Juger le 13-novembre. Une réponse démocratique à la barbarie est un très beau livre qui vient de paraître aux Editions de La Martinière(*) . Il est signé de Nöelle Herrenschmidt, aquarelliste, accompagnée pour les textes d’Antoine Garapon, magistrat, et d’Arthur Dénouveaux, président de l’association Life for Paris et rescapé de la tuerie du Bataclan.
Sur décision du ministère de la Justice, avait été aménagée la salle des pas perdus du palais de justice historique sur l’île de la Cité (le nouveau est à la porte Clichy). Avec ses 750 m², elle pouvait accueillir plus de 500 personnes.
Ce sont des centaines d’aquarelles réalisées pendant le procès. Les notes de celle qui se présente comme une reporter-aquarelliste sont agencées comme un journal de bord. Elles éclairent de menues observations l’ambiance qui règne dans la salle d’audience. Les ambiances devrait-on dire tant qu’elles ont changé au cours des mois de procès.
Noëlle Herrenschmidt met une incroyable humanité dans ses portraits qu’on dirait pourtant exécutés rapidement, sur le vif, pour capter l’instant, prendre un geste ou l’expression d’un visage. C’est un mélange d’immédiateté et de solennité, de lente avancée des témoignages, des dépositions et des plaidoiries.
Ce procès devint rapidement l’affaire de tous: non seulement des victimes mais aussi de la défense, de la presse, et des autres participants qui furent associées en amont à sa préparation. A tous, il était demandé d’inventer une forme de justice nouvelle, pour répondre à la barbarie? Voilà pourquoi les émotions purent se mêler à la raison, que la compassion ne fut plus ennemie d’une juste répression, qu’on put faire jaillir de la radicalité une certaine humanité, que le nombre ne fut pas facteur de désordre mais d’une nouvel ordre.
N.H p.7
A lire, à offrir, à mettre entre toutes les mains.
(*) 208 pages, 27,50€