Alors que le nombre de cas Covid ne cesse d’augmenter sous la pression du variant anglais, la vaccination des plus âgés modifie nettement la situation des hôpitaux
Résumé
Alors que l’incidence tous âges augmente depuis deux mois, elle a fortement diminué chez les plus de 80 ans. Cela se traduit par une diminution de la mortalité et de la présence de ces personnes âgées parmi les hospitalisés. L’impact est beaucoup plus faible en réanimation, où la proportion des plus âgés a toujours été faible. Les moins de 60 ans étant dans tous les cas assez peu représentés, la question de la saturation des hôpitaux (et en particulier des services de réanimation) se joue (et se jouera) de plus en plus sur la tranche des 60/79 ans.
Incidence par âge
Le tableau ci-dessous donne par tranches d’âges l’évolution dans le temps des taux d’incidence moyens en France. En deux mois (semaine du 17 au 23 décembre vs semaine du 18 au 24 février), l’incidence tous âges a augmenté de 42%. Mais celle des plus de 90 ans a baissé de 36 %, et celle des 80/89 ans de 17%. La vaccination a évidemment joué un rôle important dans cette baisse. On observe en revanche une hausse de 21% chez les 70/79 ans, et de 35% chez les 60/69 ans. La hausse est plus forte pour toutes les tranches d’âge en dessous de 60 ans.
Impact sur les décès
La mortalité Covid varie fortement en fonction de l’âge. Le graphique ci-contre montre que les moins de 60 ans ont toujours représenté une faible part des décès (moins de 5% depuis que les traitements se sont affinés), alors que les plus de 80 ans en représentaient environ 60 % en fin 2020. Avec la vaccination des plus fragiles, on voit assez nettement baisser la mortalité des plus âgés. On peut imaginer que d’ici un mois, le nombre de décès de plus de 80 ans passera en dessous de celui des 60/79 ans (qui diminue aussi du fait de la vaccination des 75/79 ans). Sauf flambée de l’épidémie, les 65/74 ans commençant à être vacciné en avril, la mortalité Covid est appelée à baisser très nettement dans les prochains mois.
Impact sur les hospitalisations
On observe depuis le début du mois une baisse des hospitalisations des plus de 80 ans, qui représentent encore la tranche d’âge la plus représentée. Il y a aussi une baisse chez les 60/79 ans, malgré la hausse du taux d’incidence (ou parce qu’elle n’a pas encore impacté les hospitalisations). La part des moins de 60 ans est cette fois ci de l’ordre de 10 %. On peut s’attendre dans le mois qui vient à ce que les patients de plus de 80 ans deviennent moins nombreux que ceux de 60/ 79 ans et que le total soit assez stable.
Impact sur les services de réanimation
La situation est très différente dans les service de réanimation : les plus âgés sont trop fragiles pour supporter les traitements. Ils sont même moins nombreux dans ces services que les moins de 60 ans. Ceux-ci sont de plus en plus nombreux et représentent actuellement environ 20 % des lits, les 60/79 ans en occupant environ les deux tiers. Le nombre de 60/79 ans semble stable depuis un mois : c’est sur eux que se jouera la saturation ou non des services en mars et en avril, sachant que la vaccination ne devrait commencer à faire baisser la pression qu’en mai et surtout en juin. Si l’incidence croit de plus de 15% par semaine, comme on peut le craindre avec le variant anglais, les services seront malgré tout vite débordés.