Entre Sceaux et l’Auvergne, c’est quelque chose comme 4 heures. Évidemment, la durée exacte dépend de la destination exacte, mais on a l’ordre de grandeur. Au bout de la route, que se passe-t-il? Clermont-Ferrand, bien sûr, avec l’impressionnante usine Michelin à l’entrée de la ville. Et le souvenir de trois gloires locales: Vercingétorix qu’on ne présente plus et qui donna du fil à retordre au puissant César; Blaise Pascal qu’on ne présente guère plus depuis qu’on lui a attribué d’avoir fait exploser un tonneau à l’aide d’une pipette aussi fine que haute; Desaix en revanche a moins marqué les esprits, excepté ceux des érudits. La campagne d’Égypte, il en était, la campagne d’Italie aussi, à Marengo il en était encore, mais il y a laissé sa peau.
Les trois figures emblématiques de la ville sont honorées sur la place de Jaude, lieu combien central, achalandé et très large de la ville. C’est grand. Tout y converge, on s’y rassemble, on s’y approvisionne. On s’y sustente et tout autour, sans surprise, nombreux sont les restaurants.
Les connaisseurs y verront de la naïveté, toujours est-il que la découverte de la truffade, quand elle est faite en amateur, s’accompagne de lourdeurs d’estomac. Car le plat est excellent. Ce sont des petites pommes de terre bien fermes d’abord sautées puis passées au four avec la tomme de cantal. Au moment de servir, la patate est prise sous une coulée de fromage. On se laisse prendre facilement par l’harmonie des saveurs. Si la quantité est adaptée à son microbiote intestinal, l’expérience est magnifique. Si la limite est dépassée, c’est pesant, très pesant. La patronne du restaurant à qui je confiais mon embarras gastrique m’expliqua que la tradition laborieuse des Auvergnats les avait conduits à se nourrir sans chichi pour produire la force qu’imposait leur travail. Ils étaient, ils sont durs à la tâche. L’énergie est indispensable, la bonne, sans C02, celle du Cantal qui n’est pas loin. Mais la cuisine d’Auvergne ne se résume pas à la truffade. La suite du périple le montrera.
Avant de poursuivre sur le sujet, songeons un instant à la place prise par Montferrand, c’est-à-dire Clermont, sur le rugby français, à la compétition déjà ancienne avec Toulouse et aux statures impressionnantes d’Aurélien Rougerie ou Benjamin Kayser. Une personne rencontrée par hasard au zinc d’un café du centre m’a expliqué la raison pour laquelle on parle de l’Association sportive monferrandaise et non clermontoise, sachant que Monferrand n’est qu’un quartier de Clermont-Ferrand. À voix basse pour ne pas ébruiter le secret, il m’a dit que le sigle de l’ASM venait de Association Sportive Michelin. Comme le nom de l’entreprise ne pouvait être conservé pour des raisons réglementaires, Montferrand s’est imposé pour remplacer le nom du sponsor initial. Il voulait dire, je crois, que conserver le M, était une clin d’œil aux origines.
Et puis il y a cette pierre volcanique, cette lave noire qui a fait les maisons, les édifices, les églises. On peut voir cette obscurité comme une tristesse. Et il est vrai que les bâtiments ont une figure austère. Mais elle fait aussi penser à Julien Clerc et à ses volcans devenus vieux qui font au cœur battre la chamade.
A suivre….