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Années 40 à Fontenay-aux-Roses

Du 5 au 28 septembre 2025, la médiathèque de Fontenay-aux-Roses accueille une exposition sur la période 1939-1949, œuvre de l’archiviste de la Ville, David Descatoire. De la « drôle de guerre » à l’occupation allemande puis de la Libération à la fin du rationnement en décembre 1949, c’est avant tout la vie quotidienne des habitants qui est retracée, à partir de documents d’archives, dont quelques photos. On retiendra ici quelques faits marquants.

En 1940, la ville se vide

Peuplée de plus de 7.000 habitants en 1939, la ville n’en compte plus que 2.520 le 26 juin 1940. Environ un millier d’hommes ont été mobilisés en 1939. Au moins 300 élèves de primaire sont évacués vers le Loir-et-Cher en septembre 39. D’autres fuiront la ville à l’approche des Allemands : ils reviendront progressivement.

Restrictions et tickets de rationnement

La carte d’alimentation nominative a été mise en place par un décret du 29 février 1940. Elle est délivrée à partir du 16 mai 1940 par la mairie. Les attributions de denrées alimentaires et de charbon se feront en distinguant les enfants de moins de 3 ans, les jeunes jusqu’à 21 ans, les adultes et les plus de 60 ans. Les travailleurs de force bénéficient d’une carte spéciale.

Pour juguler la pénurie, le nouveau régime de Vichy incite à cultiver les terrains qui le permettent. Idéologiquement, le retour à la terre est valorisé, mais ce sont les privations qui poussent certains à entretenir des potagers partout où c’est possible. Le pays contribue largement à l’effort de guerre allemand, y compris en nourrissant l’armée allemande.

Listes

A la demande de Vichy et/ou de l’armée allemande, la mairie est contrainte de dresser toujours plus de listes de la population. Les ressortissants de langue allemande sont les premiers visés (ils ont fui leur pays…), puis les Italiens, puis les juifs, l’ensemble des étrangers, les personnes de passage, les jeunes en âge de partir pour le STO…

Réquisitions et pillages

L’article 18 de la convention d’armistice stipule que « les frais d’entretien des troupes d’occupation allemande seront à la charge du gouvernement français ». Cela se traduira d’abord par la réquisition d’habitations pour loger les officiers. Plus anecdotique, l’enlèvement des monuments « en alliage cuivreux ».

Dénonciations

En décembre 1941, la police perquisitionne chez Auguste Lemaire, dénoncé pour des tickets de pain. Elle découvre un fusil de chasse et un pistolet rouillé de la guerre de 14. Il est fusillé. On observera le même type de dénonciation à la Libération. Le 23 octobre 1943, le docteur Pierre Raine est interpellé par la Gestapo, sur dénonciation, pour délivrance de faux certificats médicaux aux réfractaires du STO. L’exposition ne précise pas ce qu’il est devenu.

Libération

Le 19 août 1944, alors que les Alliés sont encore loin de Paris (qu’ils ont l’intention de contourner). Deux mille policiers résistants s’emparent de la Préfecture de Police, hissent le drapeau tricolore sur la Préfecture et sur Notre-Dame. Les combats pour la libération de la ville ont commencé. Le lendemain, 20 août, le comité de Libération Locale (CLL) s’empare de la mairie de Fontenay, sans heurts particuliers. De fait, les Allemands quittent la banlieue sud, tout en laissant des forces sur les principaux accès : on ne sait plus trop où ils sont ou ne sont pas.

Le 24 août (et non le 23 comme indiqué dans l’exposition), les troupes de la 2e DB s’emparent d’Antony, de la Croix de Berny et de Bourg-la-Reine. Un détachement arrivera le soir à l’hôtel de ville de Paris.

Fort de Châtillon

Ce fort, édifié en 1874, n’est pas utilisé pendant la guerre, mais à la Libération, sert de prison à des collaborateurs comme Joseph Darnand et d’autres ayant eu des responsabilités nationales pendant la guerre. Une vingtaine d’entre eux y seront fusillés.

En juillet 1946 il est attribué au CEA récemment créé, qui en fera son premier centre de recherches. C’est là que diverge fin 1948 la pile Zoé, ancêtre de la filière nucléaire française.

Retours

Avec la fin de la guerre en Allemagne, à partir du printemps 1945, la ville voit revenir les prisonniers de guerre, les travailleurs du STO, les déportés qui ont survécu. En 1946, ce sont même les cercueils qui reviennent.

Laure Diebold-Mutschler

Dans la ville habite l’une des 6 femmes faites Compagnon de la Libération. Laure Debold, née Mutschler a fait partie du secrétariat de Jean Moulin, auprès de Daniel Cordier, à Lyon puis à Paris. Son mari et elle logent alors chez son frère René, à Fontenay-aux-Roses. Arrêtés puis déportés tous les deux (elle à Ravensbrück), ils reviendront vivants mais très malades. Ils vivent quelques temps dans un cabanon, dépendance de la maison de son frère. Elle ne participe pas aux célébrations annuelles du 8 mai, sans qu’on sache pourquoi.

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