CARTE POSTALE Avec la quinzaine des épouvantails, un village de l’avant-pays savoyard invite ses habitants à s’amuser et à amuser les autres en installant au bord de la route un épouvantail de leur fabrication. Beaucoup ont participé, rivalisant d’imagination.
Un défi à relever
Un petit tract distribué dans toutes les maisons invitait à afficher un épouvantail entre le 22 avril et le 7 mai. Avec comme mot d’ordre : faites sourire la factrice! Probablement pour profiter des vacances scolaires qui, dans cette zone, se déroulaient du 8 au 24 avril au matin. La proposition était bon enfant : il était précisé qu’il n’y avait pas de concours ni de compétition.
L’association à l’origine du tract espérait 6 ou 7 épouvantails. Le succès a largement dépassé ses espérances. Les mises en œuvre ont été particulièrement nombreuses (au moins 35), comme si chaque foyer abritait des âmes créatives qui n’attendaient qu’une occasion de s’exprimer. Cela donnait au village un agréable petit air printanier. Quand à la factrice, elle a commenté simplement : c’est génial !
Comment faire un épouvantail ?
L’invitation (un simple A5) comprenait un exemple d’épouvantail : un support pour le tenir debout, des bras écartés avec des mains en paille, de vieux vêtements, une citrouille en guise de tête et un chapeau, rien de plus simple.
La tête est a priori la partie la plus expressive, autant la soigner. Beaucoup ont fait un sac (en toile de jute, en coton, en plastique…) et l’ont bourré, qui avec de la paille, qui avec tout ce qui pouvait trainer sous la main. Ensuite il suffit de dessiner une bouche, des yeux et des sourcils, et le tour est joué. La tête d’au moins deux épouvantails a été créée avec un simple pot de fleur !
Bien sûr, il faut un chapeau pour protéger du soleil. Un béret ou une casquette, un chapeau de paille peuvent faire l’affaire. Mais une vieille passoire à l’envers, cela fonctionne aussi. Le plus original est une imitation des minions : la tête est faite avec un ballot de paille.
Le reste, c’est généralement un bois vertical pour tenir l’ensemble debout et un autre horizontal pour les bras. Des habits par-dessus et le tour est joué. Mais il y a beaucoup de variantes comme le montrent les photos.
Le plus grand des épouvantails fait plus de 3 mètres et le plus petit quelques centimètres seulement. Mais la plupart sont à peu près à taille humaine, vêtements utilisés obligent.
Certains ont ajouté des éléments de décor. On trouve un épouvantail poussant sa tondeuse et un autre avec un vieux vélo. Un autre a préparé de quoi offrir l’apéro à la factrice : une bouteille de pastis et deux verres, et voilà !
Une initiative associative
L’association à l’origine du tract s’appelle tout simplement comité d’animation de Verel-de-Montbel (CAV). Elle s’est constituée il y a un an autour de quelques jeunes retraités et a déjà organisé quelques événements. Il semblerait que l’idée des épouvantails émane de l’ancien directeur de l’école d’une commune voisine, auteur à ses heures. Si l’objectif était de créer du lien social dans la commune, c’est réussi !
Une commune en développement
L’avant-pays savoyard à l’extrême ouest de la Savoie est délimité par la chaîne de l’Épine, le mont du Chat, le Guiers et le Rhône. C’est le pays de Mandrin et du lac d’Aiguebelette. La ville de Pont-de-Beauvoisin (Savoie) au sud est en net développement économique. La commune de Verel-de-Montbel à 5 km de là voyait sa population lentement diminuer. Commune qui abrite encore plusieurs agriculteurs, elle ne comptait plus que 162 habitants au recensement de 1982. L’expansion actuelle de la zone se traduit par de nouvelles constructions. On comptait 313 habitants en 2020. Ce sont les 45 ans et plus qui sont en augmentation.
La taille moyenne des ménages étant de 2,36 personnes, il y aurait 133 ménages. Plus d’un quart d’entre eux auraient donc pris le temps de construire un épouvantail. Bel exploit !
Une imagination débordante
La galerie ci-dessous ne reprend qu’une partie des épouvantails installés près des boites aux lettres. Ils ont été choisis parmi 35 photos, pour montrer la diversité des œuvres. Le village est composé de nombreux hameaux : c’est un habitat dispersé et il y a probablement d’autres épouvantails dans des lieux non parcourus.
P.S. du 3 mai : aux dernières nouvelles, il y aurait maintenant près de 50 personnages dans le village.