Un ami m’a communiqué les résultats d’un sondage réalisé par Elabe pour les Echos. Ce sondage porte sur le plan de relance du gouvernement annoncé une semaine plus tôt par le premier ministre.
Il est toujours surprenant de voir le très faible nombre de « sans opinion » dans ce type de sondage, qui porte pourtant sur des questions complexes. Peut-être que ceux qui n’ont guère d’opinion sur le sujet ont refusé de répondre dès le départ et que ceux qui ont accepté se sentent obligés de donner un avis ?
Des positionnements partisans
Une question portait sur les résultats attendus pour ce plan de relance. Il était proposé quatre objectifs :
- Soutenir les entreprises et secteurs en difficulté
- Rétablir la croissance du pays d’ici 2022
- Lutter efficacement contre le chômage
- Accélérer la transition écologique
Le maximum de réponses positives de la part de l’ensemble des sondés est pour la première réponse et le minimum pour la dernière (encore qu’avec un résultat très proche de celui de la troisième). Cet ordre de préférence est conservé peu ou prou quelques soient les sous catégories étudiées, par exemple selon l’âge ou selon le vote à la présidentielle.
Dit autrement, c’est le positionnement politique qui fait la réponse. Et elle traduit avant tout une plus ou moins grande proximité avec le gouvernement plus qu’un avis réel sur le fond (combien de sondés connaissaient réellement le contenu du plan ?). Mais c’est assez classique.
Là où cela devient franchement comique, c’est quand on regarde les résultats par préférence partisane à la question suivante qui demandait de choisir entre deux affirmations :
- Cet endettement est inquiétant et il rend le niveau de la dette trop important
- Cet endettement est nécessaire et permettra de mieux faire face à la crise
On aurait pu imaginer que les électeurs de F Fillon seraient soucieux de la dette, un peu moins ceux d’E Macron et pas du tout ceux de Marine Le Pen ou JL Mélenchon, au regard des programmes de 2017
Eh bien pas du tout. Ce sont au contraire les électeurs RN et LFI qui sont les plus inquiets pour l’endettement du pays. Comme quoi les sondés ont répondu en fonction de leur confiance ou leur défiance vis à vis du gouvernement, pas sur le fond.
Quelques mots du fond.
Il était demandé aux sondés quelles étaient leurs intentions de dépenses dans les prochaines semaines. 40 % des sondés ont choisi la réponse « réduire mes dépenses ». 56 % ne pas changer et 4% augmenter nos dépenses.
Une telle situation justifie que l’Etat dépense plus pour éviter une récession auto -entretenue. C’est dans ces situations que Keynes estime qu’il faut que l’État compense par une hausse des dépenses la baisse de celle des ménages (beaucoup de français à commencer par les politiques, pensent que Keynes propose un déficit permanent de l’État, ce qui est complétement faux).
Il était aussi demandé aux sondés s’ils pensent que les décisions seront mises en œuvre rapidement et efficacement. Là aussi, la réponse dépend essentiellement de la préférence partisane.
Cette question renvoyait à une polémique sur le sujet, portée par certains opposants au gouvernement, mais l’auteur de ces lignes s’est mépris en jugeant qu’une question aussi pertinente s’expliquait par la connaissance économique des donneurs d’ordre (les Echos et l’institut Montaigne).
En effet, des études d’évaluation ont montré que par le passé, les plans de relance avaient souvent été inefficaces car leur mise en œuvre avaient pris un temps trop long (en années plutôt qu’un mois). Un coup d’œil rapide sur ce point montre que ces évaluations passées n’ont pas été oubliés par les hauts fonctionnaires de Bercy ! Pour finir, on lira avec intérêt le point de vue d’un économiste sur ce plan de relance (Elie Cohen avait soutenu la candidature de Hollande en 2012 et celle de Macron en 2017). Un autre économiste est d‘un avis différent, les deux étant publiés sur Telos !