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Les mondes insoupçonnés de la forêt de Verrières ….

De mars à novembre, l’Office national des forêts, en partenariat avec la Métropole du Grand Paris, organise des tournées forestières en forêts de Meudon, Fausses-Reposes, Verrières et La Malmaison. L’inscription est ouverte à tous.

Ce mercredi matin de juin, en forêt domaniale de Verrières, Elisabeth Guichard, animatrice au service environnement accueil du public de l’ONF accueillait une quinzaine de curieux pour une sortie inhabituelle et dépaysante.

  « Se laisser traverser par la forêt »

Nous sommes au milieu du carrefour de l’Obélisque au cœur du bois de Verrières. Sous une petite pluie fine mais heureusement intermittente, la forestière, dans son uniforme de l’ONF, annonce le programme. Nous n’allons pas traverser la forêt comme un certain nombre d’entre nous s’apprêtait sans doute à le faire, mais plutôt « à nous laisser traverser par la forêt »… Elle invite à oublier nos certitudes d’adulte et à faire l’expérience sensorielle de cet environnement, une expérience qui donne envie d’aller plus loin et de retrouver notre curiosité enfantine. Ce petit topo introductif se termine par un avertissement : pas de découverte de la forêt sans découverte du petit : plus on est petit, plus on est important pour la forêt ! Le discours surprend lorsqu’on est surplombé par un houppier d’arbres aux dimensions respectables…

Le rythme serein de la balade

Après quelques recommandations pratiques en particulier sur les tiques (il est prévu de s’écarter un peu des chemins), le groupe entre lentement en forêt en suivant notre guide, les sens aux aguets. Notre progression est lente, silencieuse, à pas mesurés, attentifs à ce qui nous entoure… Un promeneur de chien nous dépasse un peu interloqué par le comportement de notre groupe et un troglodyte mignon salue notre arrivée de ses trilles joyeuses….

Notre cheminement est ponctué d’arrêt et d’étapes, certaines savamment repérées à l’avance par Elisabeth, d’autres liées à la découverte et aux questionnements des uns et des autres. Nous nous écartons du chemin pour caresser la douceur des feuilles nouvelles de houx, contempler une ponte d’insecte sur une feuille, admirer les effets de la pluie sur une toile d’araignée, découvrir les vertus de la benoite,  se poser au milieu d’un cercle d’arbre en se laissant gagner par l’ambiance. On partage son ressenti (pour ceux qui le souhaitent évidemment…), on cherche des étoiles dans le houppier, écouter le vent, la pluie … Une certaine « zenitude » commence à gagner le groupe !

A la découverte du tout petit…

Une cavité dans un arbre  inspire à notre guide un petit topo sur les dendro-microhabitats : « dendro » vient du grec « dendron » qui signifie arbre et « micro » qui signifie petit. Il s’agit d’un ensemble de structures forestières de petites tailles (cavité, blessure, bois mort dans le houppier, excroissance parasitaire (loupe), ….) qui constituent un lieu de vie pour la faune, la flore et les champignons.  Plus les dendro-microhabitats sont nombreux, plus l’accueil de la biodiversité est important. Ces habitats sont en effet indispensables à des milliers d’organismes car ils servent de substrat et fournissent nourriture, lieu d’alimentation, de reproduction et nichoir pour une grande variété d’espèces vertébrées, invertébrées et de champignons. Nommés « arbre bio », les arbres qui possèdent ce type de micro-habitat font l’objet d’un traitement de préservation particulier et sont identifiés lors des tournées de martelage par un triangle jaune.  

Tout aussi important pour la biodiversité et la santé de la forêt est le bois mort au sol… Pour le prouver, Elisabeth sort de son sac des boites à loupe et nous les distribue. Nous voilà accroupis, notre boite à la main, attendant que notre guide retourne avec précaution un grand morceau de bois mort découvrant un monde caché et bien vivant. Une lithobie, mille-pattes carnassier très rapide, disparait aussitôt, mais malgré notre inexpérience nous arrivons quand même à attraper un coléoptère probablement un carabe, puis une araignée, un cloporte, une larve d’insecte, et même un grillon !  Les boites circulent de main en main et chacun de s’extasier sur la découverte de l’autre. Que les âmes sensibles se rassurent, tout ce petit monde fut remis en liberté à proximité de son habitat et, détail important, le bois mort retourné remis en place. Pas de forêt sans humus et « loca-terres  » !

Quand la forêt vous envahit…

Plus difficiles à observer sont les gros animaux. Mais leurs traces sont visibles pour qui sait regarder.  Elisabeth nous conduit à un dortoir à chevreuil ou ramasse pour nous une jolie plume de pic épeiche… La balade se termine dans une clairière où le sol devenu sablonneux et l’ambiance plus lumineuse sont encore différents. Nous n’avons pas vu le temps passer et pris par l’atmosphère de la forêt, nous avons un peu perdu le sens de l’orientation, faute sans doute de soleil…. Mais se perdre en forêt n’est-ce pas le signe d’une balade réussie ? Nous mesurons la chance d’avoir cet espace à proximité et l’importance de tout faire pour le préserver !

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