Le premier tour des législatives fournit une image de la diversité politique scéenne, tandis que le second tour (qui élimine) témoigne plutôt d’une sensibilité générale. La Gazette a publié récemment les chiffres bruts pour la circonscription et bureau par bureau. A Sceaux, on peut y lire une certaine répartition des opinions. De leur variété aussi, du fait du nombre de candidats et de leurs positions bien différentes sur l’échiquier politique. On nous pardonnera de ne pas commenter les résultats inférieurs à 2%. L’échelle du bureau de vote (BV) est déjà réduite. Les chiffres, trop petits, ne parlent plus vraiment.
Homogénéité et exceptions
Trois candidats réalisent au premier tour plus de 20%, Maud Bregeon avec 32,2%, Philippe Laurent et Brice Gaillard avec 22,8% chacun. Une radicalité a pris forme tangible avec Thibault Simonin (Reconquête) et Patrick Yvars (RN), totalisant à eux deux 10%. S’est manifestée également une volonté de défendre un héritage de gauche avec Julien Gautrelet, PRG, qui réalise 4,1% et de droite avec Numa Isnard, LR, qui réalise 5,8%.
La participation à ce premier tour a été de 59,7%, ce qui situe la ville, comme d’habitude, parmi les bons élèves de l’engagement démocratique. Les enjeux nationaux la concernent et elle s’y intéresse. Cette participation présente pourtant une variation nette entre un minimum au BV7 (Halle des Blagis) et un maximum au BV4 (Imbergères). Brice Gaillard fait son meilleur score dans le premier et Maud Bregeon dans le second. S’il ne faut trop déduire à partir de si petits chiffres, on retrouve tout de même un constat fait très souvent. On est élu dans les quartiers populaires sur une base électorale plus réduite que dans les quartiers plus aisés.
Concernant Patrick Yvars (4,1%) et Thibault Simonin (5,9%), ils font leur meilleur score dans des bureaux différents : le premier est à son maximum, 9,8%, au BV7 (Halle des Blagis) et le second au BV9 (Clos Saint-Marcel). Patrick Yvars fait plus de 5% dans les bureaux 7, 10 (Imbergères), 11 (Ancienne mairie) et 14 (Clos Saint-Marcel).
Thibault Simonin fait 7% et plus dans les bureaux 4 et 10 (Imbergères), 9 et 12 (Petit Chambord). On se gardera de tirer des conclusions.
S’ils réalisent sur la ville des scores semblables, Philippe Laurent et Brice Gaillard montrent des écarts importants dans les bureaux 4,5 et 9 au profit du premier et dans les bureaux 6 et 7 (Halle des Blagis) et 13 (Ecole des Blagis) au profit du second.
Entre Maud Bregeon et Philippe Laurent, la différence de 10% dans la plupart des bureaux disparaît presque dans le BV3 (Ecole du centre) où les résultats sont proches et dans le BV7 (Halle des Blagis) où le maire devance la candidate Ensemble.
Enfin, entre Maud Bregeon et Brice Gaillard, les exceptions sont au BV7 (Halle des Blagis) où le second devance la première de 20% et dans le BV13 (Ecole des Blagis) où les résultats sont proches.
Forte progression des blancs et nuls
La participation baisse de 2%. Mais surtout c’est la progression des votes blancs et nuls qui est marquante. On passe de 61 à 477, ce qui donne une progression de 416. On retrouve ce phénomène sur l’ensemble de la circonscription. Il témoigne sans conteste d’une expression politique. Des électeurs de candidats éliminés après le 1er tour auront refusé de se porter vers les candidats qualifiés.
Inscrits | Votants | Blancs/Nuls | Exprimés | |
Antony | 4 | -553 | 885 | -1438 |
B-L-R | -1 | -81 | 332 | -413 |
C-M | 6 | -26 | 331 | -357 |
Sceaux | 2 | -311 | 416 | -727 |
Total | 11 | -971 | 1964 | -2935 |
Maud Bregeon, avec 64,4%, fait 4 points de plus à Sceaux que sur la circonscription. Les écarts avec son opposant sont assez uniformes sur les bureaux, sauf le BV7 où Brice Gaillard domine avec 61,6%. Notons que Maud Bregeon y faisait son plus faible score au premier tour. Une mobilisation anti-Macron y a sans doute rassemblé les électorats de gauche et de la droite radicale, un peu comme Maud Bregeon a sans doute profité sur l’ensemble de la ville d’une mobilisation anti Mélenchon de la droite libérale.
Au-delà de ce cas particulier, quelle idée peut-on se faire des reports. On est sur des chiffres et on ne bénéficie pas de sondages sortie des urnes 😉 Ceux qui sont menés au niveau national montrent des variations étranges qui invitent à la prudence.
Gérard Bardier, dont on peut apprécier dans nos colonnes le goût pour les chiffres, s’est risqué à la simulation. Il se trouve qu’il en a une qui marche bien sur Sceaux et sur la circonscription. Il fait les hypothèses suivantes :
- Sur Maud Bregeon se sont reportés 83% du vote Philippe Laurent et 40% des autres candidats.
- Sur Brice Gaillard se sont reportés 2% du vote Philippe Laurent et 50% des autres candidats.
- Le solde, soit 15 % de ceux qui ont voté pour Philippe Laurent et 10 % de ceux qui ont voté pour les autres, sont reportés vers l’abstention ou le vote blanc et nul.
Les calculs sont arrondis à l’unité inférieure.
Réel | Simulé | |
Antony | 5310 | 5314 |
B-L-R | 1963 | 1869 |
C-M | 1890 | 1873 |
Sceaux | 2260 | 2356 |
Total | 11423 | 11413 |
Réel | Simulé | |
Antony | 2351 | 2420 |
B-L-R | 775 | 809 |
C-M | 1341 | 1177 |
Sceaux | 829 | 887 |
Total | 5296 | 5293 |
Le résultat est plutôt pas mal ! Aller plus loin suppose de distinguer parmi les « autres », dont les électeurs n’ont probablement pas adopté les mêmes comportements. Mais l’exercice risquerait d’être assez vain dans la mesure où les suffrages recueillis par chacun de ces « autres » sont faibles. Et puis, l’information marquante n’est-elle pas dans une sorte de « tout sauf Mélenchon » avec un report massif de l’électorat de centre droit vers Maud Bregeon.