Dans le Sceaux Mag de mars 2025, on peut lire en page 6 la phrase suivante : …diverses expertes de la santé : naturopathe, ostéopathe, masseuse, psychologue et sexologue. On laisse ainsi croire que des personnes exerçant ces métiers ont non seulement une compétence en santé, mais que celle-ci est pointue.
L’article de Sceaux Mag évoque en une page complète la société Pemlab présentée comme un espace dédié au bien-être féminin. Le concept de bien-être est suffisamment flou et passe-partout pour que chacun puisse s’y référer. Mais il y a un dérapage dans les propos de la personne interviewée, que Sceaux Mag a laissé passer, quand elle parle d’expertise en santé. Quelle formation justifie cette prétention ?
Que dit la loi ?
« Les professionnels de santé sont limitativement énumérés par le Code de la santé publique (L.4001-1 à L.4444-3 du Code de la santé publique) et les ostéopathes n’en font pas partie.
Parmi les professionnels de santé, nous trouvons les professions médicales (médecin, sage-femme, chirurgien-dentiste), les professions de la pharmacie et de la physique médicale (pharmaciens d’officines et hospitaliers et physiciens médicaux), les professions d’auxiliaires médicaux (infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues, ergothérapeutes et psychomotriciens, orthophonistes et orthoptistes, manipulateurs d’électroradiologie médicale ou ERM et techniciens de laboratoire médical, audioprothésistes, opticiens-lunetiers, prothésistes et orthésistes, diététiciens, aides-soignants, auxiliaires de puériculture, ambulanciers et assistants dentaires).
Aussi, si un ostéopathe utilise cette qualification, cela pourrait relever d’une usurpation de titre et/ou de qualité ou d’un exercice illégal de profession réglementée sanctionnable d’un an d’emprisonnement et de 15000 euros d’amende. »
Ce qui est dit ici pour les ostéopathes est évidemment également valable pour les naturopathes. Dans la suite de l’article, on se focalisera sur cette pratique qui vient en premier dans la liste des pratiques évoquées dans Sceaux Mag et qui est manifestement la pratique la plus mise en avant sur le site de Pemlab.
Que dit la science ?
Dans le domaine de la santé, le principe de la médecine moderne, basée sur les preuves (celle qui a permis un triplement de l’espérance de vie en 3 siècles), est de ne promouvoir un traitement, un médicament, qu’après des études rigoureuses sur ses effets, y compris ce qu’on appelle effets secondaires. Lorsqu’il s’agit d’évoquer l’efficacité de la naturopathie, tout se complique. « Il n’y a pas de données« , tranche Bruno Falissard de l’INSERM. On ne sait pas qui est naturopathe, qui va les voir… Et au bout du compte, on manque d’enquêtes transversales qui évalueraient l’efficacité de ces pratiques. Scientifiquement, il est donc impossible de répondre ».
Impossible de répondre, cela signifie que la science ne peut pas présenter les risques de la naturopathie en appliquant ses propres critères rigoureux. Ce qui veut dire que ceux qui consomment les produits proposés par le naturopathe acceptent de le faire les yeux fermés : pas de notice indiquant la posologie conseillée ou les effets secondaires, comme on le trouve dans tous les médicaments.
Sur son site, une naturopathe pose la question : la naturopathie, est-ce scientifiquement prouvé ? Sa réponse est intéressante. Elle explique que la naturopathie n’est pas dans une démarche scientifique, et que c’est même tout l’inverse. Parce que, dit-elle, la science recherche une solution qui fonctionne à grande échelle, alors que « la cause des problèmes en naturopathie est toujours multifactorielle et les solutions proposées n’ont d’intérêts que si elles sont personnalisées. » On sera content d’apprendre qu’une naturopathe est capable de mieux analyser la complexité d’une situation qu’un médecin qui dispose d’un arsenal d’outils d’analyse.
Pour en savoir plus sur le sujet, une série d’articles ici : https://cortecs.org/science-croyances/regard-critique-sur-la-naturopathie/
Quelle formation pour quelle expertise ?
II existe une grande hétérogénéité dans la définition de ce qu’est la naturopathie. Et donc beaucoup de formations différentes. Prenons une de celles qui arrivent en première page de Google : Ipsunat. Elle propose de devenir naturopathe en 15 mois dans un cadre de « cycle intensif » ou de 22 mois en semi-intensif « pour ceux qui veulent concilier formation et vie professionnelle ». Il n’est indiqué nulle part de critère de compétences(ou un niveau) pour commencer.
A titre de comparaison, en médecine moderne, vous pouvez devenir aide-soignant après un an de formation. Il y a un concours d’entrée. Vous pouvez devenir infirmière en trois ans ou sage-femme en cinq ans, avec un niveau bac au départ. Pour être diététicien, il faut avoir le BTS correspondant, soit une formation de deux ans après bac.
Dans ces conditions, il ne faut vraiment pas craindre le ridicule pour parler « d’experte de santé » à propos des praticiens de la naturopathie.
Oui c’est bien de pointer cet article fourre-tout, après un ostéopathe c’est tout autre chose qu’un naturophate, j’ai connu un certain nombre de médecins du sport qui en plus de leurs études ont suivi des formations d’ostéopathie pour pouvoir en autre suivre les équipes de France de judo ou de football, il y a un réel plus dans ces techniques qui enrichissent les techniques de kinésithérapie. Donc le problème dans cet article c’est l’impression que tout ces pratiques se valent…
Toutes ces soi-disant « expertes de santé », de même que l’acupuncture ou l’homéopathie, sont des placebos, qui parfois marchent, certes, tout comme les placebos, et comme la méthode Coué. Mais souvent elles coûtent cher. Et parfois elles font plus de mal que de bien. Il faut être très critique à leur sujet.
Je suis étonnée que Sceaux Mag les cautionne en les appelant « expertes de santé ».
Bonjour
Effectivement, le terme « experte de santé » n’est pas simplement excessif, il est tout simplement mensonger, comme expliqué dans l’article
Pour ce qui est du terme « charlatan », voilà quelques définitions que j’ai trouvées:
« guérisseur qui se vante de connaître des remèdes miraculeux »
« Personne habile qui trompe sur ses qualités réelles et exploite la crédulité d’autrui pour s’enrichir ou s’imposer. »
Je trouve que cela s’applique très bien
je note que je parle en particulier de naturopathie et que vous répondez sur l’ostéopathie
Sur l’ostéopathie, je vous invite à lire ce communiqué de presse de l’ordre des masseurs kinésithérapeutes, relayant un avis de l’académie de médecine concernant les risques de certaines pratiques à la mode chez les ostéopathes
https://www.ordremk.fr/actualites/ordre/communique-de-presse-lordre-des-masseurs-kinesitherapeutes-salue-la-prise-de-position-de-lacademie-nationale-de-medecine-sur-losteopathie-viscerale-et-cranienne-chez-le-no/
Ce que vous appelez médecine alternative, c’est tout simplement une pseudo science qui a imaginé un certain ombre de préceptes mais qui n’a jamais pu les prouver
Mais vous savez, il fut une époque où on a cru bon d’enseigner l’homéopathie dans certaines facultés…!
Il est surprenant qu »on fasse appel à ce type de pratique quand on a la chance de disposer de la médecine moderne (celle qui est basée sur les preuves et non sur l’imagination de ses inventeurs), une médecine moderne qui est très largement responsable du triplement de l’espérance de vie en trois siècles
Bonjour
Je pense que le terme « charlatans » est vraiment excessif. Il est particulièrement très excessif face au therme « expertes de la santé » écrit dans l’article.
Par ailleurs, ces lieux permettent de libérer la parole des femmes et reconnaître leur souffrance
Pour infos, quelques précisions sur l’ostéopathie, informations rarement connus :
Les ostéopathes sont considérés comme des praticiens de santé, mais ils ne sont pas assimilés à des professionnels de santé au même titre que les médecins. L’ostéopathie est une médecine alternative qui ne dispose pas du droit de prescription. Ils peuvent collaborer avec d’autres professionnels de santé, comme des médecins ou des kinésithérapeutes, pour offrir des soins complémentaires aux patients.
Le métier d’ostéopathe est réglementé depuis 2007, et pour exercer, il faut être titulaire du Diplôme d’Ostéopathe (DO) ou avoir suivi une formation universitaire complémentaire pour les médecins. Les ostéopathes diagnostiquent et traitent divers troubles fonctionnels du corps par des manipulations manuelles, mais ils ne posent pas de diagnostic médical au sens strict, sauf s’ils sont également médecins.
Les écoles d’ostéopathie en France sont reconnues par l’État et doivent obtenir un agrément du ministère de la Santé pour pouvoir délivrer le diplôme d’ostéopathe. Cet agrément est renouvelé tous les cinq ans et est essentiel pour garantir la qualité de la formation dispensée.
Pour exercer en tant qu’ostéopathe, il est obligatoire d’avoir suivi une formation dans un établissement agréé, ce qui assure que les diplômés répondent à des normes de compétence élevées. La formation dure au moins cinq ans et comprend un minimum de 4 200 heures, dont 800 heures de pratique.
Source : https://sante.gouv.fr/professionnels/se-former-s-installer-exercer/article/osteopathie-le-point-sur-la-formation