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Rachel Lacoutière et la « cohabitation intergénérationnelle solidaire »

Mettre en relation des séniors qui peuvent héberger chez eux avec des jeunes qui cherchent à se loger. Répondre à des besoins de séniors en termes de présence et de services et permettre à des jeunes, qui peuvent s’engager à rendre ces services, de payer un loyer moins cher. En mixant les deux, on tombe sur Ensemble2generations, une association qui rencontre les personnes d’abord, analyse les situations, puis met en relation un jeune et un sénior pour former un binôme harmonieux. Elle suit la cohabitation et intervient si besoin. Une association nationale reconnue d’intérêt général à caractère philanthropique qui existe depuis 20 ans et a accompagné plus de 16000 bénéficiaires.

Dans les Hauts-de-Seine, l’association accompagne 130 binômes, dans le sud du département, elle en accompagne 30. Dans nos communes l’association a un nom : Rachel Lacoutière. L’ancienne ingénieure s’est « reconvertie dans le milieu associatif pour porter des valeurs de bienveillance et d’entraide ».

Un contrat

Au départ, tout est simple. On a un pavillon bien grand pour soi et on a plus de 60 ans. Un jeune de moins de 30 ans doit se loger pour suivre ses études ou simplement exercer son emploi. Le rapprochement s’impose. Sauf que  « la cohabitation intergénérationnelle solidaire, explique Rachel Lacoutière, c’est plus qu’un logement, c’est une entraide. Deux générations qui se retrouvent pour une expérience conviviale gagnante-gagnante. Le sénior donne un petit coup de pouce au jeune en lui offrant un logement à un tarif modeste. Le jeune vient rompre la solitude su sénior, lui rend des petits services et apporte une présence rassurante. »

Ce dispositif nécessite que les jeunes et séniors adhèrent au projet solidaire et en partagent les bonnes pratiques. « Tous les jeunes ne sont pas aptes et tous les séniors non plus ». Pour l’étudiant, ce n’est pas une coloc, il y a des règles de bienveillance. Il faut respecter les règles de vie de la maison, communiquer son emploi du temps, de sorte que le sénior soit au courant des principales allées et venues du jeune. On n’entre pas chez elle comme dans un moulin, on ne peut ramener d’amis sans accord du sénior. Ce serait angoissant. S’il est entendu de rentrer avant 21h, ce n’est pas minuit. Avertir, un peu comme on le ferait en famille. Inversement, son intimité et ses contraintes doivent être respectées.

Avec Ensemble2generations, les loyers versés par le jeune dépendent de son engagement auprès du sénior (services, présence, partage de moments de convivialité). Ceux-ci vont de presque rien jusqu’à  environ 450 euros, donc moindre qu’une location standard.

Ces termes de l’équation (services, loyer, respects), Rachel Lacoutière les suit en permanence. Elle a reçu au sein de l’association une formation de médiatrice: « je sais trouver des solutions.» D’autant qu’en amont, elle a analysé les motivations et les attentes respectives, recherché l’alchimie entre un sénior et un jeune, évalué les résultats du premier contact. En aval, elle prend des nouvelles dès l’emménagement et son rôle est de résoudre ce qui doit être résolu.

Elle ne quitte donc pas le binôme quand le contrat est signé. Car il y a contrat et il est même encadré par une disposition de la loi ELAN qui définit le contrat de cohabitation intergénérationnelle comme le « contrat par lequel une personne de soixante ans et plus, propriétaire ou locataire, s’engage à louer ou sous-louer une partie de son logement à une personne de moins de trente ans moyennant une contrepartie financière modeste. » (Code de la Construction et de l’habitation CCH: L.631-17). Ce dispositif s’applique à des personnes âgées propriétaires ou locataires de leur bien et même locataires chez un bailleur social.

Du côté de l’offre

Au début est la rencontre de Rachel Lacoutière avec des séniors qui disposent d’une pièce. Elle évalue les lieux, l’autonomie de la personne, son âge. Elle identifie les attentes, les moments de convivialités souhaités, les services, peut-être la présence en début de soirée (parler, manger ensemble) la présence rassurante pendant la nuit (réagir en cas d’appel). Éventuellement le complément de revenu espéré.

Elle visite le logement, la chambre meublée avec le lit, le bureau, le rangement la chaise, la superficie supérieure à 9m2, la salle de bain partagée ou privative. La place disponible dans les rangements et dans le frigo. Oui, il y a des détails. Autant les anticiper.

« A quelle échéance voulez-vous un étudiant ? Un jeune travailleur ?  Une fille, un garçon, qu’importe ?», dit-elle en citant des questions qu’elle pose. À côté des étudiants, de jeunes salarié(e)s cherchent aussi à se loger.

Elle dessine le profil du sénior, qualifie son parcours, cherche les centres d’intérêt, les activités lors des temps libres. Elle cherche à situer ce qui est attendu de la (du) futur(e) colocataire, ses qualités, ses ressorts.

Lorsque le partage est à la demande de sa famille, les aidants,  les besoins demandés sont souvent une présence rassurante régulière, par exemple toutes les nuits de la semaine, sauf peut-être un week-end sur deux. Auquel cas, le loyer peut descendre à 10€/mois. L’engagement demandé aux jeunes gens peut être fort. On citait une présence possible à partir de 19h. Elle ajoute l’appel aux pompiers en cas de problème. « Les jeunes bénéficient d’ailleurs d’une formation aux soins de premiers secours avec la Croix-Rouge, s’ils le souhaitent. »

Du côté de la demande

L’attente du côté jeune est très claire : se loger. Ils se sont inscrits sur le site de l’association. La liste est longue, qui s’en étonne, le problème du logement étant ce qu’il est. La région parisienne est, on le sait, assez inaccessible. Ce qui importe, pour Rachel Lacoutière, est la capacité des candidats à donner en échange, « à s’engager dans cette expérience solidaire ». Elle les reçoit tous sans exception. Le plus souvent vers mai ou juin, pour préparer la rentrée. Janvier est aussi un mois demandé pour le second semestre universitaire. Elle organise d’abord une visio d’une heure pour comprendre globalement la situation familiale, universitaire, professionnelle, les motivations, les expériences précédentes avec des personnes âgées, comment ont-ils connu l’association. Une sorte de standard RH appliqué à la recherche d’un sweet home.

Elle observe, évalue le budget disponible, mais aussi le temps disponible (ils sont liés) et l’envie de rendre des services. Et pour quels types d’engagements : nuit, soirée, convivialité, services comme faire des courses, accompagner en promenade. Comme précisé déjà, elle cherche les centres d’intérêt à croiser si possible avec ceux des logeurs. Leur partage reste encore une excellente raison de cohabitation.

A Bourg-la-Reine, Rachel Lacoutière suit un binôme qui fonctionne bien. Elle a mis ensemble une ancienne archéologue et une étudiante de l’Ecole du Louvre. A Châtenay, c’est la rencontre entre une ancienne professeur d’anglais et un étudiant qui a accompagné l’expatriation de ses parents aux États-Unis.

Le cheminement

Comment ces rencontres se produisent-elles ? « Quand je pense avoir trouvé un binôme, explique Rachel Lacoutière, quand je sens qu’ils sont prêts à aller plus loin, j’organise un rendez-vous auquel je ne participe pas. Si l’issue de la rencontre est positive, on passe à la phase suivante. » C’est progressif, et l’on sent bien à l’écouter qu’elle n’est pas de celles à aller plus vite que la musique. Son objectif est que le courant passe. Que l’entente, la confiance soient réelles. Le reste est dans le contrat. Encadré par la loi, il est là pour ça, pour sécuriser les deux parties. Pour qu’elles se réservent à l’essentiel, s’entraider. Se réserver au solidaire, le bénéfice pour soi dans le souci de l’autre.


Pour en savoir plus

Pour joindre Rachel Lacoutière
 Tel : 0602084655
Mail : r.lacoutiere@ensemble2générations.fr

La cohabitation intergénérationnelle solidaire

L’association Ensemble2générations

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