Comparée à la Provence, la Côte d’Azur, la Bretagne, l’Alsace ou Loire qui captent l’attention des médias et des agences de voyages, la baie de Somme passe pour méconnue. La réputation de son climat humide et souvent nuageux ne correspond pas aux critères classiques du soleil et de la chaleur. C’est un tourisme plus familial, moins spectaculaire, et pas loin de nos communes. Encore que le tiers du chemin est de contourner Paris pour se retrouver sur les routes du nord.
Une guirlande de bords de mer
Pour qui veut éviter Le Touquet (trop couru), ce n’est pas difficile. Il suffit d’aller ailleurs. Disons à Berck. La plage est immense, le front de mer est bordé des restaurants avec des vérandas, ce qui prouve que le vent peut y souffler sans lésiner. On y respire le large, des skysurfers filent sur l’eau, les goélands tournoient dans le ciel.
A Quend, pas loin, très populaire aussi, connu pour ses campings et ses gîtes dans les pinèdes, les moules-frites sont servies avec un souci d’abondance. On n’a pas observé, le matin tôt ou à marée basse les colonies de phoques parce qu’on était à Fort-Mahon. Allez-y si vous aimez les dunes, elles sont larges. On s’y perd, mais pas trop. Ce n’est pas le Sahara, des herbes y poussent ici et là.
Surtout, un train, un vrai, un tortillard grandeur nature, wagons à l’ancienne, garantis sixties ou seventies fait le tour de la baie, du Crotoy jusqu’à Cayeux-sur-mer. Du Crotoy à Saint-Valery (sur Somme), il est à vapeur. Entre Saint-Valery et Cayeux, une BB 60002, surnommée Le Dracolas est la locomotive diesel qui tire les vieux wagons bien restaurés.
Les amoureux des lourdes machines mues par une énergie mécanique venue d’une énergie thermique trouveront sur ce site de quoi se rafraîchir la mémoire. Ils verront aussi le soin qu’apportent aux chaudières, aux bielles et aux pistons des ouvriers poètes des mécanismes anciens.
De part et d’autre de l’estuaire

Du Crotoy, on dit qu’elle est la seule plage du nord de la France orientée vers le sud. D’où la réputation de ses couchers de soleil. Et son joli patrimoine a conservé une architecture picarde et des maisons colorées. Jules Verne y a possédé une maison, c’est tout dire.
Saint-Valéry dispose aussi de jolis atouts. Une partie médiévale offre de charmantes vues sur la baie. On peut y flâner dans les anciens quartiers de pêcheurs. Un petit port de plaisance prouve qu’on peut en partir pour des belles navigations.
Au terminus de Cayeux, une plage de galets, de cabines et de planches accueille les amateurs du « comme à Deauville » sans les stars. Quand même de belles villas et une marée basse très profonde.
Côté généralités sur la région : belles balades à vélos avec de nombreuses pistes cyclables. Restaurants abordables : à la carte, agneau de pré-salé, ficelle picarde (c’est une sorte de crêpe au jambon et aux champignons dans une sauce béchamel), les moules bien sûr et autres coquillages.
Marquenterre aux oiseaux
Dans le parc du Marquenterre, une réserve ornithologique, vivent plus de 300 espèces d’oiseaux (selon les saisons). On peut les observer sans les déranger depuis13 postes (sortes de cabane en bois) sur un parcours balisé. On voit des avocettes, le vol discret des hérons cendrés, ou le pas feutré d’un chevreuil traversant un sentier sablonneux.
Les observatoires offrent des fenêtres sur l’intimité du monde sauvage dans une paix que seul un marais peut offrir. Sur leurs murs sont données plein d’explications sur les espèces. Un conseil, apportez vos jumelles et votre discrétion. C’est le silence des hommes qui donne de l’ampleur aux cris des oiseaux. Le plus grand parcours prend deux heures (en comptant les arrêts aux postes) et il y a des raccourcis.
Les points de vue valent le coup. La lumière y est changeante et la baie de Somme y est dans une nature rare et inattendue.