Les deux scrutins d’hier se sont traduits à Sceaux par des taux d’abstention du même ordre de grandeur qu’au niveau national proche des 2/3. La ville n’a pas dérogé à la tendance que suivent les élections départementales ou régionales, à savoir une progression de l’abstention depuis une vingtaine d’années. Les seconds tours des deux dernières élections régionales (2010 et 2015) comme des départementales (2011 et 2015) avaient oscillé entre 50 % et près de 56 % d’abstention.
Des résultats en ligne avec les tendances nationales
Le scrutin départemental d’hier qui concernait Châtenay-Malabry, Le Plessis-Robinson et Sceaux a donné les résultats suivants :
Le taux d’abstention empêche le binôme Léandri-Siffredi d’être élu au premier tour. Remarquons qu’ils font environ 60% à Châtenay et au Plessis où ils sont élus et bien implantés et 40% à Sceaux où ils le sont moins. Le binôme Dessanges-Pomeau réalise 9 points de plus à Sceaux où Jean-Christophe Dessanges a mené la campagne des municipales l’année dernière.
On retrouve localement l’analyse faite par la plupart des commentateurs qui parlent de prime aux sortants. Comment s’en étonner dans une situation où les enjeux comme les personnes sont en général peu connus.
Si les résultats du binôme Rassemblement national ne changent guère entre Sceaux et le canton, indiquant par là une certaine homogénéité politique, ceux des écologistes varient assez sensiblement avec 9 points d’écarts entre Le Plessis (19,88%) et Sceaux (28,38%), ce qui traduit peut-être des rapports différents à la ville.
Pour mettre ceci en perspective, rappelons que lors des élections précédentes de 2015, au niveau du canton, le taux de participation avait été 50,32%, soit 12 points de plus qu’hier avec :
- Nathalie Léandri et Georges Siffredi (Union de la Droite) : 57,23%
- Sylvie Delaune et Richard Vidalenc (Union de la Gauche) : 22,47%
- Marc Duret et Thérèse Moiteaux : (Front National) : 12,22%
- Geneviève Colomer et Christophe Leroy : (Front de Gauche) : 8,09%
Si l’on fait l’hypothèse que les candidats écologistes de 2021 ont rassemblé l’ensemble des voix de gauche de 2015, on obtient un certain tassement avec 23,82% contre 30,56% en 2015. On peut y voir une double cause : un électorat populaire plus enclin à l’abstention comme celui du Rassemblement national ; un transfert de l’électorat de centre gauche qui soutient LREM vers le binôme Jean-Christophe Dessanges et Elvire Pomeau. Cette liste qui n’a aucun antécédent, avec 23% à Sceaux et 14% sur le canton, semble connaître un début d’ancrage local. A suivre.
Les élections régionales confirment l’image modérée, ou disons centriste, qu’on associe souvent à la ville. Valérie Pécresse (Libres !) y obtient 6 points de mieux qu’au niveau de la région, Laurent Saint-Martin (LREM) 5 points, tandis que le Rassemblement national y baisse de 5 points et la France Insoumise de 4. Côté écologistes, Julien Bayou (EELV et Génération.s) fait un peu plus et Victor Pailhac (Oser l’écologie), pas de différence notable. Les résultats complets sont sur le site du ministère de l’Intérieur.
Explications
On a tout dit des résultats, à commencer par l’abstention. Les esprits sont ailleurs : covid, manque de visibilité sur les rôles des institutions. Brice Laemle, dans le Monde du 13 juin 2021, parlait, à propos des régionales, « d’un scrutin qui n’est ni complètement un scrutin de proximité ni complètement un scrutin national. ». Et il citait Brice Teinturier, directeur général délégué de l’institut de sondages Ipsos, pour qui les sujets de la compétence des régions ou des départements (transports, aides sociales, collèges et lycées, développement économique) ne sont pas au centre des débats. « Ce sont plutôt les sujets régaliens, comme la sécurité, qui dominent l’espace politique et médiatique ».
L’abstention est aussi associée à une sorte de désillusion politique, ou plus encore à la bienséante tendance à l’afficher. Anne Muxel, directrice de recherche au Cevipof, est citée dans l’article du Monde : « L’abstention marque une distance à l’égard du système politique. Mais elle peut aussi être utilisée comme une réponse politique à part entière, exprimer un message de mécontentement envers les gouvernants. Et s’il y a un vote sanction, il peut aussi y avoir une abstention sanction ». L’abstention envoie-t-elle un signal aussi clair ? Une sanction de quoi au juste ? A cet égard, l’abstention présente un avantage : on peut lui prêter toutes les motivations voulues. C’est comme un silence, on peut y entendre indifférence ou refus. Et quel en serait le lien avec le désintérêt dénoté par plusieurs spécialistes de sciences politiques ? Sanctionne-t-on ce qui ne nous concerne pas ou peu ? Comment ne pas penser que l’empilement de couches administratives aux responsabilités difficiles à situer produit inévitablement une insensibilité aux enjeux.
On ne peut à la fois blâmer les lourdeurs du millefeuille français et s’étonner qu’il produise une désaffection lorsque vient le moment d’élire.
Merci de souligner une possible ambiguïté. Elle était involontaire car l’abstention n’y est certainement pas sollicitée. Le but était de la rapporter aux niveaux de scrutin (départemental et régional) avec, en tête, l’idée qu’il ne faut pas extrapoler aux élections à venir. Votre commentaire nous permet de réaffirmer qu’on a toujours raison d’aller voter.
Je lis un plaidoyer pour l’abstention. Est-ce l’intention de LGDS ?