Cet éditorial de juillet 2022, Philippe Laurent explique l’avoir écrit le soir même du second tour des législatives, le 19 juin. Le début est d’ailleurs consacré à remercier tous ceux qui ont permis que les élections se déroulent correctement ici. Le credo qu’il développe est le besoin impératif de « Reconnecter le local et le national ».
Il exprime son inquiétude pour l’avenir de la qualité de vie de notre commune « si la politique gouvernementale d’étouffement des communes et de bureaucratisation excessive engagée de longue date se poursuit ». Ce qui l’amène à souhaiter que la situation politique nouvelle amène les nouveaux députés, le gouvernement et la haute administration à abandonner toute arrogance, et à enfin comprendre ce besoin impératif de “reconnexion” du local avec le national.
Je fais partie de ceux qui trouvent que notre organisation publique est trop centralisée. C’est l’héritage de dix siècles d’histoire, et les progrès à faire dans ce domaine sont bien incertains. Ce qui ne signifie pas qu’on ne doit rien faire. Faut-il pour autant en faire un critère central dans le choix entre les candidats aux législatives ?
On objectera sans risque que d’autres sujets sont tout aussi essentiels, depuis la transition écologique jusqu’à la prise en charge par l’État de ses responsabilités régaliennes (droit, maintien de l’ordre, défense, etc.) en passant par l’enseignement ou l’économie. Et on ne doit pas oublier que les collectivités territoriales ont, elles aussi, à se remettre en cause, par exemple sur leur proportion depuis des décennies à augmenter les effectifs employés beaucoup plus vite que la richesse nationale.
Je ne suis pas sûr que les électeurs aient compris qu’il leur était proposé de voter pour le maire de Sceaux en raison de l’importance de cet enjeu de reconnexion entre le local et le national. S’ils l’ont compris, ils n’ont pas été assez nombreux à faire ce choix, même si Philippe Laurent n’a absolument pas à rougir du score qu’il a obtenu. Le contexte lui était défavorable en raison de la division de son camp et de la concurrence d’une candidate de valeur.
On peut supposer que celui qui a été candidat aux législatives ait été déçu de ne pas l’avoir emporté. C’est la dure loi du combat électoral, le métier de politique est aussi un métier de chien.
Une des tactiques de Philippe Laurent dans cette élection a été de se prévaloir de son expérience locale et du soutien de deux autres maires de la circonscription. On observe de fait un meilleur score à Sceaux d’abord, à Bourg-La-Reine ensuite, à Antony enfin. Au contraire, à Châtenay-Malabry, le maire soutenait le candidat LR qui y a fait son meilleur score. Mais tout cela était largement insuffisant.
Une phénomène global
Une stratégie identique a prévalu dans la 7e circonscription du Val-de-Marne où le maire LR de l’Hay-les-Roses se présentait avec le soutien des trois autres maires de la circonscription. C’est cependant la candidate LFI qui l’a emporté au second tour contre la candidate LREM. Le candidat LR est arrivé troisième, y compris dans la ville dont il est maire.
De manière plus générale, on constate depuis 2017 une déconnexion complète entre les scrutins locaux et les scrutins nationaux. Les partis dominants qu’étaient jusque là le PS et LR n’arrivent plus à émerger aux élections présidentielles, européennes et législatives, alors qu’ils gardent la suprématie aux élections municipales, départementales et régionales. Aux législatives de 2022, LREM, RN et LFI, trustent une grande partie des élus alors qu’ils sont marginalisés aux élections locales.
Pendant longtemps, les responsables politiques ont cherché à être députés-maires. Avec un argument particulièrement pernicieux : élisez votre maire comme député pour qu’il puisse défendre vos dossiers à Paris. Dans un pays où l’État se veut le garant de l’égalité entre citoyens, les députés se présentaient comme les mieux à même de contourner cet objectif, pour « mettre nos dossiers au-dessus de la pile ».
La loi organique n°2014-125 du 14 février 2014 sur le cumul des mandats interdit cette pratique. Cela a obligé les élus de 2017 à choisir. Un certain nombre de maires l’ont fait en ne se présentant pas aux législatives. Les résultats électoraux ont complété cette mutation.
Bien au-delà de son cas personnel, la candidature de Philippe Laurent aux législatives allait quelque peu à rebours des évolutions politiques en cours.
« La politique gouvernementale d’étouffement des communes et de bureaucratisation excessive » qu’incrimine Philippe Laurent est la politique qui devrait au contraire, amener les communes et les collectivités territoriales à faire mieux, mais avec moins de ressources et de recettes.
La politique que les élus doivent conduire est celle de l’optimisation des dépenses en les priorisant correctement afin de répondre aux besoins de leurs administrés .