Le collectif d’artistes Bloc-House, en partenariat avec la ville de Sceaux organisait vendredi 17 octobre, le vernissage d’une exposition sur les livres d’artistes. Si l’exposition très temporaire est déjà finie, elle donne l’occasion de parler du livre d’artiste. C’est un livre (certes, mais pas que ! ce peut être une allusion au livre ou même une sorte d’allégorie) composé, construit, installé, préparé par un artiste qui en fait (de ce fait) un objet à considérer en lui-même. Une œuvre si l’on veut. Et l’expo présentait une étrange composition d’étranges interprétations. Normal, Le livre d’artiste, un monde en soi se voulait d’art contemporain.
Processus
L’idée de travailler sur le livre d’artistes revient à Eliza Magri, plasticienne membre du collectif. De même que Jérôme Bouchez qui prend le relais et projette d’organiser une installation, une « performance » dans la maison-atelier d’André Lurçat, architecte de son état. Il sollicite le soutien Philippe Laurent, le maire de Sceaux, qui lui accorde y voyant un projet « imaginatif et créatif » à l’image de ce qu’il souhaite pour la ville. Le service culturel s’y investit puissamment si l’on en croit les remerciements appuyés qui lui sont adressés.
Un appel à candidatures est mis sur le site de la Maison des artistes. Des professionnels donnent bénévolement de leur temps pour constituer un jury et choisir parmi toute une série de candidatures celles qui furent retenues.
Un curateur est sollicité. Christophe Delavault aborde le sujet avec une « proposition excessivement large ». « On est vraiment sorti du cadre du livre. L’idée n’était pas de faire une exposition d’un livre illustré ou de livre décoré, mais bien d’ouvrir le champ de cette thématique à quelque chose de beaucoup plus vaste. » Message reçu.
Pour Jérôme Bouchez, le livre d’artiste est « une œuvre très particulière. Très intime. » Il en fait un court historique et cite une exposition à la galerie Enseigne des Oudin, à Paris. Elle vient juste de s’achever, mais on peut s’en faire une idée sur le site de la galerie. Il cite Anselm Kiefer et ses Livres et Xylographies, Louise Bourgeois et ses livres textiles. Quant à l’expo de Sceaux, il la présente comme volontairement « atypique », « ténue » saluant l’inspiration du curateur qui « a su fondre tous les objets dans cet objet Maison Lurçat ». Le vœu était que l’architecture de la maison soit en intimité avec l’exposition, qu’une œuvre se découvre au détour d’une pièce.
La maison symbole
Le maire, ce soir-là, est tout heureux de voir la maison vivre. « Elle est un peu dans son formol pour l’instant », dit-il avec humour. Logique, elle vient d’être classée au titre des Monuments historiques. La Ville devra financer d’importants travaux de rénovation. L’ambition, déjà ancienne, est d’en faire un lieu-ressource sur l’architecture moderniste, de faire découvrir le capital pavillonnaire de la région, de Bourg-la-Reine à Châtenay en passant par Sceaux.
Jérôme Bouchez qualifie le modernisme d’André Lurçat de fonctionnaliste et voit dans la maison un objet… une œuvre en soi. A comprendre parmi ses contemporains Charlotte Perriand ou Le Corbusier.
Pour Christophe Delavault, la maison est celle d’un architecte pour qui l’espace et le volume ont une importance cardinale. Et pour lui, la sélection des œuvres présentées pose la « question de la place du volume » dans cet autre volume qu’est la maison. L’idée était de ne pas en rester au « narratif » d’un ouvrage ou au simple rapport au papier et à la lecture.
Liens vers les auteurs
Difficile de rendre compte de tous les travaux exposés. Le contemporain se prête bien aux « concepts » mais mal à la description matérielle. Le catalogue de l’expo n’étant pas en ligne, on préfère renvoyer aux différents sites personnels des artistes sélectionnés (ceux qu’on a trouvés) : Alice Andrieu-Petitjean, Milan Atanaskovic, Rodolphe Baudouin, Christophe Bogdan, Jérôme Bouchez, Sibel Ceylan et Konstantinos Berdeklis, Macha Krivokapic, Laurence Bost, Lin Leï, Eliza Magri, Margot Montenoise, Stéphane Moraux et Vincent Pendellé.
Devant un petit buffet organisé par la mairie, Christophe Delavault appela les artistes un par un en citant leur travail. Ainsi présentés, identifiés, on pouvait à loisir se diriger vers ceux qu’on avait repérés avant les speechs et pour lesquels on se demandait ce qu’ils avaient en tête.

