquence se voit sur les courbes d’évolution de l’incidence pour les pays dans lesquels ce variant est devenu majoritaire.
En un mois, le Royaume-Uni a vu le nombre de cas quotidiens par million d’habitants passer d’un peu plus de 200 à plus de 800. La France avait eu à peu près la même progression en octobre. Mais le cas de l’Irlande est à part : le nombre de cas quotidiens par million d’habitants est passé de moins de 100 à 1200 en deux semaines seulement. Mardi 19 janvier, ce pays de 5 millions d’habitants a déploré 92 décès Covid, quand le Royaume-Uni en comptait pour sa part 1610.
Développement prévisible
Pour l’instant, le VOC représente environ 1% des nouveaux cas en France. Le Conseil a étudié l’évolution possible de sa place dans les semaines et mois qui viennent. Ce calcul prend comme hypothèse de base que les nouveaux cas avec le variant classique restent au niveau actuel de 20 000 nouveaux cas quotidiens et fait plusieurs scénarios, selon que le VOC est 1,4, 1,5 ou 1,7 fois plus contagieux. Le nombre de cas avec ce variant augmente donc exponentiellement et finit pas dépasser le nombre de cas avec le variant classique. Le nombre de cas totaux se met alors à augmenter très vite, comme on a pu le voir récemment au Royaume Uni ou en Irlande.
Le tableau ci-dessous montre le nombre de cas du VOC attendus le 1er février et le 1er mars selon les hypothèses sur le taux de transmission associée au VOC . Les valeurs entre parenthèses correspondent à l’intervalle de confiance pour le résultat.
Selon les scénarios de transmission, le VOC devient dominant plus ou moins tôt. Le conseil fait ensuite l’hypothèse que le taux de reproduction passe à 1,5 pour tout le pays (cas où de nouvelles mesures ne sont pas prises). Selon les scénarios (et en fonction de la vaccination dont on parlera dans l’article suivant), la nouvelle vague de la maladie arrive plus ou moins vite.
Sans nouvelles mesures, on observe une nouvelle vague beaucoup plus élevée que les précédentes et qui dépasse très largement les capacités des hôpitaux. Bien entendu, étant donné le stress attendu sur le système de santé, des mesures de contrôle (potentiellement drastiques) seront mises en place pour réduire la circulation virale. La figure ci-dessous montre comment les dynamiques changent si ces mesures permettent de faire passer le nombre de reproduction de 1.5 à 1.2 (attention, les échelles ne sont pas les mêmes que dans le graphique précédent, le mieux est de comparer la hauteur de la vague avec celle des précédentes).
Bien entendu, il n’est pas possible d’accepter un tel scénario. Le Conseil est ici dans son rôle d’alerte. Il illustre le fait que les mesures à prendre au printemps devront probablement être drastiques, mais aussi que la vaccination contribuera à protéger le système de santé. Retenons cependant que des mesures plus contraignantes (= un nouveau confinement) devront être prises à un moment donné.
Prochain article : la campagne de vaccination
Le conseil scientifique fait un travail remarquable. Dommage que ses contenus ne soient pas plus repris par les médias qui se focalisent sur les points polémiques et oublient d’informer les Français