Il ne se trouve probablement personne pour se réjouir de ce nouveau confinement. D’autant plus qu’il y a tout lieu de croire qu’il va durer. Dans son allocution, E. Macron a fixé un objectif : descendre à 5 000 cas par jour, une situation qui, d’après lui, serait gérable. Il a également affirmé qu’on est actuellement à 40 000 cas par jour. Les malades identifiés ont été contaminés il y a plusieurs jours. Donc, le nombre de cas va d’abord continuer à augmenter, quelle que soit l’efficacité des mesures prises. On sera à 60 000 cas quotidien dans 8 jours, et le pic ne sera peut-être pas encore atteint.
Hypothèse optimiste
Ensuite, sous la meilleure hypothèse, le nombre de cas va baisser au même rythme qu’il l’avait fait en avril, soit un coefficient de reproduction qui pourrait descendre au plus bas à 0,5, c’est-à-dire à une division par 2 chaque semaine. Cela nous mène à la première semaine de décembre. Et c’est un calcul très optimiste.
Le taux de reproduction n’a semble-t-il pas varié d’un pouce depuis la mi-juillet, malgré les mesures prises successivement, y compris le couvre-feu décidé il y a deux semaines. La lassitude sur le sujet qu’on peut sentir dans beaucoup de conversations explique probablement que les comportements peinent à changer. On se révolte encore quand un enseignant ou une femme en prière se font assassiner sauvagement, mais on semble incapable de réagir quand le nombre quotidien de décès Covid dépasse la centaine (on en est même à plus de 200 en moyenne sur les 7 derniers jours).
Hypothèse plus pessimiste
Une hypothèse moins optimiste que celle-ci-dessus serait que le taux de reproduction ne diminue guère les premiers jours du confinement, et que seule l’annonce répétée de milliers de décès hebdomadaires et d’hôpitaux débordées fasse réagir les Français, pour arriver à un taux de reproduction inférieur à 1, mais supérieur à ce que nous avions connu en avril, par exemple 0,8.
Avec un tel taux, il faut trois semaines pour diviser par deux le nombre de cas. Il faut attendre 14 semaines de confinement pour descendre à 5 000 cas quotidiens, ce qui nous mène à début février.
Si on préfère sortir du confinement début décembre que début février, il faut se décider à appliquer les règles les plus prudentes et le plus rigoureusement.
Médecine de catastrophe
Ce jeudi, Julie Oudet, médecin urgentiste explique dans une note qui mérite vraiment d’être lue, qu’on est dans une situation de catastrophe, et qu’on doit donc pratiquer une médecine de catastrophe. Elle s’y exprime avec le franc parler d’une personne sur la brèche et vivant depuis des mois sous pression. Pour elle, la catastrophe n’exprime pas un jugement de valeur, ni une crainte; c’est une situation, une affaire de comportement. Quelques extraits.
Je suis une convaincue de la médecine de catastrophe. Y’a un truc en médecine de catastrophe. Tu peux ne pas apprécier le chef. Tu peux te dire intérieurement que tu aurais fait différemment.
Si tu veux que ça marche et éviter que des gens meurent, il faut faire ce qu’il décide. Sinon c’est 1) vain 2) pire, bien pire.
Nos dirigeants sont loin d’être mes copains (euphémisme). Si je veux sauver mon cul et le vôtre au passage je vais respecter leurs décisions. Et clairement je suis ravie de ne pas être à leur place.
Ce qui diminue le risque de contamination par aérosol c’est :
– la distanciation
– le port généralisé de masques
– aérer, aérer, aérer.
« Par pitié, faites-le! », dit-elle pour conclure son long fil Twitter mi coup de gueule mi confidence.