Trouver le temps d’écrire pour le plaisir tout en préparant de difficiles concours : c’est le défi que relèvent des étudiants de Lakanal. Ils éditent une revue, le Kanal, qui réussit à passer les années malgré le renouvellement constant des élèves. Un espoir partagé de devenir journalistes ? Toujours est-il que les locaux qui ont vu passer Giraudoux et Alain-Fournier, Jean-Claude Carrière et Emmanuel Le Roy Ladurie voient se perpétuer le désir d’écriture.
En khâgne et aux fourneaux
Lola Moreau assure la rédaction en chef de la revue le Kanal. La tâche est lourde, puisqu’il lui faut relire les articles de tous les autres rédacteurs. Elle met en commentaires ce qui lui parait améliorable. Si les rédacteurs restent libres de choisir, ils en tirent toujours parti. Elle avoue avoir eu de courtes nuits pendant la première semaine de vacances de février. La relecture prend du temps.
Lola est en deuxième année de Khâgne, une troisième année de prépa nécessaire pour tenter le concours de l’École Supérieure de Journalisme de Lille, la plus réputée de la profession. Elle trouve le temps d’être partenaire du « Coup de cœur des lycéens », le prix organisé par la ville et la bibliothèque de Sceaux. Sa contribution dans la revue du mois : une série de billets sur des œuvres littéraires.
Une revue papier
La revue parait deux ou trois fois par an. Les vacances scolaires sont le moment de l’écriture et de la production. Elle est imprimée à Bourg-la-Reine. Le financement (très modéré) est assuré par la Maison des lycéens (MDL), association hébergée dans le lycée pour soutenir des projets sportifs, culturels, humanitaires ou liés à la citoyenneté.
Faire imprimer une revue, cela impose les contraintes du papier. Cela a des conséquences sur la taille des articles ou sur le maquettage. Des contraintes presque inexistantes dans la production en ligne. L’avantage qu’y voit Lola, c’est que cela permet d’expérimenter toutes les facettes de la production d’article, depuis son écriture jusqu’au maquettage. Chaque auteur d’article réalise donc son propre maquettage sur Canva, un logiciel d’édition dont la version gratuite offre déjà bien des possibilités.
La revue est disponible en version numérique sur Instagram mais aussi sur le site de la cité scolaire.
Les lycéens aussi
Si le travail scolaire ne laisse guère de temps pour participer à la revue, le renouvellement annuel des effectifs ne facilite pas la continuité d’une ligne éditoriale. Lola est d’ailleurs incapable de dire depuis quand le Kanal existe. Elle sait simplement que la ligne était assez différente avec l’équipe précédente, qui publiait notamment des jeux.
On ne sera pas étonné d’observer que presque tous les rédacteurs font des études de lettres. Pourtant les deux classes d’hypokhâgne et les trois classes de khâgne ne représentent qu’une minorité des 850 élèves (environ) de prépa de Lakanal. L’année dernière, la rédaction en chef a décidé de faire de la publicité auprès des lycéens, pour leur dire qu’eux aussi étaient légitimes pour participer à Le Kanal. Avec un certain succès, puisque plusieurs des articles du prochain numéro seront écrits par des lycéens.
Justement, Héloïse Pierlot est en terminale. En octobre, elle fait ses premières armes en commençant un article. Elle n’est pas allée au bout, date de publication oblige. Mais cette première expérience lui a permis de mieux comprendre comment s’y prendre. Elle a envie de continuer. Elle a trouvé un thème. Un séjour à la Toussaint chez des amis anglais l’a décidée d’écrire sur Londres. Un article inclus dans le numéro paru en mars. Avec une version en français et une autre en anglais. Un beau défi !
Le numérique
Autre initiative récente : des reportages sur YouTube et Instagram. Ce n’est qu’un début, mais on imagine qu’il peut susciter des vocations d’élèves qui seront plus attirés par ce mode d’expression. Sur Instagram, on compte déjà plus de 500 abonnés et 25 publications. L’occasion de découvrir les remarquables illustrations de Tristan Mermoud.
Publication de mars
Lola Moreau avait confié à la Gazette une première liste des articles du numéro à paraitre début mars. Les lecteurs de la Gazette peuvent aller voir le résultat directement. On y parle, cinéma, prix des lycées, histoire des mouvements sociaux en France (par un lycéen), retraites, Liban, Londres… ou encore une analyse sur « l’autocensure des jeunes filles (à propos d’orientation).
Ce numéro n’était pas encore bouclé que l’équipe pensait déjà au suivant. On devrait notamment y parler de rugby, avec l’histoire du tournoi des Six nations !