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Balade thermique à la Cité Henri Sellier

Ce lundi 7 mars, l’association Z.E.N.2050 Maintenant organisait une nouvelle balade avec la même méthode que précédemment : visite de deux pavillons avec une caméra thermique, renvoi de l’image de la caméra sur les téléphones des participants.

La journée avait été particulièrement ensoleillée, mais la température approchait les 0° en ce début de soirée. Le rayonnement infrarouge révélait à quel point les pierres des murs orientées au sud avaient emmagasiné de chaleur.

Les discussions pendant et après la balade ont été l’occasion de réflexion sur les stratégies d’isolation. Si l’on s’en tient à l’objectif affiché par l’association organisatrice (se mettre en route dès maintenant pour arriver à la neutralité des émissions de gaz à effet de serre en 2050), il s’agit de diviser par au moins 4 les émissions liées au logement, par l’efficacité énergétique (l’isolation et la programmation du chauffage selon les heures), la sobriété (baisser un peu la température visée dans le logement) et la substitution (géothermie, pompe à chaleur etc.).

Pour obtenir un résultat suffisant par des travaux d’isolation, divers travaux ont montré qu’on ne pouvait se contenter d’une seule action (par exemple changer les fenêtres) et qu’il fallait au contraire plusieurs actions et même, dans l’idéal, agir sur toutes les sources de fuites. Le problème est que cela représente rapidement des sommes importantes, difficiles à réunir pour beaucoup de ménages (lesquels ont par ailleurs d’autres projets de dépenses !).

Une solution raisonnable serait alors de réaliser les travaux par étapes successives (tous les deux ou trois ans par exemple). C’est ce qui a été fait dans l‘exemple rapporté ici. Mais avec une condition indispensable : concevoir un programme global dès le départ et réaliser les premiers travaux de manière à ce que les suivants se déroulent correctement et que les questions d’interfaces soient bien anticipées.

Une telle solution présente un risque : que les propriétaires réalisent d’abord les travaux les plus rentables et jamais les autres. Prenons un exemple. Imaginons qu’une analyse montre que l’on peut réduire de 80 % la consommation d’un pavillon, gros consommateur d’énergie, grâce à 5 actions:

  • Action A : gain 25%, coût 15 000 €
  • Action B :  gain 10 %, coût 2 000 €
  • Action C :  gain 15 %, coût 25 000 €
  • Action D : gain 20 %, coût 30 000 €
  • Action E : gain 10 %, coût 8 000 €

Le budget total est de 80 000 €, ce qui est beaucoup. Le gain attendu, de 4000 € par an, donne un retour sur investissement en 20 ans (plus faible s’il y a des aides).

Le propriétaire peut choisir de ne réaliser que les actions au meilleur rapport gain/coût, en l’occurrence les actions A, B et E. Pour un coût de 25 000 €, il diminue les pertes de 45 % et son gain annuel est de 2250 €, ce qui fait un retour sur investissement en 11 ans, beaucoup plus attrayant.

Les travaux non réalisés (C et D) représentent un coût de 55 000 € pour ne diminuer les pertes que de 35 %, avec un gain de 1750 € et un retour sur investissement de 32 ans : il y a un risque important qu’ils ne soient jamais faits.

La tentation est donc grande, pour les promoteurs d’une isolation poussée, d’inciter à une solution globale immédiate. Avec le risque que les propriétaires prennent peur et ne fassent rien !

A mon sens, il vaut mieux étaler les actions (en ayant pensé global au début) que les faire toutes à moindre coût.

Prenons un exemple : la réfection du toit. Si on la fait à moindre coût pour pouvoir payer aussi le changement de fenêtres (avec une seule couche d’isolation ou avec une épaisseur limitée), on ne reviendra jamais dessus, car refaire les travaux deux fois coûte très cher. Il est préférable de bien faire cette isolation, quitte à reporter le changement de fenêtres.

Reprenons par ailleurs notre exemple chiffré. Il est tout à fait possible que le prix des énergies fossiles augmente sensiblement d’ici dix ans, avec la fin des gisements les plus faciles d’accès et la mise en place progressive d’une taxe carbone importante.  Les travaux non rentables aujourd’hui pourront très bien le devenir demain. A condition qu’on ait anticipé leur réalisation.

Post-scriptum : Z.E.N.2050 Maintenant organise une réunion de présentation de ses activités (il n’y a pas que les balades thermiques !) le 21 mars à 19H 30, à l’ancienne mairie.

  1. Jacqueline Jacqueline 25 février 2023

    Tout cela est très irréaliste, hélas. Les retraités, de plus en plus nombreux et avec des revenus réduits et des taxes qui explosent surtout à Sceaux, n’ont guère les moyens de dépenser 15 000 , puis 20 000 €, puis…, puis… pour faire des économies d’énergie qui ne seront rentabilisées qu’au bout de 10, 15, 20 ans. Alors qu’ils seront probablement morts ou partis en maison de retraite avant. Quant aux jeunes, c’est trop cher pour eux aussi car ils doivent rembourser leurs emprunts immobiliers.
    Enfin, on peut toujours rêver et proposer.

    • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 25 février 2023

      Les montants cités ne prennent pas en compte les aides, ce qui peut rendre l’investissement plus attrayant

      Mais oui, le coût peut être important, et c’est un frein notable

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