Depuis la réforme du bac en 2018, le tronc commun en première et en terminale comprend deux heures d’enseignement scientifique. Au lycée Marie-Curie, en première et terminale, cet enseignement est pris en charge par des professeurs de SVT et des professeurs de physique chimie. De quelle manière ? C’est ce que la Gazette a voulu savoir.
Des objectifs ambitieux
Une note au bulletin officiel du 22 juin 2023 définit le programme d’enseignement scientifique en classe de première. Il définit d’abord les enjeux de cet enseignement :
« Contribuer à faire de chaque élève une personne lucide, consciente de ce qu’elle est, de ce qu’est le monde et de ce qu’est sa relation au monde ;
Contribuer à faire des élèves des citoyens responsables, qui connaissent les conséquences de leurs actions sur le monde et disposent des outils nécessaires pour les analyser et les anticiper ;
Contribuer au développement en chaque élève d’un esprit rationnel, autonome et éclairé, capable d’exercer une analyse critique face aux fausses informations et aux rumeurs. »
Il suggère ensuite quelques principes pédagogiques généraux à prendre en compte pour atteindre les objectifs fixés : « un enseignement en prise avec le réel complexe ; une place particulière pour les mathématiques ; une place réservée à l’observation et l’expérience en laboratoire ; une place importante pour l’histoire raisonnée des sciences et un usage explicité des outils numériques. »
Projets en petits groupes en première
En première, le programme prévoit notamment la réalisation en petits groupes d’un projet numérique et expérimental. Il s’agit d’acquérir des données puis de les traiter en réponse à un problème. Le résultat est présenté à l’oral devant le reste de la classe.
Cette année, les enseignants ont décidé de regrouper ce travail sur trois séances d’une heure et demie. En salle de TP et en demi-classes. Ces séances ont été planifiées plus tôt dans l’année scolaire. Deux séances sont consacrées au travail d’étude et une à la présentation à l’oral. La présentation se traduit par une note, la plus importante de la discipline pour le trimestre. C’est donc important. Mais c’est aussi un exercice qui plait aux élèves. Le travail se fait en groupes de trois élèves (parfois quatre).
Les enseignantes proposent une liste de thèmes possibles. Il y en a plus que de groupes d’élèves, donc chaque thème n’est pas pris dans toutes les classes.
Exemple : utilisation d’une caméra thermique. L’enseignante montre aux élèves ayant choisi ce thème comment faire une photo. Ils trouvent ensuite sur le site du fabricant de la caméra toutes les informations complémentaires. Ensuite, ils exploitent comme ils l’entendent : impact des vêtements sur la température, isolation d’un bâtiment… Cette année, un groupe a choisi comme thème : que nous apporte une photo thermique, comment on s’en sert.
La présentation à l’oral est aussi un moyen de s’entraîner pour le Grand Oral du bac. Il faut concentrer ce qu’on veut dire en 10 minutes (ce qui n’est pas le plus facile !), rendre compte de la manipulation réalisée et interpréter les résultats obtenus au regard de la problématique : un exercice inédit pour eux ! Tout cela à présenter devant les autres élèves de la classe qui ne connaissent parfois rien au sujet choisi. Ils peuvent aussi projeter des photos (ou des graphiques), un avantage par rapport aux conditions du Grand Oral.
Projet ABC en terminale
En terminale, toujours dans le cadre de l’enseignement scientifique, Stéphanie Moisson (professeure de physique) et Sarah Ostorero (professeure de SVT) ont choisi de mener un projet de classe . L’an dernier, la classe avait réalisé un bilan carbone du lycée (la Gazette en a rendu compte). Cette année, les enseignantes ont proposé aux élèves de devenir des « ambassadeurs bas carbone » (= ABC).
Le projet débute par une fresque du climat, puis par petit groupes les élèves explorent des stratégies de réduction des émissions des GES (gaz à effet de Serre) ou des stratégies d’augmentation des puits de carbone . Là aussi, il fallait présenter le travail réalisé, généralement sous forme de panneaux. Un groupe réalisa une vidéo (sur la fission nucléaire), un autre un podcast (sur les panneaux photovoltaïques), ou une Bande dessinée (sur la géothermie). On trouve les travaux réalisés dans la page Sciences du site de la Cité scolaire et on ne peut qu’être impressionné par la qualité du travail accompli.
Au-delà des objectifs d’apprentissage purement scientifique, cet enseignement permet un travail en équipe et un effort de présentation à l’oral. De grands progrès par rapport à ce qu’ont pu connaître les générations précédentes !
On laissera Sarah Osterero conclure :
Finalement le programme d’enseignement scientifique n’intéresse guère ceux qui ne choisissent pas les spécialités scientifiques et pour les élèves ayant des spécialités scientifiques, ils n’y accordent que très peu d’importance au vu du coefficient que cela représente. Et par contre il y a un réel intérêt et engagement de nos élèves pour des projets tels que nous avons pu mener ces 2 dernières années. Voir cet article.
Il faudrait que ce type d’enseignement avec des projets puisse être généralisé pour l’enseignement scientifique en terminale.