Il existe bien des associations de défense des pères. Mais c’est pour créer un lieu qui leur soit propre qu’à Fontenay-aux-Roses, quelques-uns en ont créé une nouvelle : 1 enfant 2 parents. « Nous sommes un petit groupe, nous nous entendons bien. Ce n’est pas la taille de l’association qui importe, mais notre capacité à être très proches des personnes qui connaissent cette traversée du désert. » Leur but n’est pas de se cantonner à la ville, mais de créer une proximité efficace. Rodolphe S. en est le président. La rencontre a eu lieu début septembre au forum des associations de Fontenay, parc Sainte-Barbe.
Sentiment d’injustice
C’est en juin 2020, qu’avec quelques compagnons de galère, il envisage de se lancer dans le collectif. La covid a accru le ras-le-bol. « Elle a servi de prétexte aux ex-épouses. Les refus de présentation des enfants se sont multipliés. » La volonté d’éliminer le père de la vie des enfants est ressentie plus durement.
Le temps est à la stigmatisation des pères. Les violences domestiques (essentiellement le fait des hommes) sont en nombre considérable. Du coup, tous les cas de séparation simples, banals, péniblement ordinaires, se voient analysés au filtre de l’agression masculine.
Le constat est, pour Rodolphe S., très clair. Les non-représentations d’enfant se multiplient et quand ce sont des hommes qui en sont victimes la justice n’est pas bien diligente à faire appliquer la loi. « Ce sont des atteintes aux droits des parents (droit de visite, autorité parentale). Il peut s’agir du déménagement non signalé à l’autre parent ou du refus de ramener l’enfant à son domicile habituel. En cas de conflit de garde entre les 2 parents, une médiation familiale peut être mise en place. »[1]
A l’écouter, la médiation manque de compréhension pour les pères. Et les causes sont difficiles à défendre. Elles demandent d’autant plus d’énergie qu’il n’y a pas deux cas semblables. Il faut séparer le bon grain de l’ivraie et ne pas défendre des prédateurs. Mais, entre pères de bonne foi, il faut s’épauler, s’encourager, s’informer. 1 enfant 2 parents, c’est d’abord un lieu de convivialité et d’entraide.
Agir
Depuis sa création, le projet et l’activité se sont précisés. L’association pas encore créée, le groupe prend l’initiative d’un rassemblement près de l’Assemblée nationale. Très osé. Ce fut en septembre 2020. En mars 2021, ils répondent place de la République à l’appel d’Egalité parentale. Personnellement Rodolphe S. participe à la marche entre Marseille et Paris (800km, dont il fait une partie) organisée par le collectif de la marche pour l’égalité parentale.
A Fontenay-aux-Roses, l’association organise des réunions, rencontre des élus de FAR pour les sensibiliser aux non-représentations d’enfant non sanctionnées. Elle soutient les initiatives qui visent à faire évoluer la loi. Elle voudrait que le refus de résidence alternée soit justifié.
Pour beaucoup pratiquer les réseaux sociaux, Rodolphe S. constate le besoin immense de dialogue de pères privés de leurs enfants. Et l’association a développé sa présence sur Facebook, Instagram et Twitter.
Des revendications
1 enfant 2 parents défend deux grandes mesures.
- La demande de sanction contre les non-représentations d’enfant. Les non-représentations qui ne sont pas sanctionnées sont une source de souffrance pour des pères qui n’ont jamais démérité.
- L’institution de la résidence alternée. Tant que le couple est dans le conflit, le juge hésitera, ce qui est logique.
Rodolphe S. n’est pas dupe. Il sait que quantité de situations obligent réellement à l’éloignement géographique (l’emploi étant le premier motif) ou que les non-représentations peuvent obéir à un réel souci de l’enfant. De surcroît, dans la plupart des cas, ce sont les hommes qui abandonnent le foyer. Imposer la résidence alternée mettrait l’enfant dans une situation dangereuse. La résidence alternée est pour lui une réponse, mais elle n’est pas une panacée.
Il appelle de ses vœux deux évolutions. La première est l’équité. Les hommes héritent d’un a priori défavorable. Il cite l’exemple d’un père qui souhaite la garde partagée se l’est vue refusée au motif qu’il ne voyait pas assez son enfant. Alors que l’enfant n’était pas présenté par la mère au mépris de la loi.
La deuxième est la progression. « La garde partagée représente 12% en France alors qu’elle est de 26% en Belgique et de 30% en Suède, dit-il ». Comment expliquer ce faible taux ? Rodolphe S. voit trois grands facteurs. Il y a bien sûr tous les cas de violences domestiques (faites aux femmes) avec la conséquence naturelle de rompre tous les ponts. Plus généralement, il y a le cas d’un parent toxique.
Pour certaines femmes sans emploi (au foyer), la garde partagée est associée à la crainte de se retrouver sans ressources. A nuancer pourtant, car « en cas de différences de salaires significatives, la pension alimentaire peut être compatible avec la résidence partagée. »
Une mouvance féministe, même très minoritaire, réussit à associer la volonté des pères à s’occuper des enfants à un « masculinisme ». Lequel masculinisme, au contraire de féminisme, est considérée comme un machisme, pour ne pas dire une monstruosité.
Dans ce contexte, « la décision du juge pour enfant n’est pas facile à prendre. Il est difficile de s’assurer de la véracité des accusations. » Tant que le couple est dans le conflit, le juge hésitera à partager la garde. Et les femmes, traditionnellement, ont la préférence. Du coup les pères qui n’ont jamais démérité se voient par avance perdants. Toujours cette infinie difficulté du cas par cas confronté à des lois qui sont faites pour tous.
Apaiser
Mais par-delà le conflit, 1 enfant 2 parents se sent concernée par la « nouvelle paternité ». Par les moments de convivialité entre pères. Par le dialogue entre hommes et femmes. Rodolphe S. cite le cas d’un père partageant son amertume avec une mère. Il cite les grands-parents dépossédés par la séparation.
Par l’entraide au moment d’aller chercher son enfant. Moment difficile s’il en est, qui demande de mettre de la distance entre les anciens époux, quand c’est utile et… possible. La mauvaise foi est souvent au cœur des différends. « Ce ne sont pas les sexes qui s’opposent, ce sont les manigances. »
[1] Voir le site du Service public
[…] (Maurice), « Faire justice aux pères », La Gazette, 30 septembre […]
C’est dommage que l’article ne soit pas construit de telle manière à faire la place aux enfnats et à leurs besoins essentiels d’être en lien et protégés par leurs deux parents. La Marche pour l’égalité parentale est avant tout une action pour sensibiliser le plus de citoyen.ne.s et de politiques possibles pour faire entendre qu’en France les lois existantes pour protéger les enfnats ne sont pas appliquées. Et notamment au moment des séparations et des jugements pour divorcés. Que l’on soit parent 1 ou parent 2, on y laisse des plumes, et nos chagrins sont immenses de constater que ceux qui peinent le plus sont sans aucun doute nos enfants fragilisés. LA MARCHE POUR L’EGALITE PARENTALE EST UNE ACTION POUR QUE NOS ENFNATS OBTIENNENT L’APPLICATION DES LOIS QUI LES PROTEGENT ET SURTOUT AU MOMENT DE LA SEPARATION OFFICIELLE DE LEURS DEUX PARENTS.
Très bon article. Je suis tout à fait d’accord avec ce qui est ecrit