L’article précédent a montré l’importance des arbres pour limiter les ilots de chaleur. Quelle application locale ?
Cartographie
Le sud de la petite couronne se caractérise par un morcellement entre des zones boisées, des zones de constructions plus ou moins denses et des situations mixtes. La carte ci-dessous permet de distinguer les différentes zones. On note les grandes étendues boisés, mais il faut ajouter les parcelles de végétation beaucoup plus petites dans les zones pavillonnaires. A Sceaux, les plus étendues sont dans le lotissement Parc de Sceaux (qui déborde sur Antony) et dans la résidence des Bas-Coudrais. Mais on observe aussi sur la carte le parc de la Ménagerie ou le lycée Lakanal. Plus loin, on note les cimetières arborés de Bagneux et de Thiais.
Cette carte est l’une des multiples cartes de la région proposée par l’Institut Paris-Région, dont la présidente est Valérie Pécresse. Pour chaque ilot, la couleur donne la morphologie urbaine, les éléments d’occupation des sols pouvant apporter des effets de chaleur, depuis les arbres ou les pelouses, jusqu’aux constructions plus ou moins denses en passant par le macadam ou les terrains nus. On ne sera pas surpris d’y trouver les arbres en vert (plus foncé s’ils sont denses, plus clair s’ils sont épars), l’eau en bleu, les constructions très denses en gris ou noir, les constructions plus espacées en rouge ou brun, plus ou moins foncé selon qu’il s’agit d’immeubles ou de maisons, les routes en blanc. Le violet correspond à des « grandes emprises tertiaires à bâti bas ». Cliquer sur un ilot donne accès à une fiche comprenant une masse d’information sur les effets de chaleur des constructions, de la ventilation de l’ilot, de l’ombrage des arbres ou du réfléchissement de la lumière.
Bois et forêts autour du parc de Sceaux
Le parc de Sceaux, c’est environ 180 hectares avec une végétation variée (pelouses, arbres, sous-bois…). Les habitants des communes limitrophes (Sceaux, Bourg-la-Reine, Antony et Châtenay-Malabry) en profitent. Mais ce n’est pas la seule zone végétale, en particulier vers l’ouest : dans cette direction, on peut rencontrer la Coulée verte, le parc Henri Sellier, le parc de la Vallée aux loups et l’Arboretum. Plus loin se trouvent la forêt domaniale de Meudon et le bois de Verrières-le-Buisson. Plus au sud, on rencontre les parcs Heller et de la Noisette.
Le parc de Sceaux appartient au département des Hauts de Seine, également propriétaire du parc Henri Sellier et de l’ensemble Vallée aux loups, maison de Chateaubriand, Arboretum. Le service départemental en charge de ces parcs gère plus de 640 hectares sur le département, ce qui l’a conduit à une réflexion sur les mesures à prendre pour protéger les arbres.
Le Département a défini des lignes directrices, parmi lesquelles on trouve
- La diversification de la palette végétale (depuis 1999) ;
- L’emploi des variétés les mieux adaptées aux contraintes urbaines ;
- L’adéquation de la variété à l’espace qui lui est réservé, en prenant en considération la taille adulte de l’arbre et son port ;
- L’utilisation de variétés tolérantes à la sécheresse, aux périodes de chaleur et aux vents violents ;
- La végétalisation des pieds d’arbre et la perméabilisation maximale des surfaces des trottoirs autour de l’arbre ;
Les points 1 et 4 sont des moyens parmi d’autres de s’adapter au réchauffement. Le point 5 mériterait d’être adopté par les municipalités : cela permettrait de réduire les risques de stress hydriques auxquels sont confrontés trop d’arbres dans nos rues, avec des zones de recueillement des eaux fluviales (trop ?) petites. Le rapport du département montre en image ci-dessous l’application de ce principe.
Le rapport comprend un paragraphe consacré spécifiquement au réchauffement :
« Le changement climatique appelle à une évolution vers des variétés adaptées à des climats plus chauds, plus tolérantes à la sécheresse comme le sophora du Japon, le févier d’Amérique ou des variétés originaires de régions plus méridionales, comme le chêne de Bourgogne, le micocoulier de Provence, le chêne vert, le chêne pubescent. La recherche de diversification des espèces plantées sur le Département semble être la solution la plus efficace et la plus durable pour permettre de renforcer la résilience du patrimoine arboré face au changement climatique et aux pathogènes. Elle permet de réduire les risques liés à la disparition d’une espèce suite à des conditions climatiques défavorables. Elle permet aussi de limiter l’émergence de pathogènes et la propagation des épidémies.
La réintroduction de l’orme par des variétés résistances à la graphiose est un exemple d’adaptation face aux pathogènes présents. »
On peut imaginer que le réchauffement se traduira par le fait que des arbres autrefois adaptés au climat existant ici ne le seront plus demain. Il peut donc dans certains cas être plus important de planter au plus vite des espèces mieux adaptées pour demain, plutôt que vouloir conserver de toute force des espèces qui ne le seront plus.
Tout cela paraît adapté à la question posée par l’augmentation du nombre d’arbres malades, comme à la nécessité d’éviter les îlots de chaleur. On peut se demander si les municipalités, les offices de l’habitat et les particuliers propriétaires de jardins sont en mesure d’adopter ces pratiques à leur niveau.
La lutte contre les ilots de chaleur va plus loin que la seule question des arbres. Ce sera l’objet d’un prochain article.
Très intéressant. Belle synthèse. Merci pour le lien vers les cartes.
Je suis allé voir en détail la carte montrée. En agrandissant, j’ai pu voir que mon quartier, en partie pavillonnaire avec beaucoup de jardins apparaît d’une couleur uniforme beige rosé. Dans ces zones, la surface construite représente à mon avis moins de 30 % de la surface totale. Or ces jardins sont très souvent arborés. Cette représentation pourrait donc induire des quiproquos ou des incompréhensions sur la réalité perçue à travers ces outils.
Heureusement, l’une des dernières cartes (Chaleur en ville), présentée sur le site « multiples cartes » donné en lien, permet de corriger cette impression. En zoomant au maximum on arrive sur une photo aérienne qui permet de bien distinguer le bâti de son environnement.
Bravo Gérard et merci.