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Empêcher de voler

Le site de Novethic,la filiale de la Caisse des dépôts qui diffuse la culture du « durable » auprès des acteurs financiers, informe sur la proposition de loi déposée par deux députés, M. Ruffin et Mme Batho. Le but est d’empêcher de prendre l’avion plus que de raison, la raison étant définie par eux. L’argument repose sur le fait que la taxe ne paie plus et qu’il s’agit désormais d’empêcher de prendre l’avion. Pour cela ils définissent un quota auquel les personnes auront droit. Pour commencer, ils visent les voyageurs à titre personnel, réservant sans doute à plus tard la répression des trajets professionnels.

Les deux députés sont partisans des mesures radicales. La justification est simple : réduire l’empreinte carbone. C’est incontestable et incontesté (sauf par quelques trumpiens ou bolsonaristes). La bonne raison est-elle la raison de tout. N’eût-il pas été raisonnable de s’expliquer d’abord auprès des salariés des entreprises de l’aéronautique? Celle-ci est menacée de toutes parts et ceux qui vont se retrouver sur le carreau auraient pu être entendus.

Europe: de gros investissements sur l’hydrogène

D’autant que la crise qui secoue l’industrie est une crise de transition et non d’obsolescence. L’avion vert est attendu. Il verra le jour, nul ne sait quand, mais à un horizon qui rend crédible d’avoir à patienter sans tuer la capacité du pays. Le transport aérien n’est pas polluant par nature. La propulsion évoluera, elle évolue déjà. Des recherches sont en cours au niveau mondial. La Communauté européenne en a fait un projet majeur.[1]

Condamner les compagnies aériennes, c’est condamner l’industrie aéronautique dont elles sont clientes. C’est découpler les mesures écologiques à prendre des questions sociales qu’elles soulèvent et faire peu de cas des lendemains qui angoissent bien des villes. L’on peut se demander comment nos députés réagiraient si les salariés de ladite industrie manifestaient leur colère.

Car cela n’est pas sans rappeler l’épisode « gilets jaunes », sous un certain aspect du moins. L’élément déclencheur fut l’augmentation d’une taxe sur les carburants censée amener les automobilistes à moins utiliser leur voiture. Le même souci de diminution du C02. Et aucun, vraiment aucun soutien des pourfendeurs du gazoil au moment où ça a chauffé.


[1] Disponible en anglais seulement.

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