Partir de tableaux de Vermeer pour raconter la mondialisation au début du XVIIe siècle, c’est le pari de Timothy Brook, un historien canadien dans un livre paru en français en 2015. Les lecteurs ont adoré : l’auteur est un conteur formidable qui, à travers toute une série d’anecdotes, vous fait découvrir comment le monde a changé à cette époque. Au point qu’Arte en a fait un documentaire.
L’auteur observe que les tableaux de Vermeer sont révélateurs d’un quotidien marqué par la mondialisation du commerce. Dans la vue de Delft, Timothy Brook remarque les toitures rouges en haut à gauche. Ce sont les toits des entrepôts de la VOC (compagnie hollandaise des Indes orientales), dont l’historien explique qu’elle fut la plus puissante corporation commerciale du XVIIe siècle.

Chaque chapitre du livre se base sur un des tableaux du peintre de la jeune fille à la perle. Celui qui donne son titre en livre s’intéresse au chapeau de l’officier et la jeune fille riant. Un chapeau qui prend une place que l’on peut trouver démesurée dans la toile. On découvre en lisant que ce chapeau est en feutre et que seules les peaux de castor permettaient cette qualité de feutre. Très vite on se retrouve avec Samuel de Champlain se servant de son arquebuse dans une escarmouche entre tribus indiennes. Champlain remonte le Saint-Laurent en espérant trouver une voie maritime vers la Chine. Une Chine, objectif prioritaire de tout le commerce au long cours européen.
La lecture du livre fait passer en permanence de ce qui semble une anecdote à une autre, du chapeau au feutre, du feutre aux castors américains, de ces derniers à Champlain puis aux armes à feu et au rôle des armuriers européens, avant de revenir à la Chine et aux rêves des commerçants. Les passages sont tellement naturels, qu’au moment où on s’aperçoit qu’on a changé d’anecdote, on a déjà envie de savoir la suite de celle-ci. A la fin du chapitre, on découvre, au-delà d’anecdotes passionnantes et toujours racontées avec précision, que l’auteur nous a fait comprendre un élément essentiel de la mondialisation vers 1610.
On se met à envier les étudiants de Timothy Brook. Et on en redemande.
Le livre (10 € )