Les deux premiers article sur l’avis du Conseil scientifique du 12 janvier ont abordé successivement la question du couvre-feu et celle du VOC (variant anglais). Face au risque d’une énorme vague causée par le développement du VOC, le Conseil estime qu’il y a une course contre la montre entre ce développement et la vaccination des plus fragiles
La vaccination
Le conseil recommande bien sûr d’utiliser les doses au fur et à mesure où elles sont reçues, mais ne rentre pas dans la polémique sur le démarrage jugé lent de celle-ci. Il part de l’hypothèse que les doses sont utilisées dans les 15 jours qui suivent leur livraison (plus exactement « que les vaccins disponibles un mois donné vont être distribués entre la deuxième quinzaine du mois et la première quinzaine du mois suivant »). Il fait aussi l’hypothèse que le calendrier des doses disponibles suivra le schéma « prévisionnel » d’approvisionnement du gouvernement décrit dans le tableau ci-dessous qui sera certainement soumis à plusieurs modifications : les chiffres sont en millions de personnes pouvant être vaccinées
Remarque sur la première ligne : Pfizer doit livrer 520 000 doses par semaine, ce qui devrait permettre de vacciner 1 million de personnes par mois. A ce rythme, il faudrait 5 ans et demi pour vacciner tous les Français. Pfizer a d’ailleurs annoncé qu’il produirait 2 milliards de doses en 2021, ce qui est déjà énorme, mais ne permet de vacciner, à raison de deux doses par personne, qu’une petite partie de la population mondiale. Heureusement, d’autres vaccins vont arriver dans les mois qui viennent. C’est ce que montre le tableau ci-dessus, qui fait l’hypothèse que ces vaccins reçoivent l’autorisation des instances habilitées à le faire.
La valeur de 0,7 million par mois pour Pfizer qu’on observe dans le tableau prend en compte un pourcentage prudentiel de 30 % de pertes. Dans sa conférence de presse, J Castex a indiqué que pour l’instant, les pertes sont beaucoup plus minimes. Il était à craindre que les conditions spécifiques du vaccin (conservation à – 80°) se traduisent par des pertes élevées. Pour l’instant, il apparait qu’on utilise efficacement les fins de flacons en vaccinant les soignants en fin de journée.
L’arrivée de nouveaux vaccins permet d’accélérer nettement le processus puisque la note fait espérer que 13,7 millions de Français seraient vaccinés à la mi-mai, soit un Français sur 5. Cela permettrait en théorie de vacciner toutes les personnes de plus de 65 ans qui le souhaitent (dans ses calculs, le conseil a fait l’hypothèse que 70 % des Français accepteront de se vacciner). Si la vague liée au VOC arrive seulement à ce moment-là, la vaccination de 100% des plus de 65ans permet, d’après le tableau ci-dessous, de réduire de plus de 90 % la létalité de la vague, de 80 % le nombre de lits d’hôpitaux nécessaires, de plus de 60 % le nombre de lits de réanimation occupés. On le voit l’impact sur le système de santé est majeur !
On notera qu’en vaccinant tous les plus de 75 ans, on réduit déjà de plus de 80 % la létalité, mais seulement de 30 % environ la pression sur les services de réanimation.
On comprend pourquoi le conseil parle de course contre la montre entre la vaccination et le développement spécifique du VOC ! Et aussi pourquoi un confinement est sérieusement évoqué pour bientôt par Olivier Veran