«Rien de tout ça n’est réel ? Qu’est-ce que le réel ? Quelle est la définition du réel ? Si tu veux parler de ce que tu peux toucher, de ce que tu peux écouter, de ce que tu peux voir et sentir, alors le réel n’est seulement qu’un signal électrique interprété par ton cerveau.» Pourtant ce soir ce concours me paraît bien réel et vous aussi cher auditoire. Vous voir face à moi, les yeux rivés sur mes gestes, les oreilles discrètes, attentives à la moindre diphtongue farfelue, initie chez moi une synesthésie ardente et toute puissante qu’il m’est difficile de maîtriser. Vous êtes bien là, tous différents, des grands des plus petits des yeux marron des bleus des verts des cheveux longs courts noir blanc châtain … Alors que le parfum en mille saveurs du moment présent envahit mes narines, voilà que le réel me rattrape bien vite. Malgré cette ambiance de folklorique si vivante à qui règne dans cet amphithéâtre, je me dois de vous affirmer ce soir : La vraie vie est ailleurs. Cette vie gaillarde qui en fait saliver plus d’un elle fait valser vos jambes, tanguer votre buste et chavirer vos pensées dans une mer déchaînée de sensations. Cette vie amoureuse passée maîtresse dans l’art de la séduction. Tel le cheval de Troie, ce cadeau de dame nature s’infiltre dans votre carcasse pour l’animer d’un sentiment profond, inexplicable, mais plus que désirable. Cette vie audacieuse qui n’a plus peur de rien. Rien n’est à craindre tout est à comprendre, et cela elle a bien compris. Enfin me revoilà sur le sujet de la semaine dernière. Vous me pardonnerez cette erreur, Christophe Colomb est un génie de s’être trompé de quelques 11000 km alors effectivement j’ai tendance à me hasarder sur cette voie périlleuse. Lui et l’ensemble de l’équipage du Santa Maria étaient ailleurs. Ailleurs, bien moins de toute considération philosophique, à la recherche de l’épice mystérieuse. Ailleurs, le monde tel qu’ils le connaissaient ne leur offrait que de l’eau à perte de vue, puis effectivement quelques indigènes, je vous l’accorde. Ailleurs, perdu dans un univers qui le dépassait. Ils étaient bien vivants. Et ce soir les mots nous feront vivre, titillant notre ego, notre intellect, réveillant notre curiosité bien humaine.
Source : Mathieu Mireau