Début juillet, la période estivale commençait avec le sentiment que le virus qui avait gâché notre printemps se faisait rare mais avec un petit doute. Espoir, parce que depuis avril, semaine après semaine, les indicateurs montraient un recul de l’épidémie, avec en particulier une baisse du nombre de nouvelles hospitalisations ou d’entrées en soins intensifs.
Petit doute parce que le fameux R, celui qui montre le taux de reproduction de la maladie (en pratique, le nombre moyen de personnes contaminées par un malade), après des semaines nettement en dessous de 1, commençait depuis à peu près la mi-juin à s’en rapprocher progressivement.
Deux mois d’augmentation du nombre de cas
En juillet, R a continué à augmenter, semaine après semaine, et il est rapidement devenu évident qu’il était passé au-dessus de cette barre de 1 (l’élément neutre de la multiplication) : en dessous de 1, le nombre de contaminés diminue semaine après semaine, au-dessus de 1, il augmente au contraire.
Les optimistes ont voulu croire que ce n’était pas un problème : d’une part on était très loin de la vitesse observée en mars (triplement chaque semaine), d’autre part, l’augmentation des cas semblait toucher surtout les plus jeunes, pour qui la maladie est très rarement grave.
Dans son bulletin épidémiologique fin août, Santé Publique France observait cependant un doublement tous les 14 jours. Certes, c’est moins rapide qu’au printemps, ce qui donne plus de temps pour réagir, mais si on reste au même rythme, le résultat est le même : dans deux ou trois mois, les services hospitaliers seront complétement saturés !
La très forte augmentation du nombre de cas quotidiens (multipliés par plus de 10 depuis mi-juin) a d’abord touché les jeunes adultes, ce qui explique qu’elle a eu peu d’impacts sur le nombre d’hospitalisations ou de décès. La part des plus de 60 ans parmi les cas positifs, qui était supérieure à 45 % à la mi-mai, n’était plus que de 12% environ fin août : division par 4 de la part d’un total multiplié par plus de 10, on voit que le nombre de cas augmente aussi parmi les plus de 60 ans, mais nettement moins vite.
Cette situation moins défavorable pour les plus âgés semble terminée : depuis quelques jours, leur part semble augmenter, alors que le total ne cesse de grossir.
Saturation des hôpitaux
Alors oui, si les français ne trouvent pas collectivement le moyen de faire passer le taux de reproduction en dessous de son niveau actuel et en dessous de 1, la deuxième vague de saturation des hôpitaux va arriver.
Il y a quelques jours, 9 % des lits de réanimation était occupés par des malades du Covid. Mardi 8 septembre, on est passé à 10 %, mercredi à 11% et jeudi à 12 %. Au rythme actuel, on serait à 25 % dans quinze jours. Et cette proportion recouvre de grandes différences entre territoires : il semble qu’on approche la saturation des maintenant dans les hôpitaux marseillais.
Alors oui, les gestes barrières n’ont jamais été plus indispensables ! Il ne faudra pas s’étonner de décisions plus restrictives : le Royaume Uni, vient d’interdire les rassemblements de plus de 6 personnes, à l’extérieur comme à l’intérieur et y compris dans l’espace privé.
P.S. Des explications très claires dans l’émission de C dans l’air de mercredi 9 septembre