C’est le départ des Allemands, sous la pression des armées alliées et de l’insurrection parisienne, qui libère Sceaux de l’occupation. Mais cela ne se passe pas sans quelques drames : une prise d’otages, un porteur de tract exécuté, les difficultés de la lutte clandestine.
La prise d’otages
Vers la mi-août, une unité allemande venant du front de Normandie s’installe à Sceaux, apparemment pour quelques jours de repos. Elle occupe le Castel de Bellechasse (aujourd’hui Clinique FSEF, 30 avenue Franklin Roosevelt). Le 19 août, deux feldgendarmes armés de mitraillettes font irruption dans la mairie pour prendre des otages qu’ils conduisent au Castel. Là, raconte Fernand Huet, un des otages, ils les enferment « dans une chambre mansardée du petit pavillon de gauche ; pour seuls meubles, une table et deux bancs de bois. Les volets de la fenêtre sont solidement fermés et seule une petite fente permet de voir ce qui se passe dans la cour. »
Le nombre d’otages va varier quelque peu : un adjoint âgé est renvoyé dans ses foyers, deux jeunes voisins sont pris à leur tour. Le maire est lui aussi enfermé un moment. Le curé s’offre à prendre la place d’un otage, en vain. Finalement, ils vont rester à 6 jusqu’au départ des Allemands le 22 au matin. Plus de peur que de mal finalement. Mais on imagine l’angoisse des otages et de leurs proches.
Pourquoi cette prise d’otages ? Les Scéens pensent qu’il s’agit de venger un incident quelconque avec la Résistance. Après coup, il semble que les Allemands aient agi pour avoir le calme pendant leur court séjour.
Exécution d’un porteur de tract
Si les otages sont finalement libérés, le jeune Paul Couderc n’aura pas cette chance. Appréhendé par les Allemands le 21 août en possession d’un paquet de tracts de la Résistance, il est fusillé le lendemain. Un mémorial est installé au bout de la rue qui porte aujourd’hui son nom (voir photo en tête d’article) .
Une autre rue porte le nom de Michel Voisin, organisateur de réseaux de résistance, arrêté le 9 juin 1944 puis envoyé à Buchenwald. Libéré en 1945 avec le camp, il périt 5 semaines après son retour d’une maladie contractée là-bas.
La lutte clandestine
Plusieurs Scéens participent activement à la lutte clandestine. C’est le cas d’un jeune habitant du lotissement du parc de Sceaux qui l’a expliqué longuement lors d’une conférence en 2004. Avec son père, il a agi de plusieurs manières : distribution des journaux de la Résistance, sauvetage d’aviateurs alliés, réalisation de faux papiers.
Certains perdent la vie dans ce combat clandestin. Il cite : « Monsieur Cerf de Maulny demeurant alors 16 avenue Arouet qui sera arrêté au petit matin par la Gestapo et dont le sort demeurera ignoré, le jeune Richard qui sera fusillé dans les jours précédant la Libération, Michel Voisin et Paul Couderc dont deux rues honorent à Sceaux la mémoire. »
Les échos de l’arrivée des Alliés
Le même, habitant à la limite de Bourg-la-Reine, évoque dans son témoignage les combats de la 2e DB dans la D920. A la fin de ces combats, les habitants de Sceaux savent qu’ils sont vraiment libres.
Les sources
Sceaux Mag de septembre 1994 livre le témoignage d’un des otages, celui de Fernand Huet, secrétaire général honoraire de la Ville de Sceaux, jeune agent communal au moment des faits.
4 lycéennes ont réalisé en 2009-2010 un TPE (travail personnel encadré) sur Sceaux pendant la Seconde Guerre. La partie sur la Libération reprend le témoignage cité par Sceaux Mag. Le reste des 48 pages donne de nombreuses informations sur toute la période de la guerre.
Paul Laroche de Roussane témoigne de ce qu’il a vécu comme résistant puis au moment de la Libération. Il habite avenue de Poitou, une rue qui relie l’avenue de Touraine à la D920. Il a donc entendu les combats du 24 août sur cette D920 puis le passage de la division Leclerc le lendemain. Un témoignage très riche.
Le site La libération de Paris contient des pages sur la circulation de l’information par téléphone. Sceaux est cité assez régulièrement : il y a donc un correspondant à Sceaux qui informe de ce qui s’y passe. Par exemple, à propos des otages et de Paul Couderc.
Une page Wikipedia est consacrée à Michel Voisin.